les deux questions que se posent le monde des affaires

les deux questions que se posent le monde des affaires
les deux questions que se posent le monde des affaires

Le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden aura lieu ce soir de jeudi à vendredi, heure européenne, sur CNN.

Jamais un débat électoral présidentiel n’a suscité autant d’inquiétude et de précaution de la part de la chaîne de télévision qui organise et retransmet l’événement. Tout a été planifié au millimètre près : pas de public, pas de décor, pas de commentaires en dehors des allocutions, et un timing digne d’une compétition olympique.

En temps normal, ce débat devrait attirer plus de 70 millions de téléspectateurs américains et entre 200 et 500 millions dans le monde, notamment en Amérique du Sud et en Europe.

Cela veut dire que cette élection inquiète et que les deux protagonistes intriguent. Ils intriguent par leur âge : 78 ans pour Trump et 82 ans pour Biden. C’est la première fois que les élections présidentielles voient s’affronter des personnalités aussi âgées. Leurs personnalités intriguent : très frimeuses d’un côté, trop old school de l’autre.

Pour de nombreux observateurs, ce duel marque l’appauvrissement de la classe politique américaine. La politique intéresse de moins en moins les jeunes diplômés qui préfèrent aller gagner de l’argent dans le privé plutôt que de tenter de faire carrière chez les républicains ou les démocrates. Même les vieilles traditions en vigueur dans les grandes familles américaines, qui réservaient un de leurs héritiers au service de la politique, disparaissent. Aux États-Unis comme ailleurs, la démocratie n’offre désormais que peu d’attrait aux élites.

Mais ce qui obsède le plus les milieux d’affaires internationaux, ce sont deux questions :

– D’un côté, ils veulent savoir pourquoi Donald Trump a encore autant de succès aujourd’hui malgré ses erreurs, ses excès et ses mensonges.

– D’un autre côté, ils veulent comprendre pourquoi le Parti démocrate n’a pas réussi à produire un successeur plus jeune à Joe Biden, au-delà du manque d’attractivité de la politique américaine.

Première question : pourquoi Donald Trump a-t-il encore autant de succès aujourd’hui qu’il est à nouveau favori dans les sondages ? L’explication des politologues a toujours porté sur le talent de Donald Trump pour comprendre la société américaine et savoir qu’il existe une partie importante de la classe moyenne américaine complètement dégradée par les effets de la mondialisation, et ce n’est pas faux, du moins au début. Le populisme est né d’une situation sociale difficile pour un bon tiers des Américains, particulièrement attentifs à toutes les promesses d’améliorations irréalisables, et Donald Trump n’a pas lésiné sur les promesses démagogiques : du social, de la lutte contre l’immigration et du protectionnisme, la recette a également été largement utilisé en Europe.

Cela étant dit, il existe une autre raison moins recevable. Il a promis la prospérité économique et financière, et il a tenu ses promesses en grande partie. D’abord, les aides d’un État providence se sont multipliées, les prêts immobiliers (plafond supprimé) ont permis aux Américains de reprendre leurs anciennes habitudes de vie à crédit (y compris les étudiants). Mais l’Amérique toute entière est convaincue que Donald Trump est le plus redoutable générateur d’argent.

C’est son image entretenue par les émissions de télévision et sa peopolisation dans les magazines, son goût pour tout ce qui est luxueux même si cela frise la vulgarité. Finalement, il a gagné pas mal d’argent même si Forbes ne le classe plus parmi les plus riches d’Amérique. Trump a toujours su montrer qu’il était riche. Avec cette image, les gens sentent qu’ils savent comment gagner de l’argent pour eux-mêmes et pour les autres. Il a les clés. Et les performances économiques des États-Unis sont florissantes. Joe Biden n’est pas revenu sur tout ce qui fonctionnait et qui avait été boosté par Trump. La Bourse est portée par un dynamisme historique depuis près de 8 ans. Le Dow Jones et le Nasdaq ont plus que doublé presque chaque année.

Résultat : les milieux financiers et tous les cadres qui travaillent dans cette sphère financière regorgent de plus-values, d’actions et d’actifs financiers en général, sans parler de l’immobilier. New York, les Hamptons regorgent d’argent. Mais hormis la classe sociale très investie dans le secteur financier, il faut savoir que tous les salariés américains ont leurs attentes en matière de retraite qui ont plus que doublé cette année. Les retraités eux-mêmes, qui vivent de leur pension par capitalisation, ont vu leur revenu doubler de nouveau au cours de la dernière année. De nombreux Américains sont devenus riches, de nombreux autres Américains sont convaincus que leurs stock-options les rendront riches et les retraités vivent bien. La grande majorité des Américains pensent que c’est à cause de Trump. Ils se boucheront le nez, mais ils admettent dans les sondages que Trump a trouvé la martingale. La vérité macroéconomique nous oblige à dire qu’une société financée à crédit, comme c’est le cas des États-Unis, ne peut durer que parce que le dollar est la monnaie mondiale. Il faudra un jour ou l’autre assainir le système américain. Mais ce jour sera un autre jour.

La deuxième question est de savoir pourquoi Joe Biden n’a pas trouvé de successeur. L’hypothèse de remettre en selle Kamala Harris, sa vice-présidente, ne semble plus d’actualité. A tel point que Kamala Harris a disparu des écrans radar de la presse politique. Elle est très discrète, mais on explique à la Maison Blanche qu’elle est prête au cas où Joe Biden aurait un accident. Ce qui est intéressant, c’est que des hommes d’affaires très influents auprès des démocrates laissent fuiter un scénario très différent qui leur permettrait d’éviter Kamala Harris. Ces milieux d’affaires auraient convaincu Barack Obama et Bill Clinton de se mettre en quête d’un candidat jeune et crédible qu’ils pourraient présenter et parrainer lors de la convention démocrate de septembre. Aucun nom sérieux n’a jusqu’ici circulé à l’exception d’un héritier de Kennedy, mais cette hypothèse semble mort-née. En revanche, les mêmes hommes d’affaires alliés de Barack Obama et de Bill Clinton auraient obtenu de Joe Biden son accord pour se retirer en douceur à une condition : qu’il lui soit épargné l’épreuve du bilan.

Pour information, de nombreux démocrates souhaiteraient que nous ne perturbions pas la politique économique actuelle. Cela montre que, dans une démocratie, si beaucoup de gens expliquent qu’ils votent selon leurs sentiments, leurs valeurs et leur morale, ces mêmes personnes hésitent rarement à voter contre leur portefeuille.

Mais c’est un peu ça en France aussi. Non ?

 
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