Après la détection d’un premier cas grave de grippe aviaire chez l’homme et de nouvelles contaminations chez les félins, la propagation du virus H5N1 suscite l’inquiétude aux Etats-Unis, même si les experts refusent de céder à la panique.
Les autorités sanitaires américaines ont annoncé le 18 décembre qu’un patient âgé souffrant d’autres pathologies avait été hospitalisé dans un « état critique » en Louisiane après avoir contracté la grippe aviaire, une première dans le pays.
Selon un séquençage rendu public jeudi, une petite partie du virus H5N1 retrouvé dans la gorge de ce patient présente des modifications génétiques qui pourraient le rendre plus adapté aux voies respiratoires supérieures humaines (du nez au larynx).
Ces mutations ont été « probablement générées lors de la réplication du virus chez le patient », ont indiqué les Centres américains de prévention et de contrôle des maladies (CDC).
“Les virus à ARN sont connus pour muter à l’intérieur de leurs hôtes, et ces mutations sont bien sûr inquiétantes”, a réagi à l’AFP Rebecca Christofferson, chercheuse à la Louisiana State University.
Mais « la bonne nouvelle est qu’il ne semble y avoir aucune preuve suggérant que le virus est devenu plus transmissible, car aucun autre cas n’a été associé à celui-ci », a-t-elle déclaré. .
– Épizooties –
Depuis plusieurs mois, les États-Unis sont confrontés à une épizootie – l’équivalent d’une épidémie chez les animaux – de grippe aviaire.
Le nombre croissant de mammifères infectés par la maladie inquiète les experts, qui craignent qu’une circulation élevée ne facilite une mutation du virus qui lui permettrait de passer d’un humain à l’autre.
Dans le cas du patient de Louisiane, les mutations génétiques observées constituent “une étape nécessaire pour qu’un virus devienne plus contagieux”, mais “ce n’est pas la seule” nécessaire, a insisté auprès de l’AFP Angela Rasmussen, virologue à l’Université de Saskatchewan au Canada. .
Des changements similaires ont déjà été observés dans le passé chez des patients gravement malades infectés par la grippe aviaire, et n’ont pas encore entraîné une augmentation de la transmissibilité du virus à l’homme, soulignent les experts.
Pour Thijs Kuiken, du centre médical universitaire Erasmus aux Pays-Bas, ces dernières mutations génétiques pourraient également conduire à des infections moins graves, le virus devenant « plus susceptible » d’« infecter les voies respiratoires supérieures » et donc de provoquer un écoulement nasal ou des maux de gorge. , plutôt que d’affecter les voies respiratoires inférieures et de provoquer une pneumonie.
– Aliments contaminés –
Hormis ces modifications génétiques, c’est plutôt le niveau de circulation du virus qui inquiète les chercheurs.
Outre ce patient originaire de Louisiane, 65 cas bénins de la maladie ont été détectés chez l’homme aux Etats-Unis depuis le début de l’année, et d’autres auraient pu passer inaperçus, selon le CDC.
Cette circulation du virus augmente la probabilité qu’il se mélange à celle de la grippe saisonnière, risquant de déclencher un processus similaire à ceux qui ont conduit aux pandémies grippales de 1918 et 2009, selon Angela Rasmussen.
Les autorités sanitaires surveillent également de près l’augmentation des cas de grippe aviaire chez les félins.
Dans l’Oregon (nord-ouest), un chat est mort après avoir consommé de la nourriture crue pour animaux, confirmée par des analyses comme étant contaminée par le virus H5N1.
Vingt félins infectés par la grippe aviaire sont également morts dans un refuge de l’Etat de Washington (nord-ouest), a annoncé sur Facebook une association locale de défense des animaux.
Selon Angela Rasmussen, les chats contaminés pourraient exposer leurs propriétaires à un « risque » de contracter la maladie lors de contacts étroits.
La grippe aviaire A (H5N1) est apparue pour la première fois en 1996, mais depuis 2020, le nombre de foyers chez les oiseaux a explosé et un nombre croissant d’espèces de mammifères ont été touchées.