“Attention! Il y a un monsieur qui est mort ici hier. »

“Attention! Il y a un monsieur qui est mort ici hier. »
“Attention! Il y a un monsieur qui est mort ici hier. »

« Il avait un beau pull en laine des Canadiens, avec un fermeture éclair cou, il nous a dit que ça faisait sourire toutes les dames de la résidence quand il l’enfilait », raconte Danielle la coiffeuse.

Il semblerait que M. Gilbert ait vécu ses derniers instants dans la bonne humeur. « Il était en pleine forme, on faisait des farces, on riait… Tout était là !

Jeudi matin, l’un des fils de la victime est venu saluer les employés du salon de coiffure, tentant de trouver un sens à l’indicible. « Il nous a dit ‘il est mort avec une très belle coupe de cheveux’ ». Les yeux de chacun s’éblouissent un peu lorsqu’ils racontent la scène.

Pour le propriétaire du salon de coiffure, le drame prend une odeur amère. Yannick Parent montre un courriel envoyé à la Ville en juillet dernier, exigeant qu’on agisse et qu’on installe un panneau d’arrêt à l’intersection. “Aucun enfant n’a été touché, mais cela viendra sûrement”, souligne-t-il dans le message qu’il a écrit.

Ironiquement, c’est un aîné qui était d’accord avec lui, déplore le coiffeur. Les autres coiffeurs sont du même avis, soulignant que les deux écoles voisines ne laissent aucun doute sur l’urgence d’intervenir. «Nous entendons tout le temps les pneus crisser», affirment-ils.

C’est au salon de coiffure Studio Garbo, à deux pas du carrefour qu’il allait tenter de traverser une dernière fois, que M. Gilbert a vécu ses derniers instants. (Sébastien Houle/Le Nouvelliste)

Au coin de la rue, Madame Mercier la brigadière veille sur son carrefour avec une vigilance maternelle. Les signaux clignotants activés à l’aide d’un bouton n’ont pas toujours l’effet dissuasif souhaité. « Il semble que nous se moquer ceux qui s’arrêteront, puis ceux qui ne s’arrêteront pas », explique l’employé communal.

Elle raconte qu’il y a à peine 24 heures, M. Gilbert semblait en pleine maîtrise de ses capacités en sortant du salon de coiffure. Il monta dans son quatre-roues et s’engagea dans l’intersection longeant le passage piéton. La voiture arrivée à ses côtés n’a jamais ralenti – une information corroborée par la Sûreté du Québec, qui enquête sur l’événement.

Ce qui se passe ensuite est une série de détails macabres que le brigadier essaie de chasser de son esprit. «Je n’ai pas vraiment dormi de la nuit», murmure-t-elle.

Jeudi, Mme Mercier a songé un instant à être remplacée. “Mais je me suis dit que je devais faire face à la musique.” Chaque enfant qu’elle accueillait dans la journée était rappelé à l’ordre. “Attention! Il y a un monsieur qui est mort ici hier en traversant.

Sur l’avenue des Cèdres, qui passe devant la mairie, qui remonte vers le Centre Auto Gervais, l’avenue de la Transmission, puis le quartier Saint-Marc, l’apparition de certains trahit un empressement non empreint de civisme.

« Parfois j’ai des visions, je vois un tapis avec des clous qui sortent de la traverse quand j’appuie sur le bouton », ironise le brigadier.

Un enfant arrive en courant de l’école Immaculée-Conception, à deux pas du carrefour. Bienveillante et autoritaire à la fois, Madame Mercier l’appelle par son prénom. “Attendez! Attendez! Je vais vous faire traverser… »

 
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