La jeunesse est si centrale dans l’œuvre de Riad Sattouf que le monde des adultes pourrait sembler l’ennuyer. ” Certainement pas. Mais l’enfance est le sujet roi », répond le créateur de L’Arabe du futurde la Les cahiers d’Esther et le film Les beaux enfantsdans « ADN », le salon de l’INA. Car, pour lui, « le collège et le lycée sont une sorte de première répétition de la vie « . Et il n’a pas que de bons souvenirs. Se sentant mal dans sa peau, il pensait que tout le monde était bien plus joli que lui. ” Mais en fait quand je regarde les photos des gens aujourd’hui, je me rends compte que tout le monde était laid « . Même impression concernant le physique peu attrayant des adolescents interrogés pour un reportage de TF1 de 1990.
C’est peut-être un peu à cause de ses complexes de jeunesse qu’il crée le personnage de Pascal Brutal dans les années 2000. Car s’il se moque de cet anti-lui, gonflé de muscles autant que de préjugés, il vit aussi à travers son personnage une vie qu’il n’aurait pas » je n’ai jamais pu toucher « . Riad Sattouf avoue être « fasciné par l’impact sur la réalité des personnes grandes et belles » : « En même -, je me moquais de ce type de mec et en même - ça me faisait fantasmer. L’idée d’entrer dans une boîte de nuit et de susciter un intérêt purement sexuel grâce à un physique extrêmement puissant et grand est quelque chose que je n’ai jamais vécu, donc à l’époque j’adorais jouer avec cette idée. ».
Bien avant Pascal Brutal et l’Arabe du futur, son best-seller, c’est à la télévision, sur « Récré A2 », que Riad Sattouf a appris à dessiner. Il rit de bon cœur quand on le plonge dans cette madeleine de Proust. Et repense avec nostalgie aux dessins animés » hyper gores » du « Club Dorothée » comme Ken le survivant. Un sujet bien plus intéressant selon lui que « les dessins animés complètement inutiles et stupides que les enfants regardent sur les plateformes « . Parmi ses inspirations, on retrouve également Hergé, dont il imite la manière de créer en commençant à imaginer ses projets avec « des bandes dessinées entièrement en petits croquis « . Ou encore Claire Bretécher qu’il a connue lorsqu’il était jeune créateur.