Le carnet retrouvé par les forces spéciales ukrainiennes montre le profond endoctrinement des soldats nord-coréens.Getty/Watson
Les forces spéciales ukrainiennes affirment avoir mis la main sur des extraits du journal d’un officier nord-coréen tué sur le front près de Koursk.
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Quelques lignes tracées à l’encre noire, en coréen, sur papier jauni.
« Ayant quitté mon pays et étant en Russie, je souhaite à mon bon ami Song Ji-myung un joyeux anniversaire et une bonne santé. 9 décembre 2024 »
C’est comme ça que ça commence le dernier témoignage de Gyong Hong-jong, un officier nord-coréen tombé sur le front près de Kourskexhumé par les forces spéciales ukrainiennes et publié le 24 décembre.
Le soldat, envoyé en Russie sous une fausse identité touva pour cacher l’implication de Pyongyang, avoue dans son carnet une faute mystérieuse, un péché politique : “J’ai commis une faute très grave en protégeant le camarade commandant suprême, quitte à trahir.”
Sa punition ? Un exil armé en Russie. Une rédemption par le sacrifice, qui ne semble guère déranger l’officier, qui exprime toujours sa loyauté envers le régime de Kim Jong-Un.
« Je rejoindrai les premières lignes de cette opération et sacrifierai ma vie. Je suivrai inconditionnellement les ordres du camarade commandant suprême. »
Gyong Hong-jong
Manuel de tactiques de survie et de combat
Au-delà des mots de contrition, le carnet révèle une discipline militaire nord-coréenne archaïque mais précise. Par exemple, un schéma rudimentaire explique comment détourner et détruire un drone FPV : un soldat attire l’appareil, tandis que deux autres se tiennent prêts à l’abattre. Autre tactique griffonnée : survivre sous les bombardements en se dispersant en petits groupes ou en se réfugiant dans des cratères encore fumants.
“Comme l’artillerie ne tire pas au même point, vous pouvez vous cacher au point d’impact (précédent) puis sortir de la zone de tir”
Ces fragments racontent bien plus qu’une simple histoire individuelle. Ils révèlent une alliance discrète mais grandissante entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine. Après avoir envoyé des millions d’obus, la Corée du Nord a déployé environ 10 000 soldats en octobre dernier. Une manœuvre stratégique. Pour la Russie, pour combler les lacunes d’une armée exsangue, pour la Corée du Nord, pour offrir à ses hommes une expérience du feu qu’ils n’ont pas connue depuis 1953.
De ce côté du front, les soldats nord-coréens sont tombés par centaines, sacrifiés pour une cause qui n’était pas la leur. Cependant, Gyong Hong-jong semble toujours croire au prix du sacrifice :
« Défendre la patrie est un devoir sacré, la plus haute mission »
Des mots d’une fidélité glaciale, perdus quelque part entre les tranchées boueuses et les cieux striés de drones. Selon l’armée ukrainienne, environ 1.000 soldats nord-coréens ont été tués ou blessés depuis le début de leur implication dans le conflit. (mbr)
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