l’essentiel
Françoise Gauthier n’avait plus de nouvelles du père de sa fille depuis… 1976. Elle a fini par retrouver sa trace cette année à Albi. Cet homme est décédé seul en 1997. Elle recherche des voisins, des employeurs ou des amis pour lui rendre hommage.
Une bouteille à la mer. Depuis 48 ans, Françoise Gauthier recherche désespérément la moindre trace de Marcel Goffaux, son amour d’enfance et père de sa fille. Cet homme est parti un jour de juin 1976 et n’a jamais eu de nouvelles d’elle. « À l’époque, nous vivions à Paris dans le 6e arrondissement », explique ce retraité qui vit désormais dans la Sarthe. «Nous sommes sortis ensemble pendant deux ans et je suis tombée enceinte. J’étais mineur, j’avais 15 ans et lui 20 ans. C’était une autre vie, c’était compliqué.
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En mars 1976, Françoise donne naissance à une petite fille. Trois mois plus tard, Marcel disparaît, laissant derrière lui une promesse non tenue : je te retrouverai. « Cela fait 48 ans que je l’attends », répond la Sarthoise. A cette époque, Marcel Goffaux fondait des soldats de plomb, qu’il peignait puis revendait aux puces parisiennes. «C’était une vie un peu bohème», ajoute Françoise. “Je sais aussi qu’il voulait se cacher pour éviter le service militaire… Il ne voulait pas s’embêter avec une fille de 15 ans et un bébé… Je peux comprendre.”
Elle a appris son décès cette année
Les années passent et l’espoir de retrouver son amour diminue… Françoise refait alors sa vie, épouse un autre homme avec qui elle aura deux enfants. « Ma fille savait que ce n’était pas son père mais nous étions une famille unie. Elle n’a jamais regardé, elle savait aussi que c’était un peu compliqué. Jusqu’à il y a 10 ans. Françoise, désormais veuve, relance les recherches.
Ce n’est que cette année que Françoise apprend une vérité bouleversante : Marcel est décédé, seul, le 27 août 1997 à Albi. “Je me suis adressé à la mairie et on m’a dit qu’il avait été incinéré aux frais de la ville car son corps n’avait pas été réclamé.” Ses cendres anonymes reposent pour l’éternité dans l’ossuaire du cimetière de Caussels, conclusion silencieuse d’une vie marquée par l’errance.
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Pour Françoise, impossible d’avoir la moindre information : pas de signalement ni de déclaration à la police, aucune trace dans les journaux… Elle ne dispose que de quelques maigres indices : un nom, un portrait qu’elle a dessiné au fusain, et une ancienne adresse, l’avenue Frédéric-Mistral, aujourd’hui disparue.
« Un devoir de mémoire au plus profond de moi »
« J’ai fini par obtenir l’acte de décès mais je ne sais pas comment Marcel est mort », explique le retraité. « Juste qu’il était seul et que ce sont des voisins qui ont fini par alerter la police. J’ai contacté Tarn Habitat, le bailleur social qui m’a promis de fouiller dans les archives pour trouver des informations le concernant. Mais pour le moment, rien.
Aujourd’hui, Françoise lance un appel désespéré : retrouver quelqu’un, un voisin, un ami ou un employeur qui a connu Marcel Goffaux. « Je ne vois pas quelqu’un disparaître sans laisser de trace à Albi », souligne-t-elle. « Qu’est-il arrivé à ses effets personnels ? Je ne peux pas laisser la situation telle quelle. Ce n’est pas possible. Il y a un devoir de mémoire au plus profond de moi. Pour ma fille, pour Marcel.