mouetteOn ouvrait les cadeaux de Noël, mais il voulait dormir pour se remettre en forme pour l’entraînement.
Installée juste à côté, sa mère rappelle que cette complicité s’est créée durant la jeunesse du gardien. « Matthieu a toujours rêvé de jouer à Sclessin, de défendre les couleurs du Standard. Depuis qu’il est enfant, il dit que c’est un stade unique, avec une atmosphère magnifique. Aujourd’hui, il salue les supporters avant et après un match. Il prend toujours soin d’eux.
Dimanche après-midi, les parents de Matthieu Epolo nous ont accueillis pendant plus d’une heure dans un espace de coworking situé au cœur de Diegem. Pour nous parler d’un garçon de dix-neuf ans qui déchaîne les passions depuis ses débuts au plus haut niveau en avril dernier.
Son - sur le banc
Les cinq buts encaissés sur la pelouse de Gand à la mi-novembre étaient de trop. Même s’il a été l’unique auteur du dernier but, Matthieu Epolo a été la principale victime de cette gifle. « Il m’a appelé pour me dire qu’il ne jouerait pas le prochain match. J’étais déprimé, mais il m’a immédiatement dit de ne pas m’inquiéter. Sa réaction m’a aidé à me remettre sur pied, rapidement, car j’ai compris que mon fils était devenu un homme, capable de gérer ses problèmes avec une grande maturité.”explique sa mère.
Quelques jours après le match contre le Cercle, il reçoit une visite surprise de son père. «Je voulais savoir ce qu’il ressentait. Je lui ai dit que s’il abandonnait, il ne retrouverait jamais sa place. Matthieu m’a directement cité l’exemple de plusieurs joueurs de sa génération qui n’avaient pas réussi à se remettre mentalement de leur relégation sur le banc. Il n’a pas voulu suivre cette trajectoire. Il s’est immédiatement remis au travail et cela a payé.
mouetteS’il avait baissé les bras sur le banc, il n’aurait jamais retrouvé sa place.”
Le soutien de sa famille lui a permis de surmonter cette épreuve. « Matthieu a quitté la maison très tôt et a toujours été une personne indépendante. Il n’était pas nécessaire de lui dire quoi faire, car il l’avait bien compris tout seul. Il est ambitieux et est conscient qu’il devra à nouveau subir de telles épreuves à l’avenir.”poursuit Martin, son frère, qui joue à Blankenberge.
La sua partita contro Beerschot
La blessure d’Arnaud Bodart a précipité son retour. Impuissant face au but de Ricca contre Louvain, il a une nouvelle fois suscité la polémique après un coup de poing qui a accéléré la qualification de Genk pour les huitièmes de finale de la Coupe de Belgique. Il a donné sa réponse le week-end dernier. Ses six arrêts ont permis au Standard d’arracher un point sur la pelouse du Beerschot. “C’est peut-être son meilleur match avec l’équipe première, mais j’ai aussi beaucoup aimé sa prestation à Courtrai”se souvient de son frère.
« Je lui ai dit que ce serait un match décisif. Le Beerschot est une équipe dangereuse, même si elle occupe la dernière place du classement.continue son père. Lorsqu’il est sorti après quatre minutes de jeu, mon fils Malcolm m’a dit qu’il était sûr que Matthieu ferait un bon match. Quelques instants plus tard, il a magnifiquement volé sur le tir adverse et ce sentiment s’est confirmé.”
Ses parents comptent sur la confiance que leur enfant reçoit sur les bords de Meuse, tant de la part de Jean-François Gillet, qui fait office de “parrain”, ou le club, « qui a toujours su prendre soin de lui, même dans les moments les plus difficiles. Mais personne dans notre famille ne considère cette belle performance comme une revanche sur les événements des dernières semaines. »Christelle Epolo précise.
Critiques
Matthieu Epolo peut se rassurer : les escales à Kiel lui permettront de passer une semaine tranquille. Depuis le début de la saison, le gardien a dû faire face à des critiques tantôt justifiées, tantôt acerbes. « Personne n’est unanime. Lorsqu’un club décide d’aligner un jeune joueur, il doit accepter qu’il commette telle ou telle erreur. Samedi, un de nos enfants nous disait encore que le rôle de gardien était particulièrement ingrat, car si Matthieu s’était trompé dans les dernières minutes, tout le monde aurait oublié ses nombreux arrêts.”sourit sa mère.
mouetteIl n’a raté qu’un seul match : contre Anderlecht.
De nombreux adeptes estiment que le gardien de 19 ans a déjà coûté trop de points à son équipe. « Dans ce cas, vous devez me donner quelques exemples. Contre Saint-Trond ? L’arbitre a refusé le but et le Standard a remporté le match. À Gand ? C’était déjà 4-0 et il ne restait que quelques minutes. Selon moi, il n’a raté que lors du match contre Anderlecht. Ce week-end-là, d’autres gardiens avaient commis de petites erreurs, mais dans les médias, seule l’idée de Matthieu a été évoquée.»analyse son père.
Ce manque de performance lors du Clasico l’a particulièrement affecté. « Après le match, je l’ai vu assis sur le banc du staff technique. Il était déprimé, comme s’il ne pouvait pas digérer ce qui venait de se passer. Il est toujours le premier à critiquer ses propres matches, c’est une personne très humble, donc je ne comprends pas pourquoi certains disent qu’il a une attitude hautaine sur le terrain. On confond peut-être confiance, sécurité et prétention.
Son caractère
Christelle Epolo pense toujours que ce passage au banc aurait pu avoir lieu “casser” s’il n’avait pas fait preuve d’une grande force de caractère. Cette force mentale et ce sens du travail sont souvent salués au Standard. “C’est un travailleur acharné.”Ivan Leko l’a répété samedi dernier.
Matthieu Epolo a impressionné à Beerschot et a reçu une standing ovation de ses supporters : “Ses nombreux arrêts montrent que c’est un grand gardien”
Sa mère ne peut que confirmer ces propos. « Il n’était pas satisfait de son niveau de jeu lors de sa première saison en Challenger Pro League. Pendant les deux semaines de repos hivernal, il s’est reposé pendant trois jours puis a repris l’entraînement. Pendant les vacances d’été, il a fait d’autres exercices à Sterrebeek. Il était si fatigué qu’il s’est endormi dans le bus. Matthieu sait très bien où il veut aller et utilise tous les outils à sa disposition pour y arriver L’année dernière nous avons organisé un déjeuner de Noël avec toute la famille. Nous étions en train de déballer tous les cadeaux, mais il nous a dit qu’il devait se coucher pour être en forme pour l’entraînement du lendemain. Cela montre son désir de réussir.
Selon ses parents, Matthieu Epolo n’est pas un jeune homme comme les autres. « Ce n’est pas un fêtard. Lorsqu’il sort, il ne reste qu’une heure ou deux, puis rentre chez lui. En vacances, il veille à partir avec des amis qui sont dans le même état d’esprit que lui. C’est ce que disent les gens qui veulent travailler et se coucher tôt.confirme son père.
Son petit frère, Malcolm
Matthieu Epolo n’est pas le seul représentant de la famille au Standard. Son petit frère, Malcolm, est considéré comme un véritable espoir pour le club. « Malcom n’a pas joué avec des jeunes de sa tranche d’âge depuis deux ans en raison de sa taille. Parfois, il a du mal à le comprendre. On ne peut pas le rassurer, mais Matthieu s’en chargera. Merveille.”
Il y a quelques mois, lors d’une interview, il avait même affirmé que son petit frère était meilleur que lui. « C’est ce que nous a également dit Réginal Goreux. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve, mais je ne pense pas que Malcolm en soit conscient. Il considère toujours le football comme un passe--, même s’il espère devenir professionnel.”poursuit Martin Epolo.
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La famille rêve de voir ses deux derniers enfants se succéder entre les pôles liégeois. Cette passation de pouvoir permettrait à Matthieu de s’installer quelques saisons à Sclessin et de s’installer à l’étranger. « Il est heureux au Standard. Les clubs frappent à la porte, mais ça ne sert à rien de sauter des étapes »conclut sa mère.