François Bayrou viene nominato primo ministroà l’âge de 73 ans. Une consécration tardive pour le président du Mouvement Démocratique et maire de Pauqui couronne une longue carrière, pleine de hauts et de bas. Précurseur de surmonter le clivage gauche-droite et le réduction de la dettece fut jusqu’à sa nomination comme haut-commissaire au Plan à Matignon.
François Bayrou est donc, à partir de ce vendredi 13 décembre 2024, le chef d’un gouvernement encore à former et qu’elle aura une base limitée. Sans réelle majorité à l’Assemblée nationale, le le nouveau Premier ministre devra faire face à diverses sensibilités politiques pour mener à bien son action. Un exercice dangereux qui ne devrait pas déplaire au président du MoDem qui le réclame depuis quelques - gouvernements de coalition E la majorité des projets.
Le troisième homme de 2007
Oui, en août 2001, quand c’était le président de l’UDF (qu’il a présidé de 1998 à 2007), François Bayrou a confié aux journalistes «incrédule“il est en faveur d’une alliance de «droite républicaine“et le”gauche réaliste“affirmer son désir d’émerger “le bloc central de la société française“ Dans “désintégrer la gaucheA cette époque, celui qui est aussi député européen s’apprête à annoncer sa candidature aux élections présidentielles de 2002.
ET candidature mal vue par le RPR, qui souhaite que Jacques Chirac soit réélu à l’Elyséemais aussi pour certains représentants de l’UDF, qui – préférant soutenir le président sortant – dénoncent “solitude» de leur chef et se préparent à rejoindre leUMP actuellement en création. Rien, invité à un meeting de soutien à la candidature de Jacques Chirac, organisé le 23 février 2002 à Toulouse, François Bayrou a insisté : explique qu’il rejette l’idée que”l’opposition [au gouvernement Jospin] tout le monde devrait se ranger sous la bannière de Jacques Chirac». Il annonce également qu’il rejette également l’idée de”dissoudre le RPR et l’UDF former un parti unique« . Face aux militants du RPR en colère, François Bayrou ajoute : “Si nous pensons tous la même chose, c’est parce que nous ne pensons plus rien.“
François Bayrou a obtenu un peu moins de 7% des voix dans une campagne particulièrement marquée par sa célébrité “Gifle strasbourgeoise“. Jacques Chirac, de son côté, a été réélu au second tour face à Jean-Marie Le Pen.
IL Le championnat 2007 est nettement plus prometteur : avec ses 18,57% au premier tour, François Bayrou est le «troisième homme“des élections présidentielles. Entre les deux tours, François Bayrou l’a annoncéil ne votera pas pour Nicolas Sarkozyce qui n’empêchera pas cette dernière de s’imposer assez confortablement face à Ségolène Royal. Des années plus tard, il a avoué avoir voté blanc.
Traversée du désert
En espérant profiter de l’élan de sa campagne présidentielle, le Béarnais a créé le Mouvement Démocratique (MoDem) en mai 2007au lieu de l’UDF. Mais plusieurs élus centristes, mécontents de l’orientation politique choisie par François Bayrou, sont partis créer leur propre parti, Le Nouveau centre, lié à la majorité présidentielle UMP. Les élections les élections législatives de 2007 se sont avérées un fiasco : seulement trois députés Modem élus (dont François Bayrou). L’année suivante, François Bayrou ne parvient pas à devenir maire de Pau. En 2009, aux élections européennes, les listes MoDem n’avaient obtenu que 8,5 % des voix.
L’2012 sera encore plus terrible : Le fondateur du MoDem obtient 9% des voix au premier tour de l’élection présidentielle. Lui encore une fois oppose Nicolas Sarkozy entre les deux tours : dénonçant un”chasser l’extrême droite», François Bayrou déclare qu’à titre personnel, votez pour le candidat socialiste François Hollande. Cet épisode ne fait qu’accroître l’inimitié entre les deux hommes : «Il a toujours trahi ceux qu’il a choisis», écrivait à son sujet Nicolas Sarkozy en 2020. Après les élections présidentielles, François Bayrou avait été battu aux législatives de 2012, dans une compétition triangulaire qui l’opposait à un candidat PS et un candidat UMP. Une première fois depuis 1986.
Un soutien décisif à Emmanuel Macron
Dans 2014, l’horizon s’éclaircit pour François Bayrou : il est élu maire de Pau. En septembre 2016, face à la montée en puissance d’Emmanuel Macron il a dit “absolument sceptique sur cette question“ : “Derrière cet hologramme se cache une tentative déjà faite à plusieurs reprises par de très grands intérêts financiers et d’autres qui ne se contentent plus d’avoir un pouvoir économique.“, déclare-t-il sur BFMTV.
Mais quelques mois plus tard, lors d’une conférence de presse en février 2017, le triple candidat à l’Elysée crée la surprise annonçant qu’il n’est plus candidat et qu’il est prêt à soutenir Emmanuel Macron. Craignant un »explosion de l’extrême droite qui représente une menace de danger immédiate pour notre pays et pour l’Europe», déclare le président du MoDem. “offre d’alliance“ à l’ancien ministre de l’Économie.
C’est sans doute un geste d’abnégation mais ce sera aussi, je crois, un geste d’abnégation geste d’espoir pour notre pays. François Bayrou décide de soutenir Emmanuel Macron en 2017
“C’est sans aucun doute un geste d’abnégation mais, je crois, ce sera aussi un geste d’espoir pour notre pays.», explique François Bayrou, estimant que le fondateur d’En Marche incarne le dépassement des divisions qu’il est le seul à prôner depuis quelques -. événement qui a immédiatement valu au fondateur d’En marche plusieurs points dans les sondages.
Le cas des assistants parlementaires
Au second tour des élections présidentielles, Emmanuel Macron est élu face à Marine Le Pen. Dans la foulée, le groupe Le MoDem obtient une quarantaine de sièges à l’Assemblée nationale. Et François Bayrou, qui avait été ministre de l’Éducation nationale de 1993 à 1997, est revenu au gouvernement en mai 2017, devenant Ministre de la Justice. Il travaille sur un projet de loi visant à moraliser la vie publique et propose la création d’une « banque de la démocratie ». Mais un mois plus tard, mis en cause dans l’affaire des assistants parlementaires du Modem, il démissionne. Marielle de Sarnez, dont il est très proche, démissionne également de son poste de ministre des Affaires européennes.
Sept ans plus tard, en février 2024, le président du MoDem est acquitté en première instance. Toutefois, certains de ses proches, ainsi que l’UDF et le MoDem, ont été condamnés. Interrogé par BFMTV, le maire concerné de Pau juge que Marielle de Sarnez, décédée des suites d’une leucémie en 2021, est une “victime« du cas des assistants parlementaires : »Il a vécu ce défi comme un chemin de croix.“
Une voix parfois critique du camp présidentiel
Empêché au niveau national par cette affaire depuis plusieurs années, François Bayrou reste une voix qui compte. En mai 2020, c’est réélu maire de Pau en 2020. La même année, Emmanuel Macron le nomme Haut-Commissaire au Plan. En 2022, il devient également secrétaire général du Conseil national de la Refondation. Au Palais Bourbon, ses troupes, les députés démocrates, restent un des piliers de la majorité présidentiellemalgré quelques tensions : en 2022 par exemple, à l’initiative du MoDem, l’Assemblée nationale a voté en faveur d’une taxe sur les « super-dividendes », contre l’avis du gouvernement Borne. La mesure ne sera pas incluse dans le budget adopté par le 49.3.
Depuis 2017, alors qu’un un lien fort s’est établi entre les deux hommesFrançois Bayrou n’a jamais démenti son soutien à Emmanuel Macron qui, en retour, l’a toujours considéré comme un allié important. Cependant, cette relation particulière n’est pas n’a jamais empêché les Béarnais de faire entendre leur voix. Alors, en pleine crise gilets jaunesdéclare que «en un instant, nous ne pouvons pas gouverner contre le peuple« . Puis, au milieu de la dispute du réforme des retraites dans la rue, Emmanuel Macron estime que «la foule n’a aucune légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus», mais le maire de Pau précise : «Je ne nierai pas la légitimité des protestations. Quelque chose s’exprime.“
En juin 2023, François Bayrou critique également lehypothèse d’une alliance gouvernementale entre partisans d’Emmanuel Macron et Les Républicains : “Si l’on choisissait de décentraliser la majorité pour la faire passer d’un côté ou de l’autre, le risque serait grand de perdre en cohérence», dit-il dans une interview à Figaro. Un an et demi plus tard, François Bayrou est donc Premier ministre. Il aura alors la possibilité de le faire comparer ses préceptes politiques avec la réalité du pouvoir.