Après trois heures et demie de débats animés dans une salle comble, 331 députés ont voté pour renverser l’exécutif, dépassant le seuil nécessaire de 288 voix.
« En raison de la motion de censure, (…) le Premier ministre doit soumettre au Président de la République la démission du gouvernement », a déclaré Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.
De retour d’une visite d’Etat en Arabie Saoudite, Emmanuel Macron doit désormais nommer un nouveau Premier ministre, conformément à la Constitution.
Une alliance inédite pour une motion de censure
Cette censure a été rendue possible par une alliance ponctuelle entre des députés de gauche, le Rassemblement national (RN) et plusieurs alliés, motivée par des divergences sur les questions budgétaires. La dette publique élevée de la France, qui dépasse les 3 000 milliards d’euros, est au centre des critiques.
Au-delà du gouvernement dirigé par Michel Barnier, c’est Emmanuel Macron qui est visé par cette opposition disparate. Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise, a appelé le président à quitter ses fonctions et a appelé à des élections présidentielles anticipées.
Marine Le Pen, cheffe du RN, a justifié la censure en dénonçant la continuité de « choix technocratiques » d’Emmanuel Macron, réélu en 2022 mais dont la popularité est en chute libre. Elle a ajouté que le président doit « lui-même réfléchit à sa capacité à rester en fonction ».
Avant le vote, Michel Barnier a tenté de défendre son gouvernement, insistant sur la réalité des enjeux économiques : « La France consacre 60 milliards d’euros par an aux intérêts de sa dette, plus qu’à la défense ou à l’enseignement supérieur. Cette réalité ne disparaîtra pas par la magie d’une motion de censure », at-il vous ayant.
Quel avenir pour le PLFSS et les pharmacies ?
Le rejet de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) entraîne la suppression des mesures budgétaires qui y sont prévues, notamment celles en faveur des pharmacies. Parmi ces dispositions figuraient :
– L’expansion des remises commerciales sur les médicaments biosimilaires et hybrides ;
– Réduire le délai de substitution des biosimilaires de deux ans à un an ;
– L’instauration d’une dispense conditionnelle obligatoire en cas de risque de rupture.
La formation rapide d’un nouveau gouvernement pourrait permettre de présenter un texte intégrant les mesures les moins controversées, comme celles concernant les pharmacies. Selon plusieurs experts, un PLFSS 2025 pourrait encore être voté au cours du premier semestre 2025, mais des retards prolongés risquent de perturber la mise en œuvre des réformes.
Les marchés financiers en alerte
L’absence de budget voté pour la Sécurité sociale suscite des inquiétudes non seulement sur la continuité de la trésorerie de la Sécurité sociale, mais également sur la confiance des marchés financiers.
Les constitutionnalistes réclament l’élaboration d’un texte d’exception par décret pour garantir la continuité de l’État. Sans cela, la situation pourrait entraîner :
– Une hausse des taux d’intérêt, due à la perte de confiance des investisseurs ;
– Une hausse du coût des emprunts publics ;
– Un creusement du déficit budgétaire.
Ces tensions économiques risquent de s’ajouter à la crise politique actuelle, rendant d’autant plus urgente la nomination d’un nouveau gouvernement capable de rassurer les marchés et de relancer les réformes.
Avec l’AFP