Jeanne-Maud Jarthon, maître de conférences à l’Université Gustave Eiffel, spécialiste des pratiques sportives
« Plusieurs enquêtes le montrent : dans l’année, il y a deux temporalités où l’on reprend le sport et où l’on observe des pics de fréquentation dans les salles de sport – après les vacances et avant l’été. Les bonnes résolutions correspondent aux premières. C’est un réflexe sain, tout simplement parce que l’activité physique est essentielle à la santé. Tant que cette remise en forme est raisonnée et maîtrisée, il n’y a aucune raison pour qu’elle soit dangereuse.
Tout d’abord, il faut commencer par distinguer activité physique et sport : le sport renvoie à la performance, tandis que l’activité physique s’ancre davantage dans une logique de bien-être et d’entretien du corps. De cette manière, il est sans doute plus accessible, moins discriminant. Prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur au travail ou à la maison par exemple est un réflexe assez facile à adopter. De même, appeler en marchant plutôt qu’en étant assis permet de briser le rythmes sédentairesce que l’Organisation mondiale de la santé ou la Haute autorité de santé considèrent comme un véritable fléau. Bref, l’activité physique, ce n’est pas seulement faire du sport, c’est changer ses habitudes quotidiennes.
La question est avant tout de savoir pourquoi on s’engage dans une bonne résolution, et par extension dans une activité physique. Si l’on veut avoir un corps d’influenceur, cela demandera du temps et des objectifs peut-être inatteignables. En revanche, si c’est pour se sentir mieux dans son propre corps, cela peut se faire sans danger. On peut même en faire une source de lien social, comme de nombreuses femmes m’ont parlé de séances collectives avec leurs amies dans les salles de sport. La question du plaisir est ici essentielle et, de ce point de vue, le déclencheur « bonne résolution » amènera forcément un changement. Mais il y a un équilibre à trouver, car le changement ne doit pas non plus être trop contraint. S’il n’y a pas de plaisir et s’il n’est que contrainte, il ne peut y avoir de maintien de l’engagement. »
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