De violents affrontements ont éclaté à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, faisant au moins un mort côté pakistanais. Ces affrontements surviennent peu après des frappes aériennes meurtrières pakistanaises sur le territoire afghan. Islamabad accuse des groupes armés de mener des attaques depuis l’Afghanistan, ce que Kaboul réfute. La situation reste très tendue dans cette région sensible…
La frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan est une nouvelle fois le théâtre de violents affrontements. Dans la nuit de vendredi à samedi, des échanges de tirs ont eu lieu entre paramilitaires pakistanais et forces afghanes, faisant au moins un mort et sept blessés côté pakistanais selon une source sécuritaire.
Ces affrontements surviennent quatre jours seulement après des frappes aériennes pakistanaises controversées visant l’est de l’Afghanistan. Selon Kaboul, ces raids ont tué 46 personnes, essentiellement des civils. Si Islamabad n’a pas officiellement confirmé avoir mené ces opérations, le Pakistan affirme mener des frappes dans les zones frontalières pour « protéger les Pakistanais des groupes terroristes ».
Tensions persistantes à la frontière
La région frontalière entre le Pakistan et l’Afghanistan est notoirement instable et sujette à la violence. Selon un haut responsable de la sécurité pakistanaise cité par l’AFP, les affrontements de la nuit dernière ont eu lieu dans au moins deux endroits du district de Kourram, côté pakistanais.
Une source au sein des autorités afghanes de la province de Khost a indiqué que les combats avaient contraint les habitants à fuir la zone, sans faire état de victimes afghanes. La porosité de la frontière et les différends entre Islamabad et Kaboul alimentent des tensions récurrentes.
Le Pakistan accuse les groupes armés basés en Afghanistan
Islamabad affirme que des factions telles que les talibans pakistanais TTP planifient et mènent des attaques contre le Pakistan depuis le territoire afghan. Un rapport de l’ONU de juillet estime qu’environ 6 500 combattants du TTP sont basés en Afghanistan, où ils bénéficieraient du soutien et de la tolérance des talibans afghans.
Nous voulons avoir de bonnes relations avec eux (Kaboul), mais il faut empêcher le TTP de tuer nos innocents. C’est notre ligne rouge.
Shehbaz Sharif, Premier ministre du Pakistan
Un responsable pakistanais a déclaré à l’AFP que les frappes aériennes de mardi avaient ciblé des « cachettes terroristes » en Afghanistan, tuant au moins 20 talibans pakistanais. Mais Kaboul conteste fermement ces allégations et dénonce la mort de nombreux civils, dont une vingtaine d’enfants selon l’Unicef.
L’ONU demande une enquête
Face à la gravité de la situation, la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (Manua) a demandé l’ouverture d’une enquête sur les frappes pakistanaises. Elle souligne l’importance de faire la lumière sur ces événements et d’en tirer des leçons pour éviter de futures tragédies.
Malgré les dénégations de Kaboul, Islamabad reste déterminé à empêcher ce qu’il considère comme des attaques terroristes lancées depuis l’Afghanistan. Le Pakistan a averti qu’il ne tolérerait pas que son « peuple innocent » soit pris pour cible. Une ligne rouge qui fait craindre une escalade des tensions si aucune solution diplomatique n’est trouvée.
Dans ce contexte explosif, la communauté internationale, et notamment les Nations Unies, ont un rôle crucial à jouer pour apaiser les tensions. Il est urgent d’encourager le dialogue et la coopération sécuritaire entre l’Afghanistan et le Pakistan afin d’éviter que la frontière ne devienne une poudrière incontrôlable aux conséquences désastreuses pour les populations civiles.
