Le retard a été important mardi car les avocats de Loïck Jammes ont demandé une nouvelle expertise médico-légale. Petit coup de théâtre. Les cinq accusés devaient s’exprimer, seul Chris Farrell a pu le faire pleinement.
Nous entrons dans la phase finale du processus et la situation devient tendue. La relation entre la défense et le président est un bon baromètre, ils ne sont pas au beau fixe. . La journée de mardi ne s’est pas déroulée comme prévu, c’est un euphémisme. En principe, les cinq prévenus auraient dû donner leur version des faits dans l’après-midi. Avec Farrell ouvrant le bal, suivi de Coulson, Jammes, Grice et Hayes.
Mais vers 18h30, nous apprenons que l’interrogatoire de Chris Farrell n’est pas encore terminé. Stupéfaction! Les consultants de Loïck Jammes avaient demandé des informations complémentaires. Ils avaient en effet demandé une nouvelle expertise médico-légale et pour cette raison le tribunal a dû se réunir sans jurés, seuls les magistrats professionnels sans jurés pour statuer. Tout cela a pris du -, avant de finalement rejeter la demande.
Des médecins légistes qui se contredisent
Denis Dreyfus avait réagi à un accident : le médecin légiste appelé pour témoigner de ses analyses ne s’est pas présenté au tribunal, certificat médical à l’appui. Un médecin appelé pour lire son rapport avait en fait « démonté » le rapport lui-même. « Jetez le mépris » nous a dit Valérie Coriatt, l’avocate de Grice, tout à fait d’accord avec le geste de son confrère Dreyfus qui déclarait en fin d’après-midi : «Qui, un médecin a invalidé la qualité du travail effectué par le premier médecin légiste, ce qui est particulièrement grave. Et ce n’est pas la défense qui le dit, mais c’est le procureur général qui, d’abord, a pleinement cru que notre demande était fondée en principe, au point qu’il est absolument déplorable que dans une affaire aux enjeux aussi élevés, des médecins légistes les résultats sont sujets à caution. Nous nous trouvons dans une situation où, d’un point de vue médico-légal, nous ne pouvons rien prouver. C’est ce qu’il faut tirer comme conclusion, tout cela est naturel, dans un dossier semé de points d’interrogation pour en amener un autre.”
Ainsi, ce processus, qui s’était jusqu’alors déroulé dans les délais, a soudainement pris du retard. Anne Cadiot-Feidt, l’avocate du plaignant, n’a pas été surprise par ce mini-accident. Il en a vu d’autres au cours de sa riche carrière d’avocat pénaliste. Vous avancez l’idée que pour votre confrère défenseur, c’est aussi une manière d’amorcer une sorte de mémoire avant la lettre.
Mais cet événement a corroboré l’avis initial des avocats, très surpris que le président n’ait prévu qu’un après-midi pour l’interrogatoire des cinq joueurs accusés de crimes graves : « Alors que la partie civile n’avait droit qu’à une demi-journée pour s’exprimer » a expliqué Corinne Dreyfus-Schmidt.
Échange d’armes entre un avocat et un expert psychiatre
Mais l’incident de Denis Dreyfus a finalement permis d’allonger la peine de ceux qui risquent la prison : vingt ans pour trois d’entre eux, cinq ans pour les deux autres.
Pour suivre cette septième audience, il a donc fallu être patient. La matinée a été consacrée aux analyses des psychiatres, qui n’ont trouvé aucune pathologie chez les prévenus. Mais ils ont expliqué que ce type de scènes de sexe très collectives n’étaient pas rares dans le cadre des soirées d’après-match. On a brièvement assisté à une belle escarmouche entre un expert et Valérie Coriatt, la consultante de Grice, pour demander à l’expert-psychiatre de rester dans son rôle. Selon lui, il est allé trop loin dans l’interprétation des faits et dans l’attitude de rugbymen influencés par un certain culte de leur propre corps, moins sensibles que d’autres à la pudeur, enclins aux trios. Valérie Coriatt a clairement reformulé le raisonnement du scientifique : «J’ai reçu un oui clair et écrasant. il nous a dit. Ce type de joute fait partie d’un procès d’assises, un lieu qui doit aboutir à la manifestation de la vérité, et rien que la vérité. La séance de mardi s’est terminée à 21h21, un record. Farrell avait fini de parler, l’interrogatoire de Coulon venait de commencer.
La victime présumée était bien sûr présente avec un groupe d’amis venus la soutenir pendant les vacances d’audience et la pause de midi. Revivre les événements de cette nuit, entendre les raisons de chacun constitue certainement pour elle l’épreuve de sa vie, personne ne peut le nier.