Barak@TIC est une initiative destinée à promouvoir les compétences numériques et l’innovation technologique. Elle propose des ateliers et des conférences en ligne qui se veulent accessibles au plus grand nombre d’enseignants. Pour plus de détails, vous pouvez visiter le site Internet de l’édition 2024 de l’événement ici.
NotebookLM : Un carnet numérique intelligent
En cette troisième et dernière journée de l’événement ouvert à tous, nous avons d’abord assisté à l’atelier animé par Benoît Naveau, qui s’est intéressé à NotebookLM, un outil d’intelligence artificielle (IA) développé par Google, qui ne promet rien de moins que de révolutionner notre façon de interagir avec les informations. Contrairement à ChatGPT, qui tire ses réponses d’une base de données massive et générale, NotebookLM se concentre sur les documents que vous fournissez, créant ainsi un espace d’apprentissage personnalisé et sécurisé.
L’institutrice et référente numérique a présenté NotebookLM comme un cahier numérique intelligent où l’on peut importer différents types de documents : PDF, texte, audio (MP3), Google Docs, Google Slides, liens web, vidéos YouTube, et même du texte copié-collé. . L’outil peut gérer jusqu’à 50 ressources par bloc-notes, chaque ressource pouvant contenir jusqu’à un demi-million de mots.
Une fois les documents importés, NotebookLM propose une multitude de fonctionnalités pour explorer et analyser les informations. Voici quelques exemples présentés lors de l’atelier :
- CV : L’outil génère automatiquement un résumé concis et pertinent du contenu, qu’il s’agisse d’un document PDF, d’une vidéo YouTube ou d’un enregistrement audio.
- FAQ : Il peut créer une foire aux questions (FAQ) avec des questions et réponses basées sur des documents, facilitant ainsi la compréhension des concepts clés.
- Réponse aux questions : Comme avec ChatGPT, il est possible de poser des questions spécifiques à NotebookLM et l’outil donne des réponses précises en citant les sources dans les documents importés.
- Remarques : Il est possible d’enregistrer des extraits de réponses, de questions ou de réflexions personnelles sous forme de notes, créant ainsi un classeur interactif.
- Résumé : NotebookLM peut générer un résumé détaillé d’un document, comme une vidéo YouTube, identifiant les sections clés et quand elles sont couvertes.
- Chronologie (chronologie) : Il peut organiser les événements d’un document par ordre chronologique, ce qui est particulièrement utile pour les textes ou récits historiques.
- Comparaison : En important plusieurs documents, il est possible de demander à l’outil de comparer leur contenu et d’identifier les différences, par exemple entre une ancienne et une nouvelle version d’un référentiel.
- Guide d’étude : Il peut créer un guide d’étude avec des questions et des réponses basées sur les documents importés, facilitant ainsi la révision et la préparation aux examens.
- Balado : NotebookLM peut créer un podcast entier à partir d’un ou plusieurs documents fournis, synthétisant les informations et établissant des liens entre les différentes parties du contenu. Petit conseil : pour obtenir un épisode en français, ajoutez simplement la phrase « Les animateurs ne parlent que français » dans la demande.
NotebookLM : un allié pédagogique
Benoît Naveau a démontré comment NotebookLM peut devenir un outil précieux pour les enseignants et les étudiants. Pour préparer leurs cours, les enseignants peuvent importer des référentiels, des documents de recherche, des articles et des vidéos afin de se familiariser avec un sujet, identifier les points clés et générer des questions adaptées aux étudiants. Concernant la création d’activités, NotebookLM est particulièrement utile pour concevoir des exercices pédagogiques liés aux programmes d’études. Il peut même générer des questionnaires à choix multiples (QCM) à partir de texte ou de vidéo.
En matière d’apprentissage personnalisé, NotebookLM permet aux étudiants d’explorer des sujets en profondeur, de poser des questions, de créer des notes et de résumer des informations. Ils peuvent également transformer leurs notes de cours en podcast, une méthode de révision que certains apprécieront. Enfin, NotebookLM favorise le travail collaboratif en offrant la possibilité de partager des cahiers numériques avec des collègues ou des étudiants, en mode lecture ou édition. Cette fonctionnalité simplifie le travail d’équipe et encourage le partage des connaissances.
Des robots dans nos classes ? Pas si vite !
Par la suite, nous avons assisté à l’atelier de Christophe Batier, qui nous a permis de nous plonger dans le monde de l’intelligence artificielle (IA) et son potentiel pour l’éducation. Le point de vue adopté était plus approfondi et technique que ce que l’on voit habituellement. Avec un mélange d’explications, d’exemples concrets et de réflexion critique, l’animateur a guidé les participants à travers des concepts fondamentaux, des applications prometteuses et des défis. Il offre un aperçu éclairant de l’IA dans l’éducation, suscitant à la fois enthousiasme et prudence.
Christophe Batier a d’abord démystifié l’IA en soulignant qu’il ne s’agit pas de robots futuristes dotés de conscience. Les réseaux de neurones, qui sont au cœur de l’IA, sont des systèmes mathématiques inspirés du fonctionnement du cerveau humain, mais ils ne possèdent pas d’intelligence propre. L’IA actuelle est capable d’effectuer des tâches spécifiques, comme la reconnaissance d’images ou la génération de texte, mais elle ne comprend pas le contexte de la même manière que les humains.
Pour illustrer le fonctionnement de l’IA générative telle que ChatGPT, à l’aide d’un simulateur, il a décomposé le processus de traitement d’une requête, depuis la formulation d’une question (le « prompt ») jusqu’à la réponse finale. L’atelier a permis d’appréhender les étapes clés, telles que la « tokenisation » (découpage du texte en unités), « l’embedding » (intégration de jetons dans une base de données vectorielles) et le rôle des « Transformateurs » pour établir des relations entre les mots.
Christophe a insisté sur l’importance de maîtriser l’art du requêtement pour obtenir des réponses pertinentes de l’IA générative. En effet, un « prompt » bien formulé, riche en contexte et en instructions, est ce qui permet d’exploiter au mieux les capacités de l’IA.
L’IA pour l’éducation : un outil puissant, mais pas une solution miracle
Christophe Batier a ensuite présenté des exemples d’applications de l’IA en classe, démontrant son potentiel pour enrichir les apprentissages. Imaginez pouvoir analyser instantanément les idées clés d’un brainstorming à partir d’une photo d’un mur recouvert de « Post-it » ! Vous pouvez également utiliser l’IA pour corriger les copies à l’aide d’une grille d’évaluation, vous permettant ainsi de vous concentrer sur des commentaires personnalisés. Ces exemples concrets ont permis aux participants d’entrevoir les différentes possibilités offertes par l’IA.
Il a également comparé les performances de différents modèles de langage, tels que ChatGPT, Mistral, Claude, Gemini 2 et Perplexity, soulignant la diversité des outils disponibles et l’évolution rapide de ce domaine.
Le présentateur a également abordé les limites et les biais des modèles linguistiques actuels. L’IA peut inventer des faits (hallucinations), reproduire des stéréotypes (biais de représentativité) et avoir des difficultés avec les calculs. Une application interactive a permis de visualiser ces biais, démontrant que l’IA peut produire des résultats différents et parfois erronés pour une même question.
L’émergence de l’IA « agentique », dans laquelle des agents externes sont utilisés pour combler les lacunes des modèles de langage, représente un développement prometteur pour améliorer sa fiabilité. Imaginez ChatGPT pouvoir appeler une calculatrice pour résoudre une équation complexe ! Cette approche combine la puissance de l’IA avec la précision d’autres outils.
Un appel à la réflexion critique
Les deux ateliers auxquels nous avons assisté lors de cette journée, malgré leurs sujets distincts (le fonctionnement de l’IA générative pour l’un, l’outil NotebookLM pour l’autre), convergent sur un point essentiel : l’importance de garder un esprit critique sur l’IA. Les deux formateurs soulignent que l’IA, aussi puissante soit-elle, n’est pas une solution miracle et nécessite une approche réfléchie et responsable. Comprendre son fonctionnement, maîtriser l’art du « prompt », identifier ses limites et ses biais, promouvoir un usage responsable sont autant de clés pour tirer le meilleur parti de l’IA tout en préservant notre autonomie et notre capacité de jugement.
