CV : La vie d’Almut et Tobias est changée à jamais lorsqu’une rencontre accidentelle les réunit.
Critique : Il est en plein divorce et elle se sépare de son compagnon qui aimerait fonder une famille avec elle. Bref, voilà deux personnes qui ont tout ensemble, jusqu’à ce stupide accident qui cause leur sort aux urgences d’un hôpital. Racontée ainsi de manière basique, cette comédie sentimentale pourrait laisser croire que les écrans français sont encore inondés de produits un peu idiots qui ne resteront en salles que quelques semaines. Or, L’amour au présent recèle dans sa structure narrative tout un miracle de sensibilité et de douceur, mettant l’une face à l’autre, une jeune chef aussi passionnée que déterminée ; et un beau mec, incroyablement gentil. Mais la maladie s’immisce vite dans cette romance, emportant l’histoire dans un tourbillon de douceur et de jolis sentiments.
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En fait, la force du long-métrage reste sa construction narrative. Le scénario choisit de mélanger les temporalités, des allers-retours entre le passé et le présent supposés des deux héros jusqu’à ce que cette fin que l’on connaît en réalité, dès les premières séquences, soit hantée par la perte. L’histoire est construite comme une sorte de succession d’instants présents, qui inspirent également le titre anglais du film, qui sont autant de vignettes du passé que le déroulement de leur histoire d’amour. Le jeu des acteurs, les dialogues et la manière de filmer privilégient un esprit sage et mesuré, préservé de toute tentative mélodramatique qui alourdirait un sujet déjà sérieux.
Andrew Garfield et Florence Pugh incarnent ces deux héros anglais avec une grande agilité. Le personnage masculin brille par sa sensibilité, et son dévouement au bien-être de sa partenaire, au détriment de lui-même. Ce portrait masculin fait beaucoup de bien à une époque où les médias pourraient réduire les hommes à de vils êtres égoïstes, dévorés par leurs seuls désirs sexuels auxquels les femmes n’auraient qu’à se soumettre. Almut est une femme libre et combattante qui choisit le bonheur sans jamais se compromettre, au risque de perdre les gens qu’elle aime. Ils incarnent un couple moderne et romantique, qui recompose les formes traditionnelles des amoureux au cinéma.
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L’amour au présent n’est donc jamais mièvre. La détermination de Tobias à aimer sa partenaire telle qu’elle est, tout simplement, est magnifique dans un contexte où les frontières entre masculin et féminin s’estompent peu à peu. Par ailleurs, Almut incarne un métier habituellement réservé aux hommes, où Tobias vit de ses charmes pour une entreprise de confiserie. John Crowley s’amuse à mélanger les genres, les époques et les positions identitaires de chacun, dans une histoire qui, à l’approche de la fin, prend de plus en plus de profondeur.
Une mention spéciale doit être faite pour la bande sonore. La chanson principale accompagne ce couple fragile et puissant avec une grande poésie. Nous voyageons avec eux dans une Angleterre qui aime brouiller les lignes. L’histoire est passionnante, touchante, et constitue une invitation sincère à passer un après-midi nuageux et humide dans le confort d’un cinéma.
