Pour baisser les prix de l’électricité, le prochain gouvernement devra changer les règles

Pour baisser les prix de l’électricité, le prochain gouvernement devra changer les règles
Pour baisser les prix de l’électricité, le prochain gouvernement devra changer les règles

La facture énergétique sera l’une des priorités de la nouvelle majorité parlementaire. La régulation des prix décidée l’année dernière risque d’être revue.

Durant la campagne des législatives, le Rassemblement national et la majorité présidentielle se sont affrontés sur le prix de l’électricité. Le premier a promis une baisse de 30 à 40 % et le ministre de l’Economie de la majorité présidentielle s’est engagé à une baisse de 10 à 15 % en février prochain.

Mais la nouvelle régulation, décidée en novembre dernier, et qui entrera en vigueur après 2025, ne garantit pas des prix bas. A l’époque, le gouvernement avait décidé d’un prix de référence de 70 euros par mégawattheure, loin des 60 euros par MWh proposés par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

Le ministère de l’Économie et EDF s’étaient donnés six mois pour « tester » ce plan. La clause de révision, prévue fin juin, relance le débat en pleine élections législatives.

« Le gouvernement se rendait compte que cette régulation ne fonctionnait pas » assurent plusieurs sources proches.

Matignon était convaincu depuis de longs mois que ce n’était pas tenable. Elisabeth Borne s’y était déjà opposée. « Gabriel Attal s’est rendu compte que le coût politique des prix de l’énergie est trop élevé pour ne rien changer, ajoute un bon connaisseur de la question. Même Bercy s’interroge sur ce système qu’il a pourtant imposé.»

Baisse des prix pour les entreprises

Car l’option choisie tarde à faire ses preuves. Elle consiste à laisser EDF signer des contrats de long terme avec ses concurrents et entreprises. EDF n’a signé que quatre contrats majeurs avec l’usine ArcelorMittal de Dunkerque, ou celle de GravitHy à Fos-sur-mer pour sa production de fer. Selon nos informations, ils bénéficiaient de prix proches de 60 euros par MWh grâce à des contrats de dix ans.

Mais les constructeurs les plus énergivores exigent des prix plus bas. L’entreprise publique a également trouvé un accord avec 1.600 PME, à son prix de référence d’environ 70 euros le MWh. Il y a dix jours, Bruno Le Maire reconnaissait que ces premiers résultats n’étaient « pas suffisants » et qu’il fallait « rouvrir les négociations avec les entreprises ». EDF peine à cacher son embarras et justifie que « beaucoup d’opérateurs et d’entreprises alternatives attendent, en espérant que les prix continuent de baisser », estime un proche.

Contrats à prix fixe

Baisser les prix va devenir indispensable. De son côté, le Rassemblement national promet « un prix à la française » de l’électricité. L’an dernier, la France a obtenu de la Commission européenne l’autorisation de mettre en place des « contrats pour différence ». Un système de régulation qu’EDF a déjà testé sur ses EPR d’Hinkley Point en Grande-Bretagne. Il permet de vendre l’électricité à un prix stable déterminé à l’avance. « C’est une manière de fixer un prix en fonction des coûts de production » explique un spécialiste. Il pourrait ainsi descendre au niveau de 60 euros par MWh estimé par la CRE. « En supprimant le coût exceptionnel et énorme de Flamanville, on peut même se rapprocher de 55 euros », ajoute-t-il.

EDF n’a jamais privilégié ce système qui revient à laisser la fixation des prix entre les mains de l’État. Son PDG a obtenu ces contrats de long terme afin de gérer lui-même sa marge de manœuvre financière. Chez EDF, on souligne « ne pas avoir les moyens de tout faire, investir dans de nouveaux réacteurs nucléaires tout en baissant les prix ».

Lorsqu’il a fixé son prix de référence à 70 euros le MWh, Luc Rémont a souligné que ce niveau incluait quelques euros de marges nécessaires aux investissements dans les prochains EPR.

Pour relancer ce débat, le gouvernement devra s’appuyer sur la Commission de régulation de l’énergie, qui contrôle les coûts d’EDF et évalue le cadre économique du nucléaire en France. Or, le député Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy souhaite supprimer la Commission de régulation de l’énergie. Elle deviendrait « inutile », a-t-il déclaré au média Montel mi-juin.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business

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