L’Europe a vécu un tournant historique : l’arrêt définitif du transit du gaz russe via l’Ukraine. Cette décision, annoncée par Kiev, marque la fin d’un contrat de cinq ans signé en 2019 entre l’Ukraine et la Russie, qui permettait à Moscou d’exporter son gaz vers l’Europe. L’enjeu est stratégique : pour l’Ukraine, il s’agit de rompre les liens économiques avec un voisin hostile. Pour la Russie, il s’agit d’une perte majeure d’accès aux marchés européens. Quant à l’Union européenne, elle fait face à un nouveau choc dans un contexte énergétique déjà fragile depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022.
L’Europe face à une crise énergétique
L’arrêt du transit via l’Ukraine perturbe l’approvisionnement énergétique européen. La Russie, qui fournissait toujours 45 % du gaz naturel de l’Union européenne avant la guerre en 2022, ne représente que 18 % importations en 2024. Certains pays restent toutefois vulnérables, notamment la Slovaquie et la Hongrie, largement dépendantes du gaz russe..
Robert FicoLe Premier ministre slovaque, a mis en garde contre « des impacts drastiques » de cet arrêt dans toute l’UE. De son côté, la Hongrie, approvisionnée via le gazoduc TurkStreamsemble épargné mais s’inquiète d’éventuelles hausses de prix.
Pays | Principales sources de gaz | Impact de la fermeture |
---|---|---|
Slovaquie | Transit ukrainien, Gazprom | Critique |
Hongrie | TurkStream | Modéré |
Moldavie | Importations russes via la Transnistrie | Grave, état d’urgence déclaré |
L’UE, de son côté, affirme avoir diversifié ses approvisionnements avec des importations accrues de GNL (gaz naturel liquéfié) en provenance des États-Unis et du Qatar. Cependant, ces alternatives restent coûteuses et insuffisantes pour répondre pleinement aux besoins des États membres.
Ukraine et Russie : entre gains symboliques et pertes économiques
Pour l’Ukraine, cette décision met fin à une importante source de revenus. En 2023, Kyiv a reçu près de 800 millions d’euros pour le transit de 14,65 milliards de m³ gaz. Or, ce choix stratégique vise à affaiblir économiquement la Russie. « Financer ce transit revenait à financer la guerre contre notre pays »expliqué Emmanuelle Chazecorrespondant en Ukraine.
De son côté, la Russie perd un canal essentiel pour accéder aux marchés européens. En réponse, Moscou s’est appuyée sur des itinéraires alternatifs tels que TurkStream et les exportations de GNL. Cependant, les revenus de Gazprom ont considérablement diminué, aggravant une crise économique déjà marquée par les sanctions occidentales.
Une situation critique pour la Moldavie
L’arrêt du transit affecte gravement la Moldaviequi dépendait en grande partie des livraisons via la Transnistrie. Cette région pro-russe est confrontée à une pénurie de gaz, menaçant des milliers de foyers. Le gouvernement moldave a déclaré l’état d’urgence, tandis que les écoles et les crèches ont été privées de chauffage. « Le Kremlin use une fois de plus du chantage énergétique pour affaiblir notre trajectoire européenne »a dénoncé le président moldave, Maia Sandu.
Cette crise met en évidence la fragilité des systèmes énergétiques européens. En effet, comment l’UE peut-elle accélérer sa transition vers les sources d’énergie renouvelables tout en garantissant la sécurité énergétique de ses citoyens ? Quels seront les impacts sur les relations géopolitiques avec Moscou et les pays voisins ? Ces questions resteront au cœur des débats dans les années à venir.
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