L’État de droit n’est pas toujours le cas : le Premier ministre hongrois Viktor Orbán.Image: clé de voûte
La Hongrie a perdu son droit à une aide européenne d’un montant d’environ un milliard d’euros en raison de violations de l’État de droit.
01.01.2025, 08:4701.01.2025, 09:58
Les fonds confisqués s’élèvent à 1,04 milliard d’euros qui étaient destinés à la Hongrie et provenaient de programmes visant à promouvoir les zones structurellement faibles. Les fonds ont été gelés fin 2022 parce que la Commission européenne est arrivée à la conclusion, après des analyses, que la Hongrie ne respectait pas diverses normes et valeurs fondamentales de l’UE.
Pour débloquer les fonds, la Hongrie aurait dû mettre en œuvre des réformes suffisantes d’ici la fin de l’année. Il s’agit notamment de modifications des lois visant à prévenir les conflits d’intérêts et à lutter contre la corruption. Mais cela ne s’est pas produit.
Prêt d’un milliard de dollars de la Chine comme plan B
Afin de combler les déficits de financement, le Premier ministre populiste de droite hongrois Viktor Orban s’est récemment appuyé, entre autres, sur la Chine. En avril, la Hongrie a annulé un prêt d’un milliard d’euros qu’elle avait contracté auprès des banques d’État chinoises. Cela s’est produit discrètement et n’a été révélé qu’en juillet, lorsque le Centre hongrois de la dette publique (AKK) a publié des données clés à ce sujet. Le prêt a donc une durée de trois ans. Le montant des intérêts et les intervalles de remboursement ne sont pas connus.
La Chine est très active en Hongrie. Le constructeur de voitures électriques BYD construit une grande usine à Szeged, dans le sud de la Hongrie, et le fabricant de cellules de batterie Catl construit une méga-usine à Debrecen, dans l’est de la Hongrie. Des entreprises chinoises construisent la nouvelle ligne ferroviaire reliant Budapest à Belgrade, la capitale serbe. Pour la construction du tronçon hongrois, la Hongrie a contracté un emprunt de près de 900 millions d’euros auprès de la banque chinoise Exim.
Malgré l’aide financière chinoise, Orban continue de tenter de débloquer les fonds européens gelés. Selon la Commission européenne, un total d’environ 19 milliards d’euros de fonds européens sont actuellement bloqués pour la Hongrie, y compris des financements supplémentaires et des aides liées au coronavirus. Début décembre, Orban a menacé d’opposer son veto au prochain budget septennal de l’UE si Bruxelles ne débloquait pas les fonds européens actuellement bloqués pour la Hongrie. Les négociations sur le prochain budget à long terme de l’UE, de 2028 à 2035, devraient commencer à la mi-2025.
Bruxelles entre pression et compromis
Ce n’était pas la première fois qu’Orban menaçait de bloquer les décisions centrales de l’UE. Ce n’est que lors du sommet européen de la mi-décembre qu’il a refusé d’accepter la prolongation des sanctions contre la Russie, qui expirent fin janvier. Les diplomates soupçonnaient qu’il souhaitait également extorquer des concessions aux partenaires de l’UE dans d’autres domaines, comme par exemple le déblocage des fonds européens gelés.
En décembre 2023, malgré les critiques persistantes concernant les violations de l’État de droit en Hongrie, la Commission a débloqué un financement européen gelé d’une valeur d’environ dix milliards d’euros pour le pays. Les députés européens – notamment ceux des partis gouvernementaux allemands SPD, Verts et FDP – avaient alors critiqué cette situation et accusé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de s’être laissée faire chanter par la Hongrie. Orban avait précédemment annoncé qu’il bloquerait le début des négociations d’adhésion à l’UE avec l’Ukraine ainsi qu’un programme d’aide de l’UE d’un milliard de dollars pour le pays attaqué par la Russie. (sda/dpa)