Le président français Emmanuel Macron a clairement fait son mea culpa mardi sur la dissolution de l’Assemblée nationale, qui a semé « divisions » et « instabilité ». Privé d’une grande partie de son influence depuis que son camp a perdu les législatives anticipées de cet été, le chef de l’Etat a également annoncé, lors de ses vœux pour l’année 2025 à venir, qu’il demanderait aux Français de « trancher » sur certaines « questions déterminantes ». » pour préparer l’avenir.
Une manière de laisser entrevoir des référendums, maintes fois évoqués, mais jamais organisés depuis son arrivée à l’Elysée en 2017. Ou de nouvelles conventions citoyennes, après celles sur la fin de la vie ou l’écologie.
Enregistrés dans le jardin d’hiver du palais présidentiel, ces huitièmes vœux d’Emmanuel Macron sont aussi les plus courts. Ils les ont terminés en onze minutes. Et pour cause : le président n’a plus les moyens de tout décider comme autrefois et se replie sur son rôle de « garant », selon son entourage.
Il s’est longuement attardé, au début de son discours, sur les réussites de 2024. Avec une innovation dans la forme : une vidéo de deux minutes montrant les Jeux olympiques et la réouverture de Notre-Dame.
« Plus d’instabilité que de sérénité »
Mais Emmanuel Macron n’a pas évité la crise politique la plus grave de la Ve République, avec un mea culpa plus clair que celui esquissé début décembre.
“Je dois reconnaître ce soir que la dissolution a pour l’instant apporté plus de divisions à l’Assemblée que de solutions pour les Français”, a-t-il déclaré. « La lucidité et l’humilité nous obligent à reconnaître qu’à l’heure actuelle, cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité. Et j’en prends pleinement ma part.
Une instabilité politique qui “n’est pas spécifique à la France, on la voit aussi chez nos amis allemands qui viennent de dissoudre leur Assemblée”, a-t-il relativisé.
Le président a malgré tout appelé les forces politiques à faire de 2025 l’année de la « relance collective ». « Parce que nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre. L’année 2025 doit être une année d’action », a exhorté le chef de l’Etat en s’adressant au gouvernement tout juste formé de son allié François Bayrou, quatrième Premier ministre de l’année.
Emmanuel Macron a également promis de « faire en sorte » que la France « continue d’être attractive », « travaille et innove davantage », continue de créer des emplois et « assure sa croissance en préservant ses finances ». Et ce, alors que le pays entame 2025 sans budget voté, malgré des déficits alarmants.
« Européens, soyez moins naïfs »
Si l’international et l’Europe restent des prérogatives présidentielles, Emmanuel Macron a également exhorté les Européens à être plus réalistes en matière de commerce ou d’agriculture. « Les Européens doivent mettre fin à la naïveté. Dites non aux lois commerciales dictées par d’autres et que nous sommes les seuls à encore respecter. Dites non à tout ce qui nous fait dépendre des autres sans compensation et sans préparer notre avenir », a-t-il insisté.
L’annonce, début décembre, de la finalisation de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) a notamment relancé une vague de protestations dans le monde agricole français et européen.
“Nous avons besoin d’un réveil européen, d’un réveil scientifique, intellectuel, technologique, industriel, d’un réveil agricole, énergétique et écologique”, a-t-il plaidé.
Avec ces vœux, Emmanuel Macron espère se placer avant tout, et garder à l’écart la petite musique de certains de ses opposants qui jugent sa démission inévitable avant la fin de son mandat, en 2027.
(AFP)