Le compositeur Serge Arcuri est mort

Le compositeur Serge Arcuri est mort
Le compositeur Serge Arcuri est mort

Le Centre de musique canadienne de Québec a annoncé jeudi après-midi le décès du compositeur Serge Arcuri des suites d’une longue maladie. Serge Arcuri venait d’avoir 70 ans, le 10 juin dernier.

L’un des grands compositeurs vivants du Québec ne terminera donc pas son Requiem, dont les regrets et la lumière de ceci resteront éternellement Lumière éternelle à six voix filmé en décembre 2020 par l’Ensemble Mirabilia dirigé par Myriam Leblanc et que l’on peut retrouver sur YouTube.

Ces sept minutes en disent long sur la richesse subtile de la poésie sonore de Serge Arcuri, à qui ses amis musiciens ont rendu hommage au Centre de musique canadienne (CMC) le 1est en mai dernier lors d’un concert intimiste qui Le devoir » avait commenté en évoquant « La grande solitude de Serge Arcuri ».

Il faut évidemment enrichir la découverte possible, sur YouTube, du compositeur par l’écoute de la monographie « Migrations », parue en CD chez Atma en 2011. Ce disque nous avait fait écrire à l’époque : « Serge Arcuri possède donc ce qui constitue l’essence d’un grand compositeur : un langage et un monde. En cela, il a l’étoffe pour devenir notre Einojuhani Rautavaara ou notre Peteris Vasks… en plus brut. »

Des regrets amers

Rien n’est venu contrecarrer cette impression, mais rien n’est venu non plus la renforcer puisque la plus grande difficulté pour un compositeur est de se faire entendre. On aurait pu avoir de l’espoir avec Les mouvements de l’âme, pour violon et orchestre, partition créée en 2013 par Andrew Wan et l’OSM sous la direction de Jacques Lacombe. Mais la commande portait sur une pièce pour violon dans un format convenu (le protocole était formaté en 10-15 minutes) ; bien mieux que rien, bien moins qu’un vrai concerto pour violon, même s’il est décrit ainsi.

La liste des œuvres d’Arcuri, mise à disposition par le CMC, montre que l’héritage du compositeur n’est pas pléthorique. On y trouve de nombreuses tentatives de confluence entre musique instrumentale acoustique et électronique ou sons enregistrés, très peu de pièces orchestrales (Agrégats à partir de 1979 et Bitter à partir de 1986, puis Les pierres du soleil de l’aube à la nuit de 2007). Lors du concert de mai, nous avons été très impressionnés par la Fragments pour piano seul choisi par Louise Bessette.

Élève de Gilles Tremblay au Conservatoire, Serge Arcuri remporte le Prix Sir Ernest MacMillan de la CAPAC (SOCAN) en 1981 pour Agrégats. En plus Migrationsle CD Atma de 2011, une autre monographie a été publiée en 1993 par Empreintes Digitales sous le titre Les méandres du rêve. Plus de deux œuvres sur trois de Serge Arcuri ne sont pas accessibles.

Dans un portrait, « Le chercheur d’âme », tissé par Le Devoir En 2013, Serge Arcuri, qui a également composé pour le théâtre, le cinéma et la télévision, révélait son admiration pour György Ligeti, Anton Webern et Edgard Varèse. Ce trio résume beaucoup de choses et la présence de Webern, maître du raffinement sonore dans une simplicité complexe, est cruciale.

Dans l’article, rédigé à l’époque par le philosophe Michel Seymour, on lit : « Il n’a pas de poste au Conservatoire ou à l’université, mais ne se sent pas ostracisé. La scène musicale québécoise est, selon lui, trop petite pour donner lieu à des querelles de clocher. » On ne saura jamais si la question était : « Si vous aviez un poste, pensez-vous que vous seriez joué à la hauteur de votre talent ? » Mais, comme on le lit plus loin : « Arcuri roule depuis trois décennies et plus rien ne l’étonne. » […] Sans déchanter, mais sans se faire d’illusions, il a appris au fil des années à « se réconcilier » avec cette difficile réalité. »

Destin cruel. Le manque est d’autant plus grand qu’on ne sait pas ce qu’on a raté et pourquoi !

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