Au lendemain du recours au 49.3 par Michel Barnier, pour faire adopter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, deux motions de censure ont été déposées par les députés du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national. Entretien avec René Lioret, député RN de Côte-d’Or.
Le gouvernement de Michel Barnier est plus que jamais en danger. Après que le Premier ministre a déclenché l’article 49.3 pour faire voter le projet de loi de financement de la sécurité sociale, deux motions de censure ont été déposées : l’un par le Nouveau Front Populaire et l’autre par le Rassemblement National. Ces motions de censure seront examinées mercredi soir ou jeudi matin. René Lioret, député de la 5e circonscription de Côte-d’Or, votera pour eux. Il était l’invité d’ICI matin pour en parler.
“Il n’y a pas d’alliance avec la gauche, nous votons une motion de censure”
France Bleu Bourgogne – Un 49.3, deux motions de censure… encore une folle journée à l’Assemblée. Comment avez-vous vécu cette journée ?
René Lioret – Écoutez, ça a été très rapide. Le Premier ministre est arrivé vers 15h30. Il a prononcé un discours d’une dizaine de minutes et a déclaré qu’il déclenchait le 49.3. Eh bien, je ne cacherai pas que nous nous y attendions.
Pensez-vous que c’est une erreur, même si vous vous y attendiez ?
Écoutez, on aurait aimé aller au bout de la discussion parce qu’il y avait encore des discussions possibles. Nous étions sur le point de rejeter une motion de rejet du Parti socialiste pour achever l’étude de ce budget, pour voir si des amendements étaient déposés notamment sur une partie du démboursement des médicaments, sur ce qui l’était justement sur la désindexation partielle des retraites en janvier 1er. Nous étions donc prêts à aller jusqu’au bout de la discussion. C’est le premier ministre qui a choisi un 49-3.
Deux motions de censure ont été déposées mais la première est celle du nouveau Front populaire. Vous allez voter pour, c’est sûr ?
Écoutez, nous avons déposé une motion de censure. Donc si nous déposons des motions de censure, c’est parce que nous voulons les voter.
Il s’avère que dans l’ordre, c’est celui du nouveau Front populaire qui sera voté. Nous voterons sur cette motion de censure. Nous voterons ensuite notre motion de censure. Il n’est pas dit qu’il n’y aura pas de troisième motion de censure à déposer puisque nous avons encore la possibilité de déposer des motions de censure jusqu’à 15h42, 24 heures après la déclaration du 49-3, par le parti de M. Ciotti.
Mais comment allez-vous expliquer à vos électeurs cette alliance avec la gauche ?
Ah mais il n’y a pas d’alliance avec la gauche, nous votons une motion de censure, si la nôtre était arrivée en premier, nous aurions voté pour la nôtre, donc il n’y a pas d’alliance du tout avec la gauche. GAUCHE.
Si la motion de censure est votée, Michel Barnier devra remettre sa lettre de démission. Le gouvernement sera renversé, tout sera au point mort. Que répondez-vous à ceux qui disent vouloir plonger le pays dans le chaos ?
Écoutez, je leur dis d’abord que la majorité grandit avec des haillons rouges sur la dette, le taux d’emprunt. Alors je voudrais rappeler que si on emprunte aujourd’hui au taux grec, le Rassemblement national n’y est pour rien. Le Rassemblement n’a rien à voir avec les 3 300 milliards de dettes. Les 57 milliards de taux de service de la dette aujourd’hui, qui seront bientôt le premier budget de l’Etat, le Rassemblement National n’y est pour rien, donc la majorité doit faire le ménage dans sa maison. Depuis sept ans, nous avons Emmanuel Macron qui, à lui seul, a créé 1 200 milliards de dettes, on ne peut donc pas accuser le Rassemblement national de plonger le pays dans le désastre. Nous sommes déjà dans le désastre, telle est ma réponse.
Mais pourtant Michel Barnier a discuté avec Marine Le Pen, beaucoup de discussions, il y a même eu des concessions liées au pouvoir d’achat par exemple en supprimant les hausses de taxes sur l’électricité ou en s’engageant à ce qu’il y ait une réduction de l’aide médicale de l’État en 2025, ce qui est vous avez demandé. Mais cela n’a finalement pas suffi ?
Oui donc l’aide médicale de l’État qui représente aujourd’hui 1,3 milliard d’euros, la baisse est de 100 millions d’euros. Nous voulions remplacer l’aide médicale d’État par une aide médicale d’urgence. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus garantir que les gens viennent se faire soigner en laissant des ardoises. Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde. Après, depuis plusieurs mois, nous avons proposé à M. Barnier 57 propositions, 40 pour réduire les mauvaises dépenses et le gaspillage et 17 pour soutenir le pouvoir d’achat des Français. Nous nous sommes contentés de deux ou trois, et partiellement, de deux ou trois mesures que nous avons proposées. Il n’y a pas si longtemps, Marine Le Pen, dans ses échanges avec M. Barnier, ignorait 47 de nos 57 propositions. Pour n’en choisir que 10, on se contente d’à peine trois d’entre eux. C’est ainsi qu’ont agi les gouvernements précédents. Il convient de noter que ce budget a d’ailleurs été réalisé par le secrétaire de cabinet de M. Le Maire. Donc, au fond, rien n’a changé. Côté forme, nous sommes à nouveau avec un 49-3. Les Français, je pense, ne peuvent pas oublier qu’avec Mme Borne, nous avons eu 23 49-3 d’affilée. Là, nous avons pris le parti de repartir dans la même direction, alors les Français n’ont pas voté pour nous avec 11 millions de voix il y a quelques mois pour se voir infliger 49,3.
Vous parlez donc des Français. Parlons aussi de vos électeurs, de ces 11 millions d’électeurs, comment vous pouvez les rassurer car cette situation peut être un peu anxiogène pour vos électeurs, on ne sait pas trop où l’on va, l’avenir n’est pas clair. Est-ce que tout cela vous inquiète aussi ?
Ce qui serait assez anxiogène, c’est de faire payer des mesures d’économies aux Français, et notamment aux plus démunis, car cela dure déjà depuis un moment. Aujourd’hui, même lorsqu’on travaille à deux, les gens se retrouvent à découvert sur leur compte le 15 ou le 20 du mois, il faut donc vraiment changer. Nous ne pouvons pas continuer ainsi, nous sommes dans ces mesures depuis trop longtemps. Nous donnons de l’argent partout, nous donnons de l’argent à la Chine, nous donnons de l’argent à l’Algérie, nous donnons de l’argent à l’Union européenne. Dans le budget de cette année, en 2025, nous nous préparions à donner 23 milliards d’euros à l’Union européenne pour n’en récupérer que 10, donc 13 milliards d’euros pour les pays.
Mais comment changer René Lioret ? Parce que même si le gouvernement change de visage, l’Assemblée reste la même, le président de la République ne peut pas la dissoudre avant juillet, c’est comme si elle n’allait pas changer, elle ne servirait pas à grand chose. chose. Comment voyez-vous l’avenir ?
Eh bien, le président de la République nommera un nouveau Premier ministre qui écoutera le Rassemblement national sur nos propositions, qui dialoguera véritablement, car c’est vrai que M. Barnier avait raison avec le Rassemblement national, correct c’est le minimum, nous on dit bonjour, on se serre la main, mais en termes d’écoute, il fallait que ce soit Marine Le Pen qui ait demandé des interviews à M. Barnier. Nous aurons donc un Premier ministre qui sera certainement plus attentif au Rassemblement National, sachant très bien que si le budget qui est mis en place pour 2025 ne satisfait pas le Rassemblement National, et bien encore, il y aura des sanctions de notre part.