Badr Tadlaoui
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20h25 – 26 décembre 2024
Le groupe Akwa, dirigé par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch, continue d’étendre sa position dominante dans les secteurs stratégiques du Maroc. Afriquia SMDC-Afriquia Gaz, sa filiale phare, a remporté récemment un contrat d’une valeur de 2,4 milliards de dirhams (MAD), relatif à la fourniture et à la livraison de fioul standards et spéciaux aux différents sites de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). Ce contrat, attribué à la suite d’un appel d’offres lancé le 5 décembre, a fait l’objet de vives critiques, non seulement en raison de son montant considérable mais aussi des enjeux politiques et économiques qu’il soulève.
Le contrat a été attribué à Afriquia Gaz après avoir battu son seul concurrent, Atlas Sahara, filiale de Derhem Holding. Cette dernière, malgré une offre de 3,97 milliards de dirhams, n’a pas réussi à remporter l’appel d’offres. Ce marché, passé quasiment inaperçu, ne manque pas de relancer les critiques sur l’omniprésence des entreprises liées à Aziz Akhannouch sur les marchés publics. L’attribution récente de ce contrat intervient après la polémique liée à un autre grand projet attribué à ses entreprises, à savoir la construction de la station de dessalement d’eau de mer à Casablanca. Ce projet, qui devrait devenir le plus grand du genre en Afrique, est également réalisé en consortium avec la société espagnole Acciona, pour le compte de l’ONEE. La nature de ces contrats soulève des questions sur la séparation entre intérêts publics et privés et alimente les critiques des opposants politiques, notamment du Parti de la justice et du développement (PJD) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS), qui dénoncent une concentration excessive des marchés publics dans le secteur public. mains du même groupe.
Derrière ces défis se cache une question plus large sur la transparence des procédures de passation des marchés publics et la régulation du secteur privé au Maroc. Si le gouvernement d’Aziz Akhannouch affirme que ces projets sont essentiels pour le développement économique et les infrastructures du pays, l’opposition voit dans ces contrats une gestion opaque, où les liens personnels et politiques semblent jouer un rôle déterminant dans la répartition des marchés publics. .
Malgré les accusations de favoritisme, le groupe Akwa et ses filiales continuent d’accumuler des contrats gigantesques dans des secteurs stratégiques, renforçant leur poids économique et politique. L’enjeu est de taille : Aziz Akhannouch ternit la crédibilité des réformes qu’il défend. Le secteur énergétique, central au Maroc, semble se transformer en un champ de bataille où s’affrontent des préoccupations qui dépassent les simples questions de gestion des ressources naturelles et de marchés publics.