Contrairement à la tradition récente, il n’y aura également que deux débats présidentiels cette année, contre trois habituellement (l’un des trois débats avait, bien sûr, été annulé en 2020, mais parce que Donald Trump avait alors contracté le Covid-19). La deuxième confrontation est prévue le 10 septembre. Les deux rendez-vous télévisés sont également programmés bien plus tôt qu’auparavant – les débats avaient habituellement lieu entre fin septembre et mi-octobre. La volonté est de prendre désormais en compte le vote anticipé qui, selon les États, peut débuter jusqu’à deux mois avant l’élection du 5 novembre. C’est aussi pourquoi on évoque les dates du 23 juillet ou du 13 août pour le débat supplémentaire entre les candidats à la vice-présidence – s’il a lieu.
Records d’audience
Dans ces conditions, l’exercice va-t-il passionner les foules ? Lors du précédent scrutin, la première des deux batailles entre Trump et Biden, le 29 septembre 2020, à Cleveland, avait enregistré le troisième meilleur score de l’histoire des débats présidentiels avec 73 millions de téléspectateurs – derrière le mémorable affrontement entre Jimmy Carter et Ronald Reagan de 1980 et, surtout, le premier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump. Le 26 septembre 2016, à New York, celui-ci avait battu tous les records d’audience avec 84 millions de téléspectateurs (sans compter ceux qui ont suivi l’événement en ligne ou dans les lieux publics). L’équipe de campagne de Joe Biden est confiante en promettant que sept électeurs sur dix seront devant leur écran.
Quel vice-président pour Donald Trump ?
Une aubaine pour CNN
Pour CNN, ce serait une aubaine. Elle s’est battue avec vigueur pour décrocher un événement grâce auquel elle espère redresser une courbe d’audience qui s’affaisse dramatiquement, dans un climat morose toujours marqué par le limogeage de son patron, Chris Licht, en juin 2023. Son successeur, l’ancien directeur général de la BBC Mark Thompson, a dit s’être inspiré pour le préparer du mythique débat de 1960 entre John F. Kennedy et Richard Nixon – celui qui a fait entrer la vie politique américaine dans l’ère de la télévision. Il peut compter sur deux modérateurs pour lui succéder : Dana Bash et Jake Tapper, analystes politiques stars de la chaîne qui jouissent d’une excellente réputation.
Le défi pour Bash et Tapper, qui n’ont jamais modéré un débat présidentiel, sera à la fois de susciter un échange substantiel et de le maintenir sur la bonne voie. La difficulté s’annonce d’autant plus grande qu’ils auront devant eux un Président qui souffre parfois d’absences et de confusion, et un ancien Président habitué à tenir des discours incohérents ou incompréhensibles.
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De l’absurdité à l’absurdité
Dans un article publié mercredi dans le « New York Times », Hillary Clinton souligne l’ampleur de la tâche en évoquant ses trois débats avec Donald Trump. « Il a déclenché une tempête d’interruptions, d’insultes et de mensonges qui ont submergé les modérateurs », se souvient-elle. «C’est une perte de temps d’essayer de réfuter les arguments de M. Trump comme on le ferait dans un débat normal. Il est presque impossible de savoir quels sont réellement ses arguments. Cela commence par des absurdités, puis s’égare dans des absurdités. Et, prévient l’ex-candidat, « cela n’a fait qu’empirer au fil des années ».
Pourtant, les sujets ne manqueront pas, de l’immigration à l’économie, en passant par les droits des femmes (celui de l’avortement, notamment) jusqu’à l’avenir de la démocratie américaine depuis l’assaut du Capitole et les tentatives de Donald Trump, soutenu par de nombreux élus républicains. responsables, à rejeter les résultats des élections de 2020. Ce qui rappelle, comme le souligne encore Hillary Clinton, qu’au-delà du spectacle proposé jeudi soir, les Américains sont appelés à « choisir un président, pas le meilleur acteur ».
