PARIS/BERLIN (Reuters) – Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot et son homologue allemande Annalena Baerbock ont appelé vendredi à forger une nouvelle relation avec la Syrie et ont appelé à une transition pacifique du pouvoir lors d’une visite conjointe dans le pays au nom de l’Union européenne. (UE).
Les deux diplomates sont les premiers ministres des États membres de l’UE à se rendre en Syrie depuis que les rebelles ont pris le contrôle de Damas le 8 décembre, obligeant le président Bachar al Assad à chercher refuge en Russie après plus de 13 ans de guerre civile.
Ils ont rencontré le nouveau dirigeant syrien de facto, Ahmed al Charaa, à Damas. Pour l’instant, aucun détail de cette réunion n’a été rendu public.
La visite des deux ministres des Affaires étrangères vise à adresser un message prudent d’ouverture aux rebelles Hayat Tahrir al Sham (HTC) qui ont pris le pouvoir.
Le mouvement auparavant appelé Front Nosra, l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, est dirigé par Ahmed al Charaa, également connu sous le nom d’Abou Mohammed al Joulani, son nom de combattant jihadiste.
Annalena Baerbock a déclaré qu’elle se rendait en Syrie avec une « main tendue » et des « attentes claires » à l’égard des nouveaux dirigeants, qui, selon elle, seront jugés sur leurs actions.
“Nous savons d’où vient HTC sur le plan idéologique, ce qu’il a fait dans le passé”, a-t-elle déclaré.
“Mais nous entendons et voyons aussi une volonté de modération et de compréhension avec d’autres acteurs importants”, a-t-elle ajouté, citant des discussions avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) kurdes, alliées des États-Unis.
« TRANSITION PACIFIQUE »
« En Syrie, nous voulons promouvoir une transition pacifique et exigeante au service des Syriens et pour la stabilité régionale », a déclaré Jean-Noël Barrot sur le réseau social X.
Avant sa rencontre avec Ahmed Hussein al Charaa, le ministre a visité les locaux de l’ambassade de France à Damas, fermés depuis 2012, a-t-on appris de source diplomatique française.
“Il a rencontré et salué le travail du personnel syrien qui veillait sur nos atouts diplomatiques”, a indiqué la source, ajoutant que le ministre a réaffirmé la nécessité de travailler à la réouverture de la représentation diplomatique en fonction de l’évolution des conditions. politique et sécuritaire.
“La France préparera, de manière progressive et conditionnée, les modalités de son retour en Syrie”, a également indiqué la source.
Le ministre s’est également entretenu avec des représentants religieux syriens, selon une source diplomatique, ainsi qu’avec le général Mazloum, commandant kurde des FDS, rapporte le Quai d’Orsay.
Jean-Noël Barrot et Annalena Baerbock se sont également rendus à la prison de Saidnaya, près de la capitale syrienne, symbole des pires exactions du régime de Bachar al Assad.
Face à « l’enfer de concentration » de cette prison, « il n’y aura pas de réconciliation sans justice », a déclaré le ministre français à la presse.
(Écrit par Camille Raynaud, Claude Chendjou et Blandine Hénault, édité par Zhifan Liu, avec les contributions d’Elizabeth Pineau, Dominique Vidalon et John Irish à Paris, Miranda Murray à Berlin)
