Fraîchement retraité, Yannick Chabloz raconte son déclin

Yannick Chabloz a disputé sa dernière course professionnelle le 22 décembre 2022 à Saint-Moritz, en Coupe d’Europe.

nouveau focus

Une situation curieuse que celle de Yannick Chabloz. Depuis samedi, le Nidwald-Vaudois s’est réveillé, à seulement 25 ans, dans la peau d’un retraité. Du ski de compétition, certes, mais d’un retraité quand même. Ce qui est encore plus inhabituel, c’est qu’il existe en fait depuis près d’un an.

Au cœur d’un week-end intense marqué par les chutes spectaculaires, les blessures graves et les performances folles d’Alexis Money, le du ski suisse a appris dans une relative discrétion la fin de carrière du frère aîné de Maxime Chabloz (23 ans), mondial champion de freeride puis de kitesurf.

C’est par le biais d’un message posté sur Instagram que le descendeur né à Aigle a annoncé la nouvelle : « Après ce long parcours avec beaucoup de hauts et de bas, l’heure est venue pour moi de prendre ma retraite. C’est et sera probablement la décision la plus difficile de ma vie, mais j’ai pris le temps d’écouter mes sentiments et mon corps, afin de pouvoir prendre cette décision avec un esprit clair et un cœur rempli d’amour pour ce sport.

L’exercice n’a pas été facile à réaliser, de son propre aveu : « Cela faisait un moment que je m’éloignais du haut niveau, mais mettre un terme m’a coûté cher. Se lancer a été plus difficile que je ne le pensais. Après tout, c’est ma vie depuis 15 ans. J’ai reçu quantité de messages, tous positifs, qui m’ont énormément touché.

Cassé à la hausse

N’ayant pas participé à une course officielle depuis deux ans, en raison de problèmes physiques, Yannick Chabloz a fini par arrêter de courir après le temps. « Le retard que j’ai accumulé était trop important. Je n’étais pas prêt, mentalement, à pouvoir le remplir. Le niveau actuel en Coupe du Monde est très élevé, à commencer par notre équipe suisse. Trouver ma place dans ce milieu, étant donné d’où je viens, aurait été extrêmement compliqué.

Avant que Marco Odermatt ne devienne le « Cannibale » du Cirque Blanc, que Justin Murisier trouve le chemin du succès et qu’Alexis Money s’affirme, Yannick Chabloz faisait partie de la génération suisse très attendue. Médaillé de bronze en super-G aux Championnats du monde juniors 2020 puis vice-champion de Suisse de descente l’année suivante, il n’a pas tardé à se confirmer dans l’élite.

Dès sa deuxième titularisation en Coupe du monde, il a pris la 13e place à Val Gardena, en décembre 2021, juste après avoir remporté à Santa Caterina ce qui restera sa seule victoire en Coupe d’Europe. Un mois plus tard, il est sélectionné pour participer aux Jeux Olympiques de Pékin. Où la spirale va soudainement s’inverser.

En Chine, il est tombé lourdement lors de l’épreuve combinée et a subi de multiples blessures au bras gauche. Deuxième coup du sort l’hiver suivant : cette fois, il tombe à Bormio. Le verdict médical est encore lourd. Marqué par ces accidents impressionnants et leurs conséquences, Yannick Chabloz a laissé s’installer un blocage mental. De plus, des maux de dos chroniques le handicapent et empêchent son retour à la course. Les anti-inflammatoires ne résolvent pas le problème, les séances d’ostéopathie non plus. Une opération ? L’idée lui a été proposée mais il a refusé. « Je ne pouvais pas être assuré que cela résoudrait mes problèmes », commente-t-il.

Yannick Chabloz en pleine chute lors des Jeux olympiques de 2022 à Pékin.

Imago

Son horizon s’est élargi

Lassé de s’enliser, le Nidwaldois d’adoption a décidé de prendre du recul début 2024 afin de se vider l’esprit. Une simple parenthèse dans sa quête de rédemption, pensa-t-il d’abord. Ce sera en fait un tournant. Libéré des exigences quotidiennes du professionnalisme, il redécouvre le pur plaisir de la pratique sportive. Parallèlement, il reprend des études d’ingénieur à Sion.

Ses horizons s’élargissent, reléguant peu à peu le ski de compétition au second plan. Jusqu’à clôturer définitivement le chapitre : « J’ai pris le temps de m’asseoir pour faire le point et réfléchir à la suite. Un niveau élevé n’est pas le plus sain pour le corps. Le mien est à la fois mon talon d’Achille et ma plus grande force. J’ai dû faire un choix et j’ai choisi de me préserver, pour ne pas abîmer ma vie. L’annonce de ma retraite a été un soulagement, car cela m’aide à tourner la page. La situation me pesait. On me demandait souvent quand je reviendrais et j’avais l’impression d’être malhonnête. Au fond, je ne me suis même pas posé la question.

« Annoncer ma retraite a été un soulagement, car cela m’aide à avancer. La situation m’a pesé”

Yannick Chabloz

A l’heure du bilan, l’homme aux 5 participations en Coupe du monde se dit « plus que fier » : « J’avais du talent mais j’ai toujours dû me battre et au final, j’ai gravi tous les échelons. Je n’ai raté qu’un podium. J’ai réalisé des choses dont tant de gens rêvent… » Son plus beau souvenir ? « Si nous parlons d’émotions pures, c’est Val Gardena », dit-il. Mon père était là, j’ai réussi sur une piste que j’aime, le sentiment que j’ai ressenti en voyant mon classement à l’arrivée… Les JO, je n’ai pas eu le temps de m’y préparer. Les autres athlètes planifiaient depuis quatre ans alors que moi, je n’avais que quelques jours. Quand je suis arrivé à Pékin, j’avais fini.

Le 18 décembre 2021, Yannick Chabloz se hisse à la 13e place de la descente de Val Gardena lors de sa deuxième course de Coupe du monde.

Le 18 décembre 2021, Yannick Chabloz se hisse à la 13e place de la descente de Val Gardena lors de sa deuxième course de Coupe du monde.

Focus frais

Désormais, Yannick Chabloz s’attaque à une autre vie. Il ne faut pas s’ennuyer tant il déborde de projets : « En plus de mon baccalauréat, j’envisage d’obtenir mon brevet de moniteur de ski. J’ai aussi envie de partager des choses avec mon frère, que ce soit en freeride ou en été, même si rien n’est concret pour le moment. Et en arrière-plan, je souhaite me lancer dans une formation de guide de montagne.

La retraite promet d’être bien indiquée. C’est l’avantage à 25 ans.

 
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