Au milieu des pommiers, au bout d’un petit chemin au cœur du Pays d’Auge, Nicole Lambert et Cyril de Turckheim ont emménagé il y a trois ans dans une discrète chaumière normande. Leur fils Siegfried, 39 ans, et sa compagne Victoire vivent également ici, avec leurs enfants. Iris, leur fille de 36 ans, rénove la maison d’à côté. Dans ce cocon familial qu’elle a recréé à la campagne, loin de Paris, la créatrice de 76 ans continue de faire vivre sa joyeuse tribu de Triplés, personnages auxquels elle a donné naissance en 1983. Elle a publié cette année deux nouveaux albums, Le Bruit des bêtises et Nos mots d’enfants, et travaille sur un scénario pour le cinéma… Son Triplés donnez-lui l’énergie d’une jeune femme. Rencontre revigorante.
GALA : Les Triplettes ont eu 40 ans l’année dernière, que pensez-vous d’elles ?
NICOLE LAMBERT : Je réalise que je fais partie de l’enfance de milliers et de milliers de personnes sur plusieurs générations. Cela vaut la peine de disposer de quarante années supplémentaires pour en faire l’expérience. D’autant plus que je n’ai pas du tout l’impression de vieillir.
GALA : Qu’est-ce qui vous inspire pour vos histoires ?
Pays-Bas : Mon enfance, d’abord. Mes souvenirs sont inépuisables. Ma famille aussi bien sûr, je suis tout le temps entouré d’enfants.
CYRIL DE TURCKHEIM: Et les lettres des lecteurs…
Pays-Bas : Oui, ils m’envoient des mots, des bêtises… Certains parents ou grands-parents écrivent tout. Les paroles des enfants sont tellement extraordinaires, je suis fière d’avoir sauvé certains d’entre eux de l’oubli. J’en invente parfois mais ce n’est jamais si bon.
GALA : Avez-vous dû observer plus attentivement vos enfants ?
Pays-Bas : Oui, chaque fois qu’ils faisaient ou disaient quelque chose de drôle. Parfois ils étaient confus car après leurs bêtises, je les grondais et, une heure plus tard, j’exultais en disant que j’avais mon idée de la semaine. Ils n’ont pas compris.
GALA : Étaient-ils jaloux de leurs frères et sœurs de papier ?
Pays-Bas : Non, mais un jour, mon fils Siegfried a cassé la télé et nous a dit : « Ce n’est pas moi, ce sont les Triplés ! »
GALA : Cyril, vous avez votre propre carrière de compositeur de musique. Avez-vous déjà pris ombrage du succès de Nicole ?
CDT : Non, car ma carrière a commencé en même temps que Les Triplettes. Mais avec Madame FigaroNicole était plus exposée. Je ne me suis pas posé la question en fait, je me suis dit qu’on avait de la chance de faire le métier qu’on aime et de gagner de l’argent. Nous vivions dans un appartement à Paris, nos enfants étaient heureux. Après le bain, en robes de chambre, ils sont passés de mon studio d’enregistrement à l’atelier de Nicole, on leur a montré ce qu’on faisait, c’était super. Ce qu’on appelle la maison du bonheur.
GALA : Quand vous êtes-vous rencontrés ?
Pays-Bas : En 1971, sur les bancs d’une école de dessin. Nous sommes ensemble depuis 1973. J’avais 25 ans. Je me suis marié pour la première fois à l’âge de 16 ans et je n’étais pas encore officiellement divorcé. Avec Cyril, nous ne sommes pas mariés depuis plus de 50 ans.
CDT : Pourtant, elle le voulait, même si elle prétend le contraire !
Pays-Bas : Je ne veux pas me marier parce que j’adore quand tu me proposes. Par contre, ce qui est formidable dans la vie, c’est d’être encore avec le grand-père de ses petits-enfants.
CDT : Nous nous chamaillons mais nous n’avons jamais eu de sentence blessante, qui est souvent la cause d’une séparation.
GALA : Pourquoi êtes-vous venu vous installer ici en Normandie ?
Pays-Bas : Nous avons suivi notre fils, tombé amoureux d’une Normande, ils ont trois enfants. Nous avons acheté cette maison qui était à vendre dans leur village. Une vraie ruine. Notre fille est en train de réparer celle d’à côté. Toute la tribu a migré ici, on voit tout le temps nos petits-enfants, c’est un rêve. Je n’aurais jamais pensé que ma vie changerait autant, ayant toujours vécu à Paris.
CDT : Quand nous avons vu cette maison, je ne voulais pas que quelqu’un l’achète parce qu’elle était tellement délabrée. Mais Nicole a insisté. Ensuite, elle a dessiné tous les plans, jusqu’au positionnement des interrupteurs. J’ai participé aux travaux. Le coin cuisine tout en bois a été réalisé par mes soins. Pays-Bas : C’est un endroit où j’aime travailler. Avec ses grandes fenêtres, cette cuisine est baignée de lumière. Elle est le cœur de notre maison.
GALA : Combien de temps comptez-vous continuer Les Triplets ?
Pays-Bas : Je ne pense pas que je mourrai un jour, donc je ne sais pas ! Très sincèrement, j’aimerais qu’ils me survivent. Ils me font tellement rire.
Cet article est à retrouver dans le Gala N°1645, disponible en kiosque le 19 décembre. Pour suivre l’actualité en direct, vous pouvez rejoindre Fil WhatsApp de Gala . Le nouveau numéro de Gala est en kiosque à partir de ce jeudi 26 décembre 2024. Bonne lecture.