Depuis quand le réveillon du Nouvel An est-il source de tensions ?
«Ça commence à devenir très vieux. Dès la fin des années 1970/début des années 1980, dans les quartiers populaires, avec le début de la désindustrialisation de la France. Durant cette période, on assiste à la disparition du modèle de la jeunesse qui, à la sortie de courtes études, trouve du travail à l’usine. Dans ces quartiers pauvres, en France comme à l’étranger, les affrontements police/population se multiplient. Ces affrontements ont pris de l’ampleur entre 1979 et 1981. Les principaux pics ont été les étés chauds et le réveillon du Nouvel An. Lorsque François Mitterrand arrive au pouvoir en 1981, le gouvernement est confronté à ces premiers « étés chauds » : les CRS sont envoyés en renfort dans la banlieue lyonnaise (Villeurbanne, Vénissieux, Vaulx-en-Velin). Cette confrontation se développera avec le temps. La particularité en France est qu’elle a lieu aux dates anniversaires, notamment le réveillon du Nouvel An. »
« C’est un moment qui est devenu comme un rituel »
Pourquoi cette nuit ?
«Pour cet effet de date anniversaire. Dans tous les pays européens, il existe des phénomènes d’affrontements collectifs et de véhicules incendiés. Mais en France, la particularité, c’est cette date anniversaire. C’est un moment qui est devenu comme un rituel : une sorte de Noël inversé où une partie de la jeunesse exprime son ressentiment. »
Ce phénomène d’incendie de véhicules se retrouve-t-il aussi à l’étranger ?
« Oui, la destruction des véhicules par le feu est un facteur associé aux révoltes partout. Différentes raisons peuvent conduire à la destruction de véhicules : fraude à l’assurance ou dissimulation de traces dans un véhicule ayant été utilisé dans des activités criminelles. La particularité de la France, c’est vraiment ce pic à une date anniversaire. »
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