Le soleil d’hiver avait (enfin) remplacé la pluie et le brouillard, illuminant le ciel pyrénéen et permettant d’admirer les montagnes. Mais autour du stade du Hameau de Pau, c’était une toute autre ambiance samedi. Les déclarations d’avant-match de Sébastien Piqueronies (« Il faut mériter pour survivre en Top 14 »), les visages fermés des joueurs lors de l’échauffement, les regards inquiets de certains supporters… La réception à Vannes ressemble à un tournant crucial point pour la Section.
Avant-dernière du Top 14, l’équipe béarnaise a joué fort face à la lanterne rouge. Coïncidence de calendrier mais clin d’œil amusant – ou angoissant, selon –, la rencontre était organisée pour la 13e et dernière journée du match aller, permettant de savoir quelle équipe finirait 2024 à la dernière place, la tête pleine de questions pour le match aller. transition vers la nouvelle année.
Dès l’entrée dans le stade, les conversations allaient logiquement à plein régime pour évoquer ce « match de la peur », qui a tout de même attiré 14 999 spectateurs. Un joli sold out. A la buvette, les échanges entre habitués parlaient de l’angoisse du moment. « Si on perd ce match, c’est fini, on est bons pour la Pro D2 ! » dit un septuagénaire, un peu alarmiste. “Vous vous emballez”, répond en riant un autre supporter. « Cela fait un moment qu’on est mauvais mais regardez toutes les blessures, les absences lors des matches internationaux… Ça va certainement remonter ! » Méthode Coué ou pas, on a ressenti chez les supporters béarnais un cocktail unique de tension et d’espoir pour cette rencontre, censée relancer la saison ou voir la Section couler.
Entre espoir et appréhension
« Nous n’avons pas le choix, nous devons gagner, point final. Et si nous devons gagner mal, nous le prendrons. Une victoire peut tout relancer», estime un trentenaire. En face, les supporters vantais – redoutables de bonne humeur et de chauvinisme, drapeau breton aux aguets – ont fait preuve d’une insouciance presque déconcertante. “Nous sommes derniers, nous n’avons rien à perdre de toute façon !” L’avantage, c’est que nous, contrairement à vous, pouvons nous permettre de jouer librement”, dit l’un d’eux, en direction de son voisin sectionnaire.
Avant la rencontre, les débats se sont arrêtés un instant, le temps de célébrer Lily, une jeune joueuse de la Section Paloise Féminin de Lons, décédée jeudi dans un accident de bus. Puis le ballon du match est arrivé du ciel en hélicoptère, dans une scène que James Bond n’aurait pas démentie. « Si avec ça, ils ne se transcendent pas. »
” Allez ! Un bon départ nous rassurerait», espéraient les derniers assis à leur place au coup d’envoi. Pas de chance, c’est le contraire qui s’est produit. Deux dégagements directs en touche, deux penaltys et derrière un regroupement, avec deux passes, Vannes allait marquer. Par l’intermédiaire d’un ancien membre de la maison, Thibault Debaes, qui a également transformé l’essai. « Faire un test à un de nos vétérans, ça fait quand même mal. »
Un bonus pour se rassurer
La Section, diesel, se ressaisissait rapidement en envoyant Maddocks, Grandidier puis Luc tester avant la pause. 27-10 au retour des vestiaires, l’angoisse est retombée. “On respire un peu là”, se réjouit un supporter soulagé. « C’est le genre de mi-temps dont nous avions besoin car avant le coup d’envoi, le tableau d’affichage était à zéro ! »
Malgré l’abnégation de Vannes en seconde période, matérialisée par deux nouveaux essais, les Béarnais n’ont plus jamais lâché leur emprise sur le match, mettant sous couvert leur bonus offensif. ” Donc ! C’est ce que nous voulons voir ! » s’exclame un jeune supporter euphorique, qui se souvient avec tendresse du « derby » de septembre. « On retrouve la fureur dont nous avons fait preuve contre Bayonne (victoire 51-29) en début de saison et que nous avons été capables d’infliger l’an dernier. « . Soulagés, les Palois, bons joueurs, ont rendu hommage à leurs deux anciens joueurs, Thibault Debaes et Fabrice Metz, généreusement applaudis à la sortie du terrain.
Score final : 48-24, meilleur score de la Section en 13 matches. Une victoire éclatante, sans doute bonifiée, qui redonne espoir à tout un club et laisse de belles promesses. «Enfin un vrai match», s’est exclamé Julien. « Maintenant, il faut garder cette dynamique, continuer les performances. » Comme une joie éphémère quand on sait qu’il ne faut pas se faire d’illusions et que le chemin est encore long. « Mais au moins, ce soir, nous pouvons respirer et dormir paisiblement. »