les piles stockées étaient-elles vraiment des déchets ?

les piles stockées étaient-elles vraiment des déchets ?
les piles stockées étaient-elles vraiment des déchets ?

Devant le tribunal administratif de Rouen, la société Bolloré Logistics et sa filiale Blue Solutions ont contesté, via une ordonnance de référé avec sursis, la légalité des ordonnances de mise en demeure du 7 octobre 2024 prises par la préfecture de Seine-Maritime à leur encontre. Il s’agit de l’incendie du 16 janvier 2023 qui a détruit 12 000 batteries au lithium dans un bâtiment de stockage loué par Bolloré Logistics à Grand-Couronne (ainsi que 70 000 pneus dans une cellule voisine).

3,2 millions d’euros pour l’enlèvement des déchets

Dans ces arrêtés, la préfecture considère que les batteries brûlées étaient considérées comme des déchets, et qu’à ce titre, elles n’auraient pas dû être stockées dans l’entrepôt, propriété de la SAS Highway Logistics, qui n’avait pas d’autorisation. Ces mises en demeure visent à faire participer Blue Solutions et Bolloré Logistics aux coûts de décontamination du site. Un coût estimé selon Me Christophe Rélu, un des avocats de Bolloré Logistics, à 3,2 millions d’euros pour l’enlèvement des déchets et entre 150 000 et 200 000 euros par mois pour les frais d’exploitation de la barrière hydraulique qui, par ailleurs, a été récemment démontée. «Il a été supprimé parce que Valgo (entreprise impliquée dans la dépollution) n’était plus payé »indique le représentant de la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

Piles stockées pendant quatre ans

Devant le tribunal administratif de Rouen, les avocats des deux sociétés ont tenté de démontrer que les batteries brûlées n’étaient pas des déchets. « Bolloré Logistics est une entreprise dont l’activité est de fournir de la logistique. Son rôle est de stocker les marchandises en transit. Elle n’a jamais eu l’intention de stocker des déchets. »a rappelé Me Pauline Leddet Troadec. « Il s’agit de batteries retournées par les clients et soumises à un examen préalable. Ceux stockés à Grand-Couronne étaient encore fonctionnels, il y avait une volonté de les réutiliser comme pièces détachées »soutient Me David Deharbe, avocat de Blue Solutions. Ce dernier affirmant que 97,5 % d’entre eux avaient encore une durée de vie de 1 000 cycles. « Ces batteries étaient considérées comme des déchets, elles nécessitaient des travauxs’est défendu le représentant de la Dreal, doutant de la réutilisation de ces batteries. Certains étaient stockés depuis quatre ans au moment de l’incendie. »

La chaleur intense a tout fait fondre dans la cellule 1. La dalle a été transpercée par le feu

La Dreal


Quant à l’impact environnemental et à la pollution des sols liée à l’infiltration du lithium lors de l’incendie, Me Pauline Leddet Troadec – affirmant que « le lithium n’est pas un élément problématique pour la santé » – a considéré que la faute incombe au propriétaire de l’immeuble Highway France Logistics. Selon elle, « le bâtiment n’était pas aux normes et la présence de lithium (dans les eaux) est dû à un manque d’étanchéité de la dalle béton de l’entrepôt ». « L’entrepôt était conforme avant l’incendiea rétorqué le représentant de la Dreal. La chaleur intense a tout fait fondre dans la cellule 1. La dalle a été transpercée par le feu. »

La décision du tribunal administratif concernant la suspension des deux ordonnances ne sera pas connue dans l’immédiat. A l’issue de l’audience, le juge a décidé de reporter la clôture de l’enquête au 29 novembre, le temps que les différentes parties puissent fournir des documents complémentaires.

 
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