“On a pu reconstruire Notre-Dame en cinq ans, ce serait quand même un drame si on ne parvenait pas à reconstruire Mayotte”» a déclaré Emmanuel Macron, le 19 décembre 2024, alors qu’il était en déplacement sur l’île. Le 30 décembre, François Bayrou propose un délai encore plus court : «Peut-être deux ans. » Et pour y parvenir, le Premier ministre a évoqué l’utilisation de maisons préfabriquées bon marché, “facile à monter”.
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Urgence, reconstruction, préfabrication : dans une thèse récemment soutenue à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville, Antoine Perron a raconté l’histoire de cette association devenue évidente après les désastres du XXe siècle.e siècle (« La machine contre la profession. Les architectes et la critique de l’industrialisation du bâtiment » [France 1940 à 1980] »).
Si l’idée de la préfabrication est apparue au XIXèmee siècle, la pratique reste marginale jusqu’à la Première Guerre mondiale. En 1918, face au manque de matériaux et de main d’œuvre, l’espoir d’une reconstruction rapide des régions dévastées par les combats s’évanouit. La préfabrication est essentielle pour loger les réfugiés. Les services de travaux d’urgence utilisent d’anciennes casernes militaires, puis font appel à la société Eternit qui vend des maisons préfabriquées en plaques d’amiante-ciment.
Une capitale importante
La préfabrication connaît un regain d’intérêt après la Seconde Guerre mondiale. Le déficit de logements est alors immense. En 1947, la France produisait un logement pour 1 000 habitants par an, soit cinq fois moins que les pays d’Europe du Nord. Le ministère de la Reconstruction lance une série de concours visant à accélérer et moderniser la construction grâce à la préfabrication. Des subventions sont accordées en échange du respect par les entrepreneurs de plans standards et de prix plafonds, réduisant parfois d’un tiers les devis traditionnels.
La préfabrication est utilisée à grande échelle pour construire des villes entières. Ces compétitions se soldent le plus souvent par un échec. La raison est principalement technique : le transport d’éléments lourds coûte cher, leur précision dimensionnelle est insuffisante, ils jouent davantage avec les effets de dilatation, et leur assemblage est problématique : souffrant de nombreux défauts, ces logements « modernes » d’après-guerre seront unanimement critiqués. et souvent démoli.
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