« C’était le visage d’un évêque à part entière. Sa forme fine et longue, avec son profil aquilin, le faisait ressembler à un grand oiseau. Sa pensée était comparable à son physique : une hauteur de vision et un regard aigu et profond sur les choses et les gens. »se souvient le Père Arnaud Montoux, le dernier prêtre ordonné par Mgr. Georges Gilson, il y a vingt ans. L’ancien archevêque de Sens-Auxerre est décédé mercredi 27 novembre à l’âge de 95 ans.
L’un des derniers témoins du Concile Vatican II
Ses lunettes épaisses accentuaient son apparence intellectuelle. Et c’était certainement le cas. Né le 30 mai 1929 à Paris, Georges Gilson se forme au séminaire d’Issy-les-Moulineaux et à l’Institut catholique de Paris, avant d’être ordonné prêtre en 1957 pour le diocèse de Paris. Après deux années de licence en droit canonique à Rome, il exerce comme vicaire à Nanterre. Remarqué par l’archevêque de Paris, le cardinal Pierre Veuillot, il devient son secrétaire en 1965 et l’accompagne à Rome pour participer aux dernières sessions du concile Vatican II.
« Il fut l’un des derniers témoins du Concile, qui vécut intensément et qui n’avait jamais cessé d’y vivre.poursuit le Père Montoux, qui enseigne la théologie à l’Institut catholique de Paris. Il revient constamment sur la profondeur historique de cet événement, soulignant la richesse des réflexions qui ont produit ces textes fondamentaux pour l’Église, et qu’il encourage à relire et à réinterpréter.. »
En 1968, il est nommé secrétaire du cardinal François Marty, dont il est le « fils spirituel ». En 1976, il devient l’un des évêques auxiliaires de Paris. Il était chargé de rédiger le manuel de catéchèse Pierres vivantesqui n’a pas obtenu l’approbation du Vatican.
Un premier siège épiscopal au Mans, le deuxième à Auxerre
En 1981, Mgr. Gilson est nommé évêque du Mans. Il se fait vite aimer des Sarthois qui voient en lui à la fois un berger des champs – il a participé par exemple aux 24 Heures du Mans – et un homme de réflexion attentif aux enjeux de la modernité. Durant quinze ans il met de l’ordre dans les finances diocésaines, ouvre le Centre de l’Étoile, refonde les paroisses qui passent de 375 à 80, fait venir des frères de Saint-Jean à Mamers nommant et formant des laïcs… Le synode il La tenue lancée en 1988 a animé l’action et la vie du diocèse du Mans pendant plus de vingt ans.
En 1996 Jean-Paul II le nomme archevêque de Sens-Auxerre et prélat coadjuteur de la Mission française, un « diocèse sans territoire » créé en 1941, dont le siège symbolique est également situé dans l’Yonne, à l’abbaye de Pontigny. Ce choix confirme Monseigneur Gilson dans son attention à la question des ministères ordonnés.
« En tant que président de la Commission épiscopale des ministères ordonnéspuis il commente, Je vois une cohérence dans ce double appel : je suis envoyé vers les prêtres de la Mission française, avec leur dynamisme missionnaire, et vers un diocèse pauvre en prêtres. J’en suis très content : il y a un défi à relever. »
«L’évêque en recherche»
Pour cet homme travailleur et très sensible, l’administration devait suivre. Justement, Monseigneur Gilson était avant tout un sage de pratiques. Une décision prise doit être mise en œuvre immédiatement.
La revue catholique Goliath on l’a surnommé «l’évêque à la tête qui cherche»se souvient le Père Montoux. « Il considérait l’Église comme une chercheuse de Dieu, qui allait dans le monde pour le découvrir déjà à l’œuvre. »
Fin 2004, ayant atteint l’âge de 75 ans, Mgr. Gilson se retira de toutes ses fonctions pour retourner vivre à Paris. Il resta longtemps très actif, donnant des conférences, prêchant des retraites et exerçant un ministère de prière et d’apostolat au sein de l’Église-Maison Notre-Dame-de-Pentecôte de La Défense. Elle termine ses jours chez les Petites Sœurs des Pauvres, avenue de Breteuil à Paris.
“Tous les jours, témoigne le Père Montoux, qui l’avait revu récemment, il s’est assis à la table de travail pour écrire une méditation sur la parole de Dieu. Il y a exprimé ses réflexions, alimentées par le désir de trouver de nouvelles manières d’annoncer l’Évangile.»
Mgr Georges Gilson sera enterré dans la cathédrale de Sens. La date de ses funérailles n’a pas encore été décidée.