Il est une figure de la gymnastique internationale et des Jeux olympiques, toutes disciplines confondues. La Hongroise Agnès Keleti est décédée ce jeudi 2 janvier à l’âge de 103 ans. Elle était hospitalisée depuis la semaine dernière dans un état critique pour une pneumonie.
Sa quête olympique débute en 1952, aux Jeux Olympiques d’Helsinki. Agnès Keleti, gymnaste hongroise, remporte son premier titre olympique au sol. Elle a également remporté une médaille d’argent et deux de bronze. Quatre ans plus tard, aux Jeux de Melbourne en 1956, elle fut couronnée quatre fois. Elle remporte par la même occasion deux autres médailles d’argent. Dix médailles olympiques en deux Jeux olympiques, toutes remportées après 30 ans.
Une vie hors du commun
Agnès Keleti est née le 9 janvier 1921 en Hongrie. Elle remporte les championnats nationaux de gymnastique à l’âge de 16 ans, point de départ de sa carrière de gymnaste. On envisageait qu’elle participe aux Jeux olympiques de Tokyo de 1940, mais parce qu’elle était juive, elle fut exclue de l’équipe. L’édition sera finalement annulée. En prenant l’identité d’une jeune catholique, elle échappera à la Shoah, mais ce ne sera pas le cas d’une grande partie de sa famille déportée à Auschwitz, notamment son père qui n’y survivra pas. Cachée dans la campagne, elle travaillait comme femme de ménage mais continuait à s’entraîner, en secret, sur les rives du Danube pendant son temps libre.
En 1948, elle se blesse alors qu’elle part pour les Jeux Olympiques de Londres. L’année suivante, elle remporte quatre médailles d’or, une d’argent et une de bronze aux Jeux mondiaux universitaires de 1949. Il lui faudra attendre les Jeux d’Helsinki en 1952 pour devenir olympienne et graver définitivement son nom dans le marbre en devenant championne olympique. Deux ans plus tard, aux championnats du monde de 1954, elle remporte deux médailles d’or, une d’argent et une de bronze.
Femme engagée
En 1956, quelques semaines avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Melbourne, les chars soviétiques envahissent la capitale hongroise pour contrer le soulèvement populaire contre le régime communiste du pays. Sa mère a perdu la vie lors de ces événements, alors que la gymnaste se trouvait déjà sur le sol australien. Malgré le contexte et face à la légendaire gymnaste soviétique Larisa Latynina, Agnès Keleti a remporté six nouvelles médailles olympiques. A 35 ans, son incroyable palmarès lui permet de remporter le titre honorifique d’athlète ayant remporté le plus de médailles aux Jeux de Melbourne, toutes disciplines confondues.
Au lendemain de la cérémonie de clôture, elle refuse de rentrer en Hongrie, et obtient, avec 44 autres athlètes, l’asile politique en Australie.
Après quelques mois dans l’hémisphère Sud, elle revient en Israël d’abord pour participer à une compétition, sa dernière, mais surtout pour s’y installer et devenir coach. C’est sous sa direction que la première équipe de gymnastique d’Israël est née. Elle attend 1983 pour revenir en Hongrie, pour les Championnats du monde d’athlétisme, mais ce n’est qu’en 2015 qu’elle s’y installe définitivement.
En 2019, 63 ans après son exil australien, son pays de naissance va enfin lui attribuer la prime offerte par ses médailles olympiques, ainsi qu’une prime annuelle d’État. Il intègre le ” Temple de la renommée “ de gymnastique en 2002, a remporté le prix « Premier Premier » en Hongrie en 2015 et le Prix “Sports israéliens” en 2017.
Quelques jours avant de fêter ses 104 ans, elle est décédée à l’âge de 103 ans dans un hôpital de Budapest, laissant sa marque à jamais dans le monde du sport et de la gymnastique.
Charlotte Laroche et Camille Rey