Russie, États-Unis… Pourquoi l’Allemagne est la cible d’ingérences étrangères avant les élections législatives

Russie, États-Unis… Pourquoi l’Allemagne est la cible d’ingérences étrangères avant les élections législatives
Russie, États-Unis… Pourquoi l’Allemagne est la cible d’ingérences étrangères avant les élections législatives

Les caractéristiques de cette mainmise sur la première économie européenne à l’approche des élections législatives anticipées du 23 février – déclenchées en novembre par l’éclatement de la coalition du chancelier Olaf Scholz – sont distinctes. « Hybrides » et centrées sur le soutien militaire allemand crucial à l’Ukraine du côté russe, les tentatives d’influence des États-Unis se dévoilent au grand jour. Ils concernent davantage la migration ou les questions économiques.

Mais tous convergent en faveur d’un parti : le mouvement d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), en croissance de plus de 20%, selon un sondage Insa publié mardi par Bild.

Le soutien de Musk à l’extrême droite

Le soutien public répété à l’AfD apporté ces dix derniers jours par Elon Musk, l’homme le plus riche du monde proche de Donald Trump, a créé la stupéfaction à Berlin. L’AfD a admis mardi dans le Spiegel qu’elle était en contact régulier avec l’équipe de l’homme d’affaires américain.

Dans son message de nouvel an mardi, Olaf Scholz a réagi en assurant que seuls les citoyens allemands, et non « les propriétaires des réseaux sociaux », décideront de l’issue du vote.

Lundi soir, Elon Musk a encore promis sur sa plateforme X à l’AfD une « victoire épique » le 23 février et a qualifié de « tyran » le chef de l’Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, qui avait dénoncé son ingérence. “Elon Musk fait exactement la même chose que Vladimir Poutine”, s’est indigné le président du parti social-démocrate de la chancelière, Lars Klingbeil, dans les journaux du groupe Funke. “Tous deux veulent influencer nos élections et soutenir spécifiquement l’ennemi de la démocratie qu’est l’AfD, ils veulent que l’Allemagne soit affaiblie”, a-t-il tonné.

Même l’opposition conservatrice, en tête des sondages avec environ 32 % et traditionnellement très atlantiste, s’alarme. “Je ne me souviens pas que, dans l’histoire des démocraties occidentales, il y ait eu un cas comparable d’ingérence dans la campagne électorale d’un pays ami”, a dénoncé son leader Friedrich Merz, favori pour être le prochain chancelier.

L’Allemagne vers une « gueule de bois » ?

Notamment une tribune pro-AfD d’Elon Musk publiée samedi par le quotidien Welt, dans la foulée d’une série de tweets. Cela a conduit à la démission d’un directeur de journal. Le politologue berlinois Hajo Funke qualifie cette publication de « scandale », le groupe Springer, propriétaire de Welt, ayant à ses yeux « rompu avec sa tradition d’après-guerre » de lutte contre l’extrême droite.

Le réveil est brutal pour de nombreux Allemands farouchement attachés au lien transatlantique depuis 1945, et « qui pensent encore que les Etats-Unis sont un modèle de démocratie », juge Hajo Funke. “L’Allemagne se prépare à une gueule de bois du Nouvel An, mais sans la fête qui la précède habituellement”, ironise Michael Bröning, politologue à la Fondation Friedrich Ebert. Avec les explosions de Musk, « il semble que l’équipe Trump rende la pareille à la rhétorique anti-Trump ouvertement exprimée par l’Allemagne lors de la campagne électorale américaine ».

Désinformation russe

Dans le même temps, les renseignements intérieurs allemands viennent d’annoncer la création d’une « task force » pour contrer les « ingérences étrangères » en vue des élections de février. En ligne de mire cette fois-ci : Moscou. “Compte tenu de sa guerre d’agression contre l’Ukraine, la Russie a probablement le plus grand intérêt à influencer les élections en sa faveur”, écrit le Bureau pour la protection de la Constitution dans un rapport.

Il évoque des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux, des actions de propagande et des cyberattaques visant à « affaiblir la confiance dans la démocratie » et à « porter atteinte » aux liens du pays avec l’OTAN et l’UE, dont « l’AfD voudrait partir ».

Ces ingérences profiteront-elles finalement à ce parti antisystème, au moment où le pays de 83 millions d’habitants est confronté à une grave crise industrielle ?

 
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