L’animateur de l’émission Le courant, Jérémy Laniel, vous propose quelques recommandations de livres que vous avez peut-être manqués en 2024 et qui ont marqué les esprits.
ThédorosMircea Cartarescu, Éditions Noir sur Blanc.
Theodoros raconte la vie d’un fils de servante d’origine grecque travaillant quelque part en Valachie. Ce dernier quittera sa ville natale pour Bucarest, la grande ville, où il deviendra tantôt amant, tantôt brigand, avant de s’inventer pirates sur les mers helléniques et de devenir enfin Téwodros II, empereur d’Ethiopie.
Photo: - / Jérémy Laniel
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu un livre aussi ambitieux, tant dans la forme que dans le contenu ; un livre qui se présente à nous comme un objet sacré, une vie offerte faite de victoires grandioses et d’échecs terribles, d’amours impossibles et de haines malveillantes.
Théodoros, de l’écrivain roumain Mircea Cartarescu, c’est tout cela et bien plus encore. Le roman raconte la vie d’un fils de servante d’origine grecque travaillant quelque part en Valachie. Ce dernier quittera sa ville natale pour Bucarest, la grande ville, où il deviendra tantôt amant, tantôt brigand, avant de s’inventer pirates sur les mers helléniques et de devenir enfin Téwodros II, empereur d’Ethiopie.
C’est un livre impossible et gargantuesque que nous offre Cartarescu, un roman de cape et de poignard, d’amour et de politique, un livre au langage si riche qu’il épouse à merveille l’ambition de l’auteur et de son protagoniste, une fiction historique qui nous fait douter. absolument tout tellement qu’on a envie d’y croire et quand on le ferme enfin, on se rend compte du tour de force qui nous a été offert, le livre total qu’on a entre les mains, quelque chose comme une offrande des dieux, un livre sacré. Un chef d’oeuvre, en somme.
Bien-êtreNathan Hill, Éditions Gallimard.
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Well-Being raconte l’histoire de Jack et Elizabeth, lui artiste, elle universitaire. S’ensuit une vie de mariage et de maternité, d’accès à la propriété et de paternité, autant d’étapes majeures qui cimentent le rêve américain tout en démontrant habilement comment les fondements de ce rêve continuent de briser l’entrée dans le XXIe siècle.
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Il suffit de quelques pages pour se rendre compte qu’on a affaire à un grand écrivain lorsqu’on aborde le roman le plus récent de Nathan Hill, un jeune romancier américain qui, force est de constater, a fait sa balance et ses devoirs, car rapidement, un le souffle romantique porte son histoire.
Dans un Chicago hivernal du début des années 90, l’auteur présente une histoire de coup de foudre, celle de Jack et Elizabeth, lui artiste, elle universitaire. Lui issu d’un environnement plus pauvre et rural, elle d’un environnement légèrement plus urbain et aisé. S’ensuit une vie de mariage et de maternité, d’accès à la propriété et de paternité, autant d’étapes majeures qui cimentent le rêve américain tout en démontrant habilement comment les fondements de ce rêve continuent de briser l’entrée dans le XXIe siècle.
Bien-être est une véritable charge sur la culture psycho pop, où tout semble pouvoir se résoudre avec un peu de bonne volonté, le roman est approfondi sans jamais être lourd et permet de suivre ce couple dans toute sa complexité, mais son amour aussi, car au final c’est tout ce qui nous unit et surtout ce qui nous permet de continuer à avancer.
MoniqueDaniel Clowes, Delcourt.
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Le livre Monica tente de retracer les origines de cette femme, que sa mère l’a abandonnée très jeune sur le porche de ses parents, même si elle n’a jamais connu l’identité de son père biologique.
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Ce doit être l’un des premiers livres que j’ai lu en 2024 et qui, 12 mois plus tard, a toujours une emprise sur moi. J’ai osé, en janvier, en parler comme peut-être du meilleur roman graphique de l’année et je pense que je n’avais pas tort.
Monique de Daniel Clowes peut paraître étrange au premier abord, sans compter qu’il s’agit d’un livre presque impossible à résumer. À travers plusieurs histoires, l’écrivain tente de retracer les origines de Monica, que sa mère l’a abandonnée très jeune sur le porche de ses parents alors qu’elle n’avait jamais connu l’identité de son père biologique.
A partir de cette histoire de filiation assez classique, Clowes démontre l’étendue de son talent en proposant de nombreuses ruptures de ton et de genre dans les différentes parties de l’ouvrage. De l’horreur à la science-fiction en passant par l’autofiction et les romans de guerre, le lecteur doit être prêt à faire confiance au dessinateur de bandes dessinées pour parcourir ces pages, mais le jeu en vaut vraiment la peine car il en résulte une somme habile et bien exécutée, une somme efficace. roman graphique qui multiplie les références aux genres qui ont formé Daniel Clowes. Une lecture délicieuse.
Poésie franco-occidentale 1974-2024, JR Léveillé, Éditions du Blé.
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L’ouvrage Poésie franco-occidentale 1974-2024 dresse un panorama dans le temps et dans l’espace de ce qui a fait et consolidé la poésie et la littérature dans l’Ouest canadien.
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Il existe peu de livres qui permettent de voyager à travers l’Ouest canadien à moindre coût, et pourtant c’est exactement ce que propose l’anthologie. Poésie franco-occidentale 1974-2024.
JR Léveillé et ses acolytes nous offrent un aperçu dans le temps et dans l’espace de ce qui a fait et consolidé la poésie et la littérature de l’Ouest canadien. D’un poème à l’autre, on se rend compte de ce qui unit cette francophonie sur le territoire, mais aussi des spécificités de chacun que l’on retrouve parfois dans la langue, dans les thématiques, dans la manière.
Sept provinces et territoires, cinquante ans de poésie, soixante et onze poètes, plus de deux cents poèmes. Un livre qui se présente comme une somme d’écrits passés, mais aussi comme un appel à poursuivre ce projet aussi éphémère qu’éternel, mais toujours aussi nécessaire : la vitalité de la littérature des communautés francophones d’ici. Un livre dont nous parlerons encore longtemps.
Le Club des Enfants Perdus, Rebecca Lighieri, POL
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Le Club des Enfants Perdus raconte l’histoire de Miranda, l’enfant d’un couple d’acteurs de renom élevé au cœur de Paris.
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Emmanuelle Bayamack-Tam, alias Rebecca Lighieri, fait partie des écrivains dont les livres ne me manquent plus car la qualité et la diversité de sa production étonnent à chaque parution. Son dernier livre ne fait pas exception.
Le Club des Enfants Perdus raconte l’histoire de Miranda, l’enfant d’un couple d’acteurs de renom élevé au cœur de Paris. Au grand désarroi de ses parents, Miranda est parfois étrange, à tel point que sa grand-mère paternelle lui a déjà diagnostiqué probablement une demi-douzaine de maladies. Dans un premier temps, l’histoire nous est racontée par Armand, le père de Miranda, qui entretient de bonnes relations avec sa fille, malgré le fait qu’il est incapable de ressentir son nouveau petit ami, Swann, un pervers narcissique qui, au grand mécontentement, souhaite devenir un acteur aussi. Plus le livre avance, plus on se rend compte que la pauvre et fragile Miranda n’est peut-être pas aussi impuissante qu’on pourrait le penser.
Le Club des Enfants Perdus est un livre qui nous emmène aux confins du fantastique, sans lésiner sur les clins d’oeil à Alice au pays des merveilles et ces pouvoirs inhérents à l’enfance.