Les chiffres ne mentent pas. La saison 2024/2025 est un véritable fiasco pour les deux clubs casablancais. Le WAC accuse un retard de 15 longueurs sur le leader de la Botola, la RSB, tandis que le Raja accuse un déficit de 16 points.
Coincés dans le ventre mou du classement, les deux clubs doivent renforcer leurs effectifs respectifs, améliorer leurs performances sur le terrain et surtout convaincre leurs supporters, saisis par la peur à l’idée d’une saison blanche se terminant prématurément. Tout cela, alors que les perspectives économiques, notamment du côté du Raja, ne sont pas positives.
Les Wydadis voient rouge
C’était un véritable SOS lancé ce lundi par les ultras, ex-joueurs et membres du Wydad. Tous ont exprimé via des communiqués détaillés leur inquiétude quant à la gouvernance du club, avec des critiques visibles concernant deux éléments bien précis : le projet sportif et la communication du Président.
Sous le feu des critiques, pour la première fois depuis son arrivée à la tête du club, les choix d’Hicham Ait Menna sont évoqués sans complaisance. La crainte des supporters est justifiée, puisque les Rouge et Blanc ont amassé 24 points en 16 matches de championnat, soit un point de moins que la saison dernière sous la houlette d’Adil Ramzy.
Côté jeu, Mokwena peine à imposer ses choix techniques et tactiques. Il est vrai que son idéologie est aux antipodes de l’ADN du club. L’état d’alerte est donc à son paroxysme, à cinq mois du Mondial des clubs.
Une compétition où il faudra être performant, puisque les Reds ont hérité d’un groupe qui comprend deux superproductions du football européen, comme Man City et la Juve, ainsi qu’Al Ain des Emirats.
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En substance, l’état de grâce est terminé pour l’hyper-président du WAC, appelé à plus de modération dans ses sorties médiatiques, et à un mercato plus ciblé pour renforcer une équipe, qui a fait table rase de son passé récent.
La lourde défaite devant le MAS à domicile a exacerbé ce constat et poussé adhérents, gloires et ultras à monter au créneau. Hicham Ait Menna va-t-il adopter une attitude gaullienne et envoyer le fameux « je te comprends » ? S’entêtera-t-il dans un exercice du pouvoir solitaire et à double tranchant, comme son prédécesseur ? L’avenir nous éclairera sur le chemin que prendra le patron du Wydad.
Les Rajaouis, verts de rage
Dans la maison d’en face, la crise a un air de déjà-vu. A Raja, les mots tempête, ouragan, typhon, voire tsunami font partie des prévisions météorologiques quotidiennes. Ce vocabulaire fait en tout cas partie de la terminologie depuis 2013. Cette fois, la tempête pourrait emporter la présidente Hala.
Ce dernier est accusé d’avoir dilapidé l’héritage sportif d’une saison sportive 2023/2024 immaculée. Ses choix d’entraîneurs ont été jusqu’ici catastrophiques, ses recrutements ne sont pas à la hauteur des ambitions des supporters, tandis que sa gestion au quotidien ne répond pas, selon la vox populi, au standing d’un club historique.
Dans le détail, le Raja a déjà fait appel à deux entraîneurs principaux et un intérimaire. La quête d’un nouveau skipper s’avère pour l’instant aléatoire, notamment avec le bug Gamondi.
Les contrats proposés à ces entraîneurs, suivis de licenciements pour résultats insuffisants, risquent d’altérer encore davantage des finances qui se seraient bien passées sans eux. Le mercato des joueurs n’a pas non plus été à la hauteur, avec des individus qui ne se sont pas adaptés au contexte local, ou du moins pas assez vite.
La gestion du dossier Bouzouk, l’ostracisation de Zniti ou encore les déclarations choquantes de Bellaamri sont les symptômes les plus évidents du malaise ambiant. Car à la lecture de tous ces éléments, la crise de confiance entre les joueurs et leur président saute aux yeux. Les membres, censés être les gardiens du temple, auront, comme d’habitude, le dernier mot pour décider de la marche à suivre dans l’immédiat.
Si l’on s’appuie sur la jurisprudence de ces dernières années, elle exigera la tenue d’une AGE élective ou penchera vers une commission provisoire. Les noms des anciens présidents Ziyat et Hasbane, ainsi que celui de l’actuelle directrice marketing Wafa Lemsioui, sont évoqués pour assurer la succession. Mais tout dépend d’une réunion décisive, prévue ce vendredi avec les adhérents.
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Jamais le WAC et le Raja n’ont connu, simultanément, une situation aussi morose, sportivement et financièrement parlant. Leur situation contraste avec celle de leurs rivaux, comme la RSB et l’AS FAR.
C’est même alarmant si l’on devait le comparer à celui de l’Espérance de Tunis, qui fera ses débuts en Bourse dans les prochains jours, et qui va ainsi renforcer son positionnement sur les plans sportif et financier.
Un paradoxe si l’on se fie à la situation économique de la Tunisie. Mais Hope préfère l’attitude de la fourmi de la fable de Jean de la Fontaine. A Casablanca, ce sont plutôt les cigales qui se font entendre.
L’hiver 2025 est certes maussade et les avis de tempête ne font que faire craindre le pire aux amoureux des deux institutions casablancaises.
Par Amine Birouk
02/01/2025 à 16h54