L’ancienne plongeuse Meaghan Benfeito l’admet d’emblée : il fallait beaucoup plus de courage pour exécuter un salto arrière de trois et demi depuis la plateforme de 10 m que pour parler de fuites urinaires.
• Lisez également : Athlète de l’année au Québec grâce à « la médaille de la résilience »
Benfeito, retraitée depuis 2022 et désormais jeune maman, n’a pas envie de faire de l’incontinence son nouveau cheval de bataille, mais lorsqu’elle a été approchée comme porte-parole d’une campagne propulsée par les produits TENA, elle a clairement voulu en parler.
« Pour moi, ce n’est pas un problème, et cela arrive à plus de gens qu’on ne le pense », dit-elle.
Le sujet reste encore tabou en 2025. Pourtant, de nombreux sportifs de haut niveau sont touchés par ce qu’on appelle l’incontinence urinaire d’effort. Ceci est souvent dû à des muscles abdominaux plus développés que les muscles périnéaux.
«Quand on sautait sur le trampoline, quand on s’échauffait ou courait, ça pouvait arriver», raconte celle qui a notamment fait équipe pendant plusieurs années avec Roseline Filion dans des épreuves synchronisées. Nous en avons ri.
Un sujet à normaliser
Si elle ose aborder le sujet, c’est parce que Benfeito sait très bien que de telles situations peuvent aussi provoquer de l’anxiété chez les jeunes sportifs.
« Plus on en parle, plus on met les gens à l’aise », résume-t-elle.
À première vue interviewée dans le cadre d’un reportage la identifiant comme l’athlète de l’année au Québec en 2024, la trampoliniste Sophiane Méthot allait dans le même sens.
«Nous avons fréquemment des fuites urinaires», explique Méthot. En fait, certains athlètes vivent avec ce problème, d’autres non. Le but est d’essayer d’en parler le plus ouvertement possible et de tout normaliser. Nous ne devrions pas en avoir honte et je pense que nous sommes sur la bonne voie. Le simple fait d’en parler aide à se calmer.
“Ça arrive à tout le monde”
Par le passé, certains sportifs ont modifié ou arrêté complètement leur pratique sportive en raison d’une incontinence urinaire d’effort. En parler contribuera sans doute à éviter que de telles situations ne se reproduisent.
“Je ne comprends pas pourquoi on dit que les gens sont faibles lorsqu’ils ont des fuites urinaires”, conclut Benfeito. Plus vous parlez à de personnes, plus vous réalisez que cela arrive à tout le monde. C’est partout, il suffit d’en parler.
Meaghan Benfeito veut être à Los Angeles en 2028
Aujourd’hui âgée de 35 ans, Meaghan Benfeito ne regrette pas d’avoir pris sa retraite du plongeon en 2022, mais elle avoue avoir souffert l’année dernière en regardant les Jeux olympiques de Paris à la télévision. Sans envisager un retour à la compétition, la jeune maman espère être là, à Los Angeles, en 2028.
« Je porterai un costume de mascotte si nécessaire », dit-elle en riant.
Plus concrètement, Benfeito se voit dans le rôle de mentor pour la prochaine génération. Elle continue également de suivre attentivement les exploits des jeunes plongeurs canadiens. Chez les Québécois, elle surveille particulièrement Arnaud Corbeil et Samuel Talbot, entre autres. Elle applaudit également la médaille de bronze obtenue par le jeune Claude-Olivier Lisé-Coderre à ses premiers Championnats du monde juniors, en novembre dernier, au Brésil. Ce dernier est d’ailleurs monté sur la troisième marche du podium dans l’épreuve du 10 m chez les 14-15 ans.
« Si on a besoin de moi, je veux qu’ils sachent que je suis là », dit-elle.
Fier de Caeli McKay
Concernant les Jeux de Paris, Benfeito mentionne être particulièrement fière de son ancienne partenaire de synchro Caeli McKay qui, avec une note de 364,50 points, a terminé au quatrième rang.
« Je suis très fier de Caeli, elle a su bien performer. C’est très, très difficile d’être quatrième quand on réussit tous ses plongeons. À mes yeux, Caeli était ma médaille d’or.
Caeli McKay aux Jeux Olympiques de Paris, le 6 août 2024.
Photo MANAN VASTYAYANA
Aux Jeux olympiques de Tokyo, Benfeito et McKay ont fait équipe dans l’épreuve du 10 m synchro, terminant quatrièmes. La Québécoise, qui compte trois médailles olympiques en carrière, en était à ses quatrièmes et derniers Jeux. Du moins, en tant qu’athlète.