Qu’adviendra-t-il des bases militaires russes de Tartous et de Hmeimim en Syrie ?

Qu’adviendra-t-il des bases militaires russes de Tartous et de Hmeimim en Syrie ?
Qu’adviendra-t-il des bases militaires russes de Tartous et de Hmeimim en Syrie ?

jeLa Russie pourrait-elle perdre plus d’un allié avec la chute de Bachar al-Assad ? Alors que le dictateur et sa famille auraient trouvé l’asile politique à Moscou, le sort des deux bases militaires russes en Syrie reste incertain. Les combattants islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTC) et leur chef Abou Mohammed al-Joulani accepteront-ils encore la présence de soldats russes qui ont largement contribué à réprimer la rébellion depuis 2015, notamment en bombardant des civils ? Rien n’est moins sûr.

Selon les renseignements militaires ukrainiens (GUR), la Russie a évacué ses navires de la base navale de Tartous, dont la frégate Amiral Grigorovitch de la flotte de la mer Noire et du navire marchand Ingénieur Trubin de la Flotte du Nord. Construite il y a cinquante ans dans cette région côtière du nord-ouest du pays, la base de Tartous représente la plus grande influence militaire de la Russie hors de son territoire après Sébastopol.

Il permet à la marine russe d’être présente en Méditerranée, offrant à ses navires la possibilité de se ravitailler et d’effectuer des réparations. Elle est située à proximité du canal de Suez, une artère maritime vitale par laquelle transite 10 % du commerce mondial. En 2017, un accord a été signé avec le gouvernement syrien renouvelant la présence russe à Tartous pour 49 ans. La baie a été modernisée dans les années 1970 et pouvait accueillir au total une dizaine de navires. « La base de Tartous est un moyen de s’imposer comme une grande puissance », souligne un article sur ILRevue de la Défense nationale en 2022.

Quelles alternatives pour la marine russe après la probable perte de la base de Tartous ?

Avec la probable perte de Tartous, “tout déploiement de navires russes en Méditerranée deviendra plus complexe, car il entraînera une usure plus importante des bâtiments”, estime Benjamin Gravisse, spécialiste des forces russes. Les navires de la Flotte du Nord et de la Flotte du Pacifique pourront respectivement passer par le détroit de Gibraltar et le canal de Suez pour accéder à la Méditerranée. Mais avec la fermeture du détroit des Dardanelles aux navires de guerre à partir de 2022, les réparations et les carénages ne pourront plus être effectués à Sébastopol et à Novorossiysk, en mer Noire.

Il existe cependant des alternatives pour les navires russes. L’Algérie tout d’abord, où ils sont déjà régulièrement accueillis. Des négociations sont également en cours entre la Russie et le Soudan pour la création d’une base navale à Port-Soudan, un lieu stratégique de la mer Rouge à proximité du canal de Suez. Mais la guerre civile qui ravage le pays rend cette solution pour l’instant très hypothétique.

La dernière option serait le port libyen de Tobrouk, contrôlé par le maréchal Haftar, appuyé par des sociétés militaires privées envoyées par Moscou. Mais même dans ce cas, une guerre civile rend incertain tout projet à long terme.

Base de Hmeimim, plateforme logistique russe en Syrie

Véritable hub logistique situé dans la région de Lattaquié, à 100 km au nord de Tartous, la base aérienne de Hmeimim est une escale quasi obligatoire pour les gros porteurs transportant du matériel et des forces paramilitaires russes vers l’Afrique.

Elle est défendue par les systèmes anti-aériens S-400 et Pantsir. Ses quarante avions, bombardiers Su-34, avions d’attaque au sol Su-24 et hélicoptères d’attaque Mi-24 ont contribué de manière significative en 2016 à la reconquête d’Alep par le régime syrien. Mais ses moyens auront été réduits et transférés vers le théâtre ukrainien. Les avions russes ont effectué peu de missions de bombardement en 2024 contre les forces rebelles syriennes.

C’est depuis Hmeimim que les forces russes évacuent par avion militaire leurs armes et équipements militaires de Syrie, affirment les renseignements ukrainiens. Cette information semble confirmée par les images satellite collectées le 7 décembre, montrant trois avions de transport militaire Il-76 et un An-124 sur la base aérienne. “La perte de la Syrie comme base de transbordement pourrait porter un coup sérieux non seulement à nos positions au Moyen-Orient, mais aussi en Afrique”, s’est alarmé le blogueur pro-russe Rybar sur Telegram. «Les avions cargo ne peuvent voler de la Russie vers la Libye sans faire le plein que s’ils sont vides. »

« Il est prématuré de parler du maintien des bases russes à Hmeimim et Tartous ; c’est un sujet de discussion avec ceux qui gouverneront la Syrie », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a rapporté Tass lundi 9 décembre. Quoi qu’il en soit, Moscou a radicalement changé son discours à l’égard de l’opposition syrienne, passant en quelques jours de « groupes terroristes » à des « groupes d’opposition ». Selon la chaîne CNN Turquieun accord aurait été trouvé entre la Russie et la Turquie pour évacuer les soldats russes présents dans une douzaine d’autres positions en Syrie.

 
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