Nostalgie et licenciements pour la soirée télé du 31 décembre

Nostalgie et licenciements pour la soirée télé du 31 décembre
Nostalgie et licenciements pour la soirée télé du 31 décembre

“C’est ennuyeux Au revoirils font des croquis pas drôles pour baby-boomers », lance l’actrice Rose Adam dans une très délicate parodie du film 1995 de Ricardo Trogi joué à Au revoir 2024 par les propres acteurs du film.

Lorsque l’apprenti réalisateur casse sa caméra, sa sœur, Nadia, riposte. « On s’en fiche, Hugo Dumas aimera mieux En direct de l’universde toute façon.” Il y a là une forme de lucidité : le Au revoir divise en voulant s’unir tandis queEn direct du Nouvel Anqui lance la dernière soirée télévisée annuelle de -, est un spectacle consensuel, rythmé et parfaitement monté. Ainsi maîtrisé, le genre est plus enrichissant et moins risqué.

Départ de la fusée

Il n’y a rien à dire contre l’émission animée par Beaudoin qui est là pour nous émouvoir tout en évoquant en un clin d’œil – par des flashs, des chansons ou des présences – des faits ou des images qui ont marqué les douze derniers mois.

On y voit Charles Tisseyre chanter “Soleil, soleil”, MC Gilles et Pierre-Yves McSween former un duo solidaire avec ceux qui ont perdu leur emploi et Philippe Wauthier descendre des cintres en bonhomme bleu, comme Philippe Katerine lors de la cérémonie d’ouverture. des Jeux Olympiques.

On pense à Jean-Pierre Ferland, avant que la lettre de Louis Morissette sur les dangers du masculinisme toxique ne s’ouvre sur une séquence parent-enfant très émouvante. Outre Louis Morissette, Marthe Laverdière, Patricia Paquin et Alexandre Aussant (Mona de Grenoble, de son nom de drag queen) étaient les invités d’une émission où un compte à rebours de Jeannette Bertrand lançait un bilan de l’année à travers un mélange de 42 chansons en une seule explosion continue de 14 minutes.

Parmi les performances vocales, l’Américaine Katie Kadan a brisé l’écran et, comme par le passé, la tolérance et l’inclusion étaient un fil conducteur du spectacle. L’éviction, lors de cette soirée 2024, de la version télévisée du programme spécial A l’année prochaine (l’écoute de l’émission radio de 18 heures ne laissait pratiquement aucun regret) a été compensée par 30 minutes de coulissesEn direct du Nouvel An et un allongement équivalent deInfoman.

Format

On n’a vraiment pas eu l’impression que le générique accordé à Jean-René Dufort était à la hauteur de ce tiers supplémentaire de l’émission. Celle-ci a surtout été comblée par la rediffusion assez massive de séquences déjà diffusées au cours de l’année. En plus d’être réchauffée, cette émission spéciale de fin d’année, placée sous l’égide de «Pourquoi le monde est sans amour», chanson de Mireille Mathieu reprise pour l’occasion par Voivod, avait relativement peu perdu de son mordant, à commencer par le Un sursaut qui moquait caustiquement la diffusion catastrophique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur Radio Canada.

L’un des numéros majeurs de cette revue annuelle d’Infoman était « Cléopont », une parodie à base de péplums (dont Cléopâtre de Mankiewicz) sur Geneviève Guilbault et le troisième lien. Autre bon moment : « Mordus de Fitz », entretien de Paul Arcand avec le vrai Pierre Fitzgibbon et deux faux, joués par Jean-René Dufort et Marc Labrèche, déchaînés (« On a le droit de rester élégant, mais c’est de la merde »), sur les résultats de l’arrivée des Kings de Los Angeles.

Jean-René Dufort a appliqué à Denis Coderre le concept « Dans la tête de… », développé précédemment pour Céline Dion. Le montage comique s’est terminé sur un affolement des neurones tandis que l’ex-maire de Montréal s’est emporté contre un journaliste incisif (« La tête appelle Denis ; Mayday, Mayday ! »).

Infoman a ajouté cette année un petit penchant moralisateur, mettant fortement l’accent sur les dérives linguistiques en politique, puis sur les divisions a priori inconciliables, à travers une expérience métaphorique qui a eu le mérite de rapprocher Eric Duhaime et Ruba Ghazal.

Dans une séquence de ceci Infoman 2024où on a vu Marwah Rizqy enfiler un nombre record de 360 ​​égalités et le champion olympique du marteau provoquer la rupture des tuyaux du boulevard René-Lévesque, Jean-René Dufort s’est moqué du scandale d’espionnage de Soccer Canada aux Jeux olympiques en envoyant un drone pour espionner dans l’équipe Au revoir.

Dites à nouveau “Bye bye”

Cela aurait pu être intéressant si cet espionnage avait réussi, si les équipes créatives se parlaient ou étaient rassemblées en haut lieu. Parce que des moyens redondants ont été utilisés et que plusieurs sujets assez mineurs ont été traités à la fois par Infoman que par le Au revoir.

C’est le cas de l’utilisation de la série Les armes pour créer des ressorts comiques. Quant à l’entrevue de Réjean Tremblay et de sa compagne par Denis Lévesque, elle nous a valu un cours sur l’extermination des iguanes en Floride chez Dufort et un sketch haut en couleur après minuit à Au revoir with Christine Beaulieu as Julie and impeccable Claude Legault as impassive Réjean.

La question des mâles alpha, tout aussi couramment discutée, a vu Au revoir la résurrection de Contrat des gars avec Alexandre Champagne et Jonathan Roberge. Sur un sujet connexe, le Au revoir a réalisé un sketch sur le phénomène TikTok « The Bear’s Choice » du printemps dernier (excellent traitement surréaliste avec une Sarah-Jeanne Labrosse amusée).

En revanche, lorsque le Au revoir a sorti l’armada d’une parodie de Jus de betterave pour se moquer aussi de Geneviève Guilbault et du troisième lien (sujets géopolitiques, rien ; enjeux climatiques, rien ; enjeux sociaux comme l’enrichissement des riches et l’appauvrissement des pauvres, rien) on a commencé à compter les sujets inutilement récurrents, non seulement d’une émission à l’autre mais aussi d’une année à l’autre, comme la réapparition d’une parodie de Dave Morissette, cette fois comme une blague sur le hockey féminin. Dans cette optique, il était évident que Guylaine Tremblay allait reprendre son personnage de Guillaume Lemay-Thivierge, dans un sketch plutôt drôle.

Nostalgie et publicité

Avec Bettlejuice, contrat de garsl’aspect nostalgie télé pour les créateurs replongés dans leur jeunesse s’est poursuivi avec Watatatow recyclé en Les Bedford. Heureusement, car sans cela, le sujet, comme bien d’autres (par exemple l’ingérence étrangère) n’aurait pas été abordé. Pas mal vue, la réplique « Pas besoin de cours d’éducation sexuelle, j’apprends tout de mon éducateur DPJ ».

Le recours à Gilles Latulippe (le génial Pierre-Yves Roy-Desmarais) pour hanter le plaignant exigeant la fermeture du théâtre éponyme adjacent était astucieux et logique. Le sketch a également fait revivre Suzanne Lapointe, avec qui Latulippe a animé Les démons de midi entre 1987 et 1993.

L’éclipse a été traitée en chanson avec une parodie d’un fête du hayon (animation festive autour d’un coffre de voiture). Katherine Levac a fait une apparition en envoyant des SMS pendant l’éclipse, une référence à l’image virale capturée lors du concert de Justin Timberlake. Cela montre les priorités éminentes qui devaient être abordées en cette année cruciale 2024 !

On retrouve néanmoins de vrais bons moments : un sketch roulette au casino où, après avoir gagné en misant 1 dollar, François Legault et Pierre Fitzgibbon s’enhardissent et placent 700 millions sur la case Northvolt. Délicieuse question du revendeur : « Qu’est-ce que Northvolt ? » » Réponse : « Je sais ? Une entreprise qui fabrique des batteries. Ils n’ont encore rien fait. » Une autre question « Et si ça ne marche pas ? » « On rattrapera le troisième lien, on facturera 1000 dollars par réservoir. » « Mais ça n’arrivera pas le 3e lien ! » « Ce n’est pas Northvolt [notre faute] ».

Il y avait beaucoup de punch, mais la soirée n’était pas souvent de ce niveau (faibles déclarations brèves de fausses Céline Galipeau et Sophie Thibault et parodie de Cuisiniers guère plus joyeux), sauf dans les parodies de publicités : la fibre de Bell « le pire d’Internet encore plus rapide », Boeing et, surtout, Desjardins, moqués à la suite de l’affiche illustrant la Journée nationale des Patriotes avec un drapeau du Canada.

Mais ce n’est pas parce que « Desjardins, Je me souviens » C’était drôle qu’il faille nous faire servir deux fois un sketch dans la même veine. Ironie du sort : la publicité est désormais intégrée Au revoir au point où c’est Coca Cola qui a rendu l’hommage qu’il fallait à Jean-Pierre Ferland !

« Les temps sont durs » chantait Pierre-Yves Roy-Desmarais dans le numéro d’ouverture, dans un joli décor de soirée canadienne qui donnait le ton de cette nostalgie tous azimuts : soustraire les neuf minutes de vœux de « Bonne année ». LE Au revoir totalise 67 minutes, publicités incluses. Les 45 minutes de sketchs (générique compris) font l’objet d’un programme d’une heure où les créateurs se filment en train de donner naissance à la chose. Face à des résultats mitigés, n’auraient-ils pas fait maintenant le tour de leur monde compartimenté ?

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