Son adaptation au Real Madrid et sa santé mentale
Kylian Mbappé a réalisé son rêve en rejoignant Madrid cet été. Mais la réalité n’est pas aussi douce que le joueur l’aurait espéré, malgré 10 buts en 20 matchs. «La culture d’un pays s’apprend, c’est ce que je faisil explique. Le jour de ma présentation, j’ai mis beaucoup l’accent sur l’adaptation au sein de l’équipe et du club. Quand vous dites cela, les gens disent que c’est de la fausse modestie. […] Les gens nous voient comme des robots, mais quand on y va un peu plus en profondeur, on voit que nous sommes des êtres humains comme tout le Monde. » Avec des clichés moins bons, évidemment. « J’ai eu des combats difficiles à mener, des déceptions sportives. J’ai eu des moments où j’étais fatiguéil suppose, mais nous ne sommes pas en dépression. »
Visiblement pas aussi dérangé qu’on pourrait le penser, le numéro 9 merengue on se voit au printemps : « Ce n’est pas le meilleur début de saison, que ce soit collectif ou individuel, mais nous sommes en lice pour tous les trophées (l’entretien a été réalisé avant l’élimination en Coupe du Roi, NDLR). On se prépare pour les moments qui compteront. Nous avons déjà remporté la Super Coupe d’Europe. On jouera une finale dans une ou deux semaines pour remporter un deuxième trophée en trois mois (la Coupe Intercontinentale, le 18 décembre, NDLR). Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’on espérait, mais finalement, c’est dans la seconde partie de saison qu’on vous attend. C’est là que vous serez véritablement jugé. […] Vous êtes au panthéon du football. Soyez le meilleur avec les meilleurs, telle est ma devise. »
Moi, citoyen
Là où la plupart de ses collègues restent silencieux, Mbappé a parfois osé prendre position sur des sujets comme les violences policières ou les dernières élections législatives, dans un contexte marqué par la progression de l’extrême droite. Malgré les critiques qui en ont découlé, il ne compte pas s’arrêter. « Vous représentez beaucoup de choses auprès des gens, vous défendez des valeurs. Il y a des difficultés auxquelles nous devons parfois faire face, mais nous ne devons jamais nous renier. Peu importe ce qui arrive, je ne me renierai jamaisil promet. J’ai toujours voulu m’exprimer en tant que citoyen. Parfois, quand on est célèbre, on est un peu coincé. Quand tu ne t’exprimes pas, c’est mauvais. Quand tu t’exprimes, c’est mauvais. Nous sommes des citoyens comme tout le monde. Vous avez un point de vue, des valeurs que vous défendez et vous partez avec ça. »
« Ma France, c’est une France pleine de diversité, où on ne met pas de barrières, où on laisse les jeunes rêver, dans le vivre ensemble.il continue. A Bondy, nous étions tous différents. J’ai grandi en pensant que nos différences nous unissent. Je réponds quand je vois des choses qui me touchent. Je ne peux pas être celui qui ne voit pas. Parfois, peut-être que le chemin vous a gêné, personne n’est parfait. Mais on ne peut pas me reprocher de ne pas me soucier de mon pays, de ce qui se passe chez moi. »
Sa relation avec les Bleus et Didier Deschamps
« Mon amour pour l’équipe de France n’a pas changé »insiste le capitaine, alors que son image a été ternie par les derniers rassemblements. « En club, je n’ai jamais pardonné un dixième de ce qu’on m’a fait en équipe de Franceil dit. Les gens ont menti à mon sujet plusieurs fois. Dans l’intérêt de la nation, je l’ai fermé, j’ai tourné le dos. […] On m’a reproché de nombreux échecs. J’ai même donné mon nez, que veux-tu que je te donne ? Je n’ai jamais abandonné l’équipe de France. »
Il a également confirmé des désaccords avec Didier Deschamps depuis l’Euro. « En septembre, j’ai eu une discussion avec le coach. Je lui ai demandé de ne pas venir. Je venais d’arriver à Madrid, je n’étais pas à 100% mentalement. Venir quand on n’est pas à 100 %, c’est un peu comme s’approprier l’équipe de France. Je lui ai dit : “Je ne suis pas vraiment intéressé, nous avons passé des vacances très courtes.” Il a insisté pour que je vienne, ça ne s’est pas très bien passé, mais c’est l’équipe de France, tu y vas. En octobre, j’ai été blessé. Je n’étais pas au cœur des discussions, c’étaient des discussions entre personnels. […] Novembre, je ne peux pas dire (pourquoi n’étais-je pas là). Je voulais y aller. C’est une décision de l’entraîneur, je soutiens ce qu’il a dit. Il ne veut pas que cela se sache, je respecte totalement sa décision. » Le sélectionneur est sans doute ravi d’avoir trois mois devant lui avant d’être grillé en conférence de presse.
Mbappé a également évoqué le capitanat, assurant qu’il n’aurait pas bronché si Deschamps avait choisi Antoine Griezmann, qui était « parfaitement légitime ». Aucune lubie de pouvoir porter le brassard, donc. Le capitaine des Bleus a également glissé quelques mots significatifs sur la responsabilité accrue qui accompagne ce rôle depuis qu’il l’a assumé. « Je n’ai pas le même brassard qu’Hugo (Lloris)il croit. On me demande beaucoup de choses. Hugo était un très bon capitaine, un très bon gars, mais j’ai l’impression qu’on me demande un autre poste. » Au sage.
Son voyage à Stockholm et la plainte pour viol
Son escapade suédoise a fait sensation en octobre. D’autant plus que la presse locale a révélé qu’une plainte pour viol avait été déposée. Mbappé a cependant répondu avec beaucoup de confiance, et sans aucune gêne. «J’ai été surprisil confie. Ce sont des choses qui entrent dans votre vie comme ça, sans les voir venir. Je n’ai rien reçu, aucune convocation, rien. Je ne suis pas inquiet. C’est juste un manque de compréhension, cela ne m’a pas pesé car je ne me sens pas concerné. […] Il faut laisser couler les choses, laisser la justice faire son travail. »
Le ballon d’or
Kylian Mbappé aura 26 ans le 20 décembre. Mais toujours pas de Ballon d’or dans sa chasse. Le Français, qui n’a jamais caché ses ambitions, s’est néanmoins classé à sept reprises dans le top 10, avec une troisième place en 2023 comme meilleur résultat. « Messi a remporté la finale de la Coupe du monde. Si je l’avais gagné, j’aurais eu le Ballon d’oril répond. Je sais ce qu’il faut pour le gagner. Beaucoup de choses, sur et en dehors du terrain. Une fois que j’aurai fait tout ce qu’il faut pour le gagner, je le gagnerai. » Mettre la main sur la Ligue des Champions sera un bon début.
Son départ du PSG
Kylian Mbappé n’a pas vraiment quitté le Paris Saint-Germain comme il l’aurait souhaité. Les comptes ne sont pas encore réglés. L’attaquant admet “des conflits avec les gens, des conflits naturels parce que je défendais mes droits d’homme, de joueur”. Il aurait aussi pu céder et prolonger, pour son frère Ethan. « Son Real Madrid, c’était le PSG. C’était son rêve d’enfant. Indirectement, c’est moi qui lui ai enlevé ça. Je lui ai présenté mes excuses tout le -. Je lui ai dit : “Si cela vous dérange vraiment, je le prolongerai à nouveau et nous resterons ici.” Il m’a dit : “Non, jamais de la vie, pas après ce qu’ils nous ont fait.” J’aurais abandonné mon rêve et je serais restée pour lui. Ethan, tu ne touches pas. » Dans ce contexte délicat, le meilleur buteur de l’histoire du club de la capitale reconnaît qu’il aurait “aurait pu être plus expressif” envers les supporters.
« Ils ne savent pas tout ce qui se passe, parfois ils le prennent personnellement. Ils se disent : “Kylian, il s’en fiche, il s’en fout.” Je suis sûr que les gens disent que je n’ai jamais aimé le PSG »déplore-t-il, soulignant son attachement au maillot rouge et bleu. L’émir Tamim ben Hamad Al Thani aurait eu des propos très chaleureux à son égard, tels que : “Vous voulez réaliser votre rêve, allez au Real Madrid, merci pour tout ce que vous avez fait pour nous. En plus vous avez prolongé pour la Coupe du Monde qui était chez nous au Qatar, pour cela nous ne vous remercierons jamais assez. » Et Nasser al-Khelaïfi dans tout ça ? “Il ne m’a jamais laissé partir, je suis parti tout seulrépond le joueur avec un large sourire.Mais je leur souhaite le meilleur. J’espère qu’un jour ils gagneront la Ligue des champions. Les supporters, les gens qui souffrent chaque jour là-bas, ils méritent un peu de bonheur. Mais pas maintenant, car je dois le gagner ! »
Kylian Mbappé : « Luis Enrique et Luis Campos m’ont sauvé »