Dès le hall d’entrée, le choc. À l’odeur âcre, caractéristique de l’eau stagnante, s’ajoute la moisissure, qui étale ses traces noirâtres sur les boîtes aux lettres : « bienvenue » à l’entrée B de la Place Centrale…
« Les jours ensoleillés, c’est plein de moustiques et de moucherons » » murmure un locataire du 4e étage. Cette trentenaire, qui a repris les locaux, rue Jean-Gras, en octobre 2023, est à bout de souffle.
Car si l’eau a tout envahi depuis le rez-de-chaussée – et bien plus encore, puisqu’une énorme pompe, installée dans la rue depuis le printemps, “continuez à aspirer l’eau jusqu’au niveau – 5” – il en va de même pour les sols. Dans son appartement, les murs déformés par l’humidité en témoignent. « C’est comme ça depuis le mauvais - de févrieril murmure. Je me suis réveillé les pieds dans l’eau, ça coulait par la fenêtre…”
La terrasse est légèrement inclinée, l’eau y coule
Elle pointe défauts de construction: « Déjà les gouttières au dessus sont trop courtes et quand il pleut l’eau arrive directement sur ma terrasse. Parce qu’elle est inclinée dans le mauvais sens, l’eau s’écoule vers l’intérieur. Je mets des serviettes devant, mais ça s’infiltre aussi à travers les murs… »
Un problème de basculement qui touche de la même manière un locataire du 1er étage. “Et bien d’autres appartements”, » jure ce quinquagénaire, installé ici en septembre 2023. « Regardez : il n’y a déjà aucun pas entre le dedans et le dehorsil montre du doigt, en désignant la terrasse. Comme la pente est du mauvais côté et qu’elle est entourée de béton, il y a de l’eau dans ma maison. D’autant plus que, sous les combles, les évacuations des eaux pluviales sont bouchées.” Ainsi, en février dernier également, il a indiqué “ayant été inondé trois fois en deux semaines.” Des problèmes qui, selon les deux femmes, sont antérieurs à leur arrivée.
« Le bâtiment tout entier doit être détruit ! »
« Quand je suis arrivé, j’avais déjà des traces de moisissures ; [le syndic] il m’a dit : au 4ème étage tu ne risques rien ; J’ai finalement réalisé qu’il y avait des problèmes depuis le début[l’immeuble a été construit en 2011]. J’ai l’impression d’avoir signé avec un vice caché…”, assure le premier. “L’ensemble du bâtiment doit être détruit.” ajoute complètement le second.
Épuisés, ils expliquent tous deux qu’ils se heurtent à un mur quand vient le - d’exiger des comptes. « Avec Foncia, il n’y a pas de communication. Nous payons un loyer tous les mois, nous sommes à jour. Comment peuvent-ils nous laisser comme ça ?
Le locataire du 1er garantit : «Depuis septembre, j’ai tout fait : Adil (1), la Municipalité et le Service d’Hygiène (qui est récemment venu observer), le juge La Bocca, etc. Reportage sur la plateforme Histologue [pour signaler les logements non décents]Aussi.”
« Un stress accru » à chaque alerte météo
Le locataire du 4ème prend la relève : « Il y a déjà eu quelques travaux de fortune, ici et là. Mais avant d’embellir, il faut s’attaquer au problème à la racine. Sinon, à chaque fois qu’il pleuvra fort, ce sera pareil…”
Une situation qui commence à impacter leur santé. La physique, parmi «allergies au salpêtre» et “mauvaise bronchite”en raison d’une humidité constante. Même mental. “On ne peut pas se sentir bien à la maison, ils désespèrent, déterminés à quitter les lieux à la première occasion pour changer de logement. Au moindre avertissement météo, le stress augmente.»
Déçue par ses garde-robes, la quinquagénaire du 1er conclut : « J’ai jeté beaucoup de chaussures, de vêtements. Lors de l’inondation, tout a été touché : tapis, meubles, réfrigérateur, etc. Maintenant je suis fatigué, arrête de t’arracher les cheveux.”
1. Agence départementale d’information sur le logement.
« Sans décision de justice, aucun gros chantier n’est possible »
Contactée, la direction de l’agence Foncia de La Bocca n’a pas mâché ses mots : “Ce n’est pas le cas du siècle, c’est une évidence…” Et la confirmation : ce n’est pas nouveau… “Les premières dates de convocation cela remonte à 2016. Il y a eu de gros problèmes de livraison et une procédure d’expertise judiciaire est en cours depuis des années [Foncia a pris la charge de syndic « il y a 4 ou 5 ans »] établir les responsabilités du fabricant. » Ainsi, en mars 2020, nous avions déjà fait état dans nos colonnes du malheur des habitants de la Place Centrale (sauf entrée A, côté avenue Michel-Jourdan), aux prises avec des infiltrations d’eau prématurées.
Foncia poursuit : « Le bâtiment a été livré avec de graves défauts de conception, étant entendu que les travaux n’ont pas suivi les recommandations du bureau de contrôle et de l’architecte. »
Travaux estimés à près de 1 million d’euros
Depuis, les procédures judiciaires se poursuivent. Et cela prend du -, d’autant que le promoteur, entre-- placé en liquidation administrative obligatoire, « n’existe plus ». » Pourtant, assureurs, notaires et autres, « tous ont été assignés et des années de report nous attendent. Puisque personne ne veut payer, tout le monde se renvoie la balle et ça dure… » Problème : « Tant qu’il n’y aura pas une décision de justice et une condamnation financière, il ne sera pas possible de démarrer de grands travaux. » Et je pardonne à tout le monde… « Je comprends la colère des locataires, mais en tant que syndic nous sommes en contact avec les propriétaires. Ils paient des frais de procédure depuis des années et se retrouvent avec un investissement immobilier qui coûte de l’argent. Les garages, inondés, n’ont jamais été livrés, il est quasiment impossible de les revendre et la valeur locative est en forte baisse. »
Les locataires apprécieront…
Des petits travaux urgents ? « Si ce n’est pas durable, c’est inutile. » De gros travaux avec des coûts initiaux, alors ? « Financièrement c’est trop lourd [en 2021, l’expert judiciaire a estimé le montant à 975 000 €]les propriétaires [43 lots principaux dans la résidence] il ne peut pas l’absorber. » Ainsi, mis à part la patience d’attendre la décision du tribunal, le problème semble insoluble : « À vrai dire, parfois nous pouvons être en retard sur certains dossiers, mais ce n’est pas vraiment de notre faute. »