La veille de Noël, l’illustre Parker Solar Probe de la NASA reviendra flirter avec le Soleil lors d’un dernier survol historique au cours duquel elle battra non pas un, mais deux records de vitesse et de proximité.
La sonde Parker est une machine unique en son genre. Nommé en hommage à un pionnier de l’astrophysique, feu Eugène Parker, il s’agit d’un véritable joyau d’ingénierie conçu pour étudier la couronne du corps céleste avec une précision inégalée, notamment pour permettre aux chercheurs de mieux comprendre une série de phénomènes associés au climat solaire. .
Une machine pas comme les autres
Pour atteindre cet objectif nous ne nous limitons pas à observer notre étoile à bonne distance comme le font déjà de nombreux observateurs. Au contraire, il évolue directement à son contact. Depuis son lancement en 2018, il s’est progressivement rapproché du Soleil en exploitant l’influence gravitationnelle de Vénus, ce qui lui permet d’ajuster son orbite à chaque aller-retour. Il a construit au fil des années une relation particulièrement intime avec la star, s’en rapprochant plus que tout autre engin humain, et avec un avantage considérable.
À chaque survol, il a collecté une montagne de données qui ont déjà permis aux astrophysiciens de mieux comprendre la dynamique de notre étoile. Il a notamment aidé les chercheurs à résoudre des énigmes qui laissaient les spécialistes perplexes depuis des décennies. Par exemple, c’est en grande partie grâce à la sonde Parker que l’on commence enfin à comprendre pourquoi la zone périphérique du Soleil, appelée couronne, est plusieurs centaines de fois plus chaude que sa surface.
Un double record spectaculaire
Le 24 décembre il récidivera avec un 24ème et dernier vol absolument historique, et ce pour plusieurs raisons.
Pour commencer, il passera à environ 6,1 millions de kilomètres de sa surface gazeuse. À notre échelle, c’est évidemment une distance énorme, mais elle ne représente que 4 % de la distance Terre-Soleil. À ce jour, aucun appareil n’a été aussi proche d’une star ! Il s’agira donc d’une prouesse technique sensationnelle que les responsables de la sonde n’hésitent pas à comparer à d’autres missions mythiques.
« En gros, nous atterrissons presque sur une étoile », se réjouit Nour Raouafi, scientifique en chef de la mission Parker. « Ce sera un succès monumental pour toute l’humanité. C’est l’équivalent des premiers pas sur la Lune en 1969. »
Dans le même -, la sonde consolidera également son statut d’objet le plus rapide jamais conçu par l’humanité. Les lois de Kepler, qui décrivent le mouvement des corps célestes, stipulent que la vitesse d’un objet en orbite autour d’un corps céleste dépend de la masse du corps parent. Plus un corps est massif, plus la force gravitationnelle qu’il génère est intense. Il faut donc atteindre une vitesse suffisante pour compenser cette gravité pour rester sur une orbite stable.
Cependant, le Soleil est extrêmement lourd (environ 330 000 fois la masse de la Terre). Pour éviter d’être piégée dans ce four, la sonde Parker doit donc se déplacer à une vitesse prodigieuse à chaque survol. Et comme il atteindra une altitude record lors de ce dernier passage, cela aura un impact sur sa vitesse ; le vaisseau spatial battra son propre record de vitesse en s’approchant de l’étoile à environ 690 000 kilomètres par heure.
Une collecte de données inestimable
La NASA va profiter de ce survol pour réaliser une moisson scientifique qui s’annonce déjà exceptionnelle. Les opérateurs s’attendent à ce que l’engin spatial traverse plusieurs panaches de plasma encore attachés au Soleil. Il devrait également traverser directement une éruption solaire, un passage à haute tension que l’agence américaine assimile à un surfeur plongeant sous une immense vague qu’elle déferle. .
La bonne nouvelle est que le moment de ce dernier survol est absolument idéal. En octobre, l’étoile est entrée dans la phase finale de son cycle d’activité de 11 ans, au cours de laquelle la fréquence et l’intensité de tous ces phénomènes augmentent considérablement. La sonde Parker sera donc à l’avant-garde dans la collecte de données nouvelles et précieuses pour les chercheurs.
L’apothéose d’une superbe mission
La mauvaise nouvelle, c’est que cela marquera aussi la fin de cette aventure au contact du Soleil, après six années de bons et loyaux services. A l’issue de ce survol historique, l’engin se retrouvera sur une trajectoire qui ne lui permettra plus de faire le tour de Vénus. La sonde Parker ne pourra donc plus exploiter cette gravité pour accélérer et se rapprocher encore plus du Soleil. Et même si cela était techniquement possible, ce serait probablement un voyage sans retour. En s’aventurant encore plus près de l’étoile, la surface cachée derrière le bouclier thermique deviendrait dangereusement étroite, exposant les instruments à des températures qu’ils ne pourraient tout simplement pas supporter.
Bien entendu, la NASA pourrait choisir de prolonger la mission un peu plus longtemps. Mais quoi qu’il arrive, ce sera le dernière étape importante dans l’histoire de cette sonde exceptionnellece qui fera sans aucun doute un petit pincement au cœur de tous les amoureux de l’espace.
Ce sera aussi une excellente occasion de le faire rendre hommage à Eugène Parkerle titan de la science qui a donné son nom à cette machine extraordinaire. Après un demi-siècle d’œuvre révolutionnaire qui a posé presque toutes les bases de ce que l’on appelle aujourd’hui l’héliophysique, cette branche de l’astrophysique qui s’intéresse spécifiquement au Soleil, il nous a malheureusement quitté en 2022. Il ne pourra donc pas assister à l’apothéose de le Soleil. mission qui représente l’œuvre d’une vie.
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