Fausto Carioti
18 décembre 2024
Une fois les élections européennes organisées, la Commission installée et le nouvel équilibre politique évalué, Ursula von der Leyen peut enfin franchir ce pas à droite dans la lutte contre l’immigration irrégulière que le gouvernement italien attendait. La lettre du président de la Commission aux dirigeants des Vingt-Sept fait partie du rituel précédant le sommet qui commence aujourd’hui à Bruxelles, mais arrive au moment où la gauche attire une fois de plus l’attention sur les centres en Albanie. Ce que Giorgia Meloni promet de faire fonctionner, malgré son blocage par les magistrats.
Dans l’ordre du jour envoyé aux dirigeants des pays de l’UE par le socialiste portugais António Costa, nouveau président du Conseil européen, il est prévu de repartir des conclusions de la réunion précédente, qui a eu lieu en octobre : dans ce document, les chefs de l’État et du gouvernement, ils ont proposé d’évaluer « de nouvelles façons de prévenir et de combattre la migration irrégulière, conformément au droit européen et international ». Formule interlocutoire, en raison de la nécessité d’attendre la naissance de la nouvelle Commission. Une question qui a été résolue entre--, de manière satisfaisante pour les conservateurs et pas du tout appréciée par les socialistes et les Verts : un représentant du Fdi comme Raffaele Fitto s’est vu confier le rôle de vice-président exécutif.
Nous pouvons désormais franchir le pas qu’attendaient Meloni et d’autres chefs de gouvernement. La première promesse de Von der Leyen est qu’«un cadre législatif plus solide dans le domaine des retours sera l’une des premières propositions majeures du nouveau gouvernement, et une proposition pour une nouvelle approche commune en matière de retours sera présentée avant le Conseil européen.» en mars».
Le président de la Commission penche également pour le « modèle albanais », comme cela ne s’est jamais produit auparavant. « Nous approfondissons notre analyse sur les moyens innovants de lutter contre l’immigration clandestine, en suivant les priorités signalées par les États membres », écrit-il. Notamment, « des discussions sont en cours pour mettre en pratique l’idée de centres de rapatriement dans des pays tiers », comme ceux albanais.
Une partie importante de cet effort concerne le jeu qui se joue avec la Cour de justice de l’Union européenne. C’est un arrêt de cet organisme, chargé de veiller à l’application uniforme du droit communautaire, qui a donné la possibilité aux magistrats italiens de ne pas valider la détention des migrants amenés en Albanie. La décision des juges européens – du moins selon les juges italiens – a mis à mal le concept d’un pays tiers « sûr » : un pays dont les citoyens peuvent être emmenés en Albanie pendant que leur demande d’asile est examinée, et rapatriés si elle est rejetée.
La Cour de justice de l’Union européenne a été mise en cause par le tribunal de Rome et rendra son arrêt dans quelques mois, mais la solution définitive serait l’élaboration d’une liste « officielle » de pays sûrs établie par l’Union elle-même, plutôt que de – comme cela se produit actuellement – par les législateurs nationaux. Cela ne devrait se produire qu’en juin 2026, lorsque le nouveau Pacte sur les migrations entrera en vigueur. Meloni, hier également, a demandé d’avancer les délais, et von der Leyen est d’accord : « Nous avons déjà demandé à l’Agence européenne pour l’asile d’accélérer son analyse des pays tiers spécifiques qui pourraient être désignés comme pays d’origine pays tiers sûrs et sûrs, dans le but d’élaborer des listes au niveau de l’UE ».
Après tout, la collaboration avec des États extérieurs est le seul outil qui fonctionne. La présidente de la Commission souligne elle-même qu’« au cours des onze premiers mois de cette année, les données relatives aux franchissements irréguliers des frontières vers l’UE ont diminué de 40 % par rapport à 2023 ». Les chiffres sur la route de la Méditerranée centrale, celle impliquant l’Italie, dont le trafic a diminué de 59%, sont également « encourageants ». Pour cette raison, explique von der Leyen aux dirigeants nationaux, « nous continuons à renforcer les relations mondiales et stratégiques avec les principaux pays d’origine et de transit ».
Parmi les exemples positifs, il cite les accords avec la Tunisie, l’Egypte, la Libye et le Maroc. Les arrivées en Italie en provenance notamment de Tunisie se sont effondrées de 80 % en l’espace d’un an. Le système qu’Elly Schlein accuse de « sous-traiter le contrôle des frontières sans tenir compte du respect de la démocratie et des droits de l’homme » est aussi le modèle que l’UE entend désormais étendre à plus grande échelle. Pour le Parti démocrate et d’autres forces de gauche, la nouvelle législature européenne ressemble de plus en plus au pire des cas.