La Madone est là, immobile, immobile. Un enfant serre sa poitrine, comme tous les enfants du monde l’ont toujours fait. Mais elle ne peut pas. Cela échoue. Quelque chose d’invisible et de puissant la tient immobile. Sa fonction – l’allaitement, l’amour qui nourrit – est interrompue. C’est une image qui reste dans l’esprit comme une blessure, Le dernier ouvrage de Banksy: une Madone incapable de nourrir son enfant.
La Madone qui ne peut pas allaiter : Banksy et le refus de la maternité
C’est un geste ancien, gravé dans l’histoire de l’art et dans l’imaginaire collectif : la Madone à l’enfant, l’icône du soin, de la douceur. Giotto, Raphaël, Piero della Francesca : des générations d’artistes ont représenté la maternité comme un acte de grâce, un lien qui transcende le -. Mais pas Banksy. Banksy creuse, décompose, ôte la voix aux images rassurantes et nous montre l’autre face. La Madone incapable d’allaiter n’est pas seulement une image religieuse : c’est un symbole social, une provocation politique.
À quoi Banksy fait-il allusion ? Peut-être à la crise de la maternité moderne, aux femmes écrasées par le monde qui les entoure, incapables de remplir les rôles que la société leur impose. Peut-être à cause du manque de ressources, de la pauvreté, de la faim qui touche des millions de mères dans le monde. Peut-être encore à la nature qui n’est plus en mesure de donner. C’est notre époque qui parle, à travers ce travail. C’est une maternité niée dans un monde qui demande trop et offre trop peu.
Banksy sait frapper. Il le fait avec une simplicité surprenante, soustrayant plutôt qu’ajoutant. Ici, il n’y a pas de colère, il n’y a pas d’action : il y a une impasse, une impossibilité. La Madone est le symbole du soin, mais dans son regard on peut lire la perplexité. Et l’enfant, celui qui aurait dû être sauvé, reste là, attendant un geste qui ne viendra pas.
Le lieu des travaux est encore inconnu. Banksy, comme toujours, joue avec l’anonymat et la surprise. Mais cette image, dans le silence dans lequel l’artiste l’a laissée, voyage déjà à travers le monde. Et elle restera gravée, telle une icône de notre époque : puissante, irrésolue, déchirante.
