Une majorité de conducteurs solitaires, des poids lourds, une poignée de bus Rémi, quelques taxis… Scène quotidienne sur la RD959, qui relie Tours à Château-la-Vallière, au nord-ouest de Tours. Les habitants y vivent avec l’impression d’être coincés quelque part entre Tours, Angers (Maine-et-Loire) et Le Mans (Sarthe).
“S’ils nous retirent notre permis après 80 ans, nous mourrons”
« Sans la voiture, nous ne sommes rien. Nous sommes dépendants pour avoir du pain, aller chez le médecin, faire les courses… Le pire c’est que ça a toujours été comme ça”regrettent Jacqueline et Claude Boileau, 76 et 84 ans. Le couple, rencontré sur la commune de Souvigné, réside à Savigné-sur-Lathan depuis 1968.
« Tant que je peux conduire, tout va bien. S’ils nous retirent notre permis après 80 ans, nous mourrons.Jacqueline s’énerve. Claude ne peut plus conduire. “S’il y avait le train, nous le prendrions, assure-t-il. Ils laissent pourrir les voies ferrées de Savigné-sur-Lathan, Souvigné et Sonzay. »
Un peu plus loin, Vincent, l’un des rares à se déplacer à pied dans la commune, revient de la garderie avec son fils. « C’est vrai qu’on se sent loin de tout, il partage. Je ne sais pas comment font les seniors. Souvent, je vois des gens faire du stop pour rejoindre la navette pour Tours depuis Château-la-Vallière. Cela prend 1h15, c’est très long. »
“C’est un budget”
Employé d’une entreprise métropolitaine, le jeune père de famille a opté pour le télétravail à 100 %. Une question de confort et de finances. « Avant, j’allais à Tours trois fois par semaine, contextualiser Vincent. Il faut compter sur un réservoir et demi, c’est un budget. » Comment envisage-t-il la mobilité de son fils ? Il est encore tôt pour se poser la question.
« Quand vous achetez une maison ici, vous ne pensez pas à vos enfants plus tard. Chaque jour, les jeunes se plaignent de l’offre insuffisante de transportsjuge le seul commerçant d’une commune voisine. La gare la plus proche est celle de Langeais, à 22 km. Ils doivent aller au lycée à Tours et il est toujours difficile d’envisager un apprentissage ou une formation. »
En effet, la mobilité est “un véritable obstacle” pour les jeunes, «surtout après 14 ans»précise Alexandre Gauron, le directeur de l’Agora, l’association socioculturelle de Langeais qui couvre vingt-huit communes. « Après le collège, ils sont rattachés à Chinon pour le lycée. On sait très bien que les longues journées contribuent au décrochage scolaire »il analyse.
Une des premières préoccupations des jeunes, des gens en général. « Les transports en commun ne répondent pas à tous nos besoins. Le transport solidaire est l’intention, mais ce n’est pas non plus l’idéal. Il y a un manque de connexions entre les zones rurales »continues Alexandre Gauron. As for the Tours-Langeais line, “ce n’est pas une panacée”.
Parmi ses collègues, “très peu” prendre le train : « Souvent, les horaires ne fonctionnent pas. » Qu’attend-il du futur service express régional métropolitain (Serm) ? Pas beaucoup. “Quand on voit que ça va prendre des années rien que pour Fondettes, ça fait peur”, concède-t-il.
Une dynamique de progrès
Plus au nord, à Saint-Paterne-Racan, le maire Éric Lapleau voit ce projet d’un bon œil : « La ligne Tours-Le Mans est encore la moins bien desservie. Ce n’est pas parfait, mais la dynamique de progrès est là. Pendant des années, on a vu passer des trains qui ne s’arrêtaient pas. » Depuis peu, ils s’y arrêtent deux fois le matin, deux fois le soir.
Un tarif qu’Éric Lapleau espère voir augmenter, avec un train toutes les heures : « Je veux que ce projet du Serm aille au bout. » En attendant, elle peut s’appuyer sur l’autopartage, grâce à l’expérimentation dont bénéficie sa communauté de communes, Gâtine-Racan. « La seule voiture en autopartage dont nous disposons est louée vingt-deux jours par mois, c’est-à-dire chaque jour où nous travaillons ! “, conclut-il.
en chiffres
> 4 lignes Les bus Rémi desservent le nord-ouest de Tours ;
> 2 postes in Langeais and Saint-Paterne-Racan;
> 3 voitures le covoiturage sera mis en service par la Région en 2025 à Château-la-Vallière, Savigné-sur-Lathan et Coteaux-sur-Loire ;
> 10,8 millions d’euros (M€) le coût annuel d’exploitation des lignes régulières, du transport à la demande et de l’autopartage pour la Région ;
> 15 M€ pour le transport scolaire ;
> 100 M€ ont déjà été investis ou sont désignés par la Région pour le ferroviaire : sauvegarde des lignes Tours-Loches, Tours-Chinon, La Membrolle-Dourdan et les premières actions du Serm.