l’essentiel
Rafael Nadal (38 ans) a officiellement pris sa retraite depuis mardi 19 novembre. L’extraordinaire carrière du majorquin dans le tennis international a débuté aux Petits As de Tarbes, le plus prestigieux tournoi des moins de 14 ans qu’il a remporté en 2000. L’occasion pour le co- fondateur et co-directeur du tournoi, pour évoquer ses souvenirs avec le jeune Rafa.
Rafael Nadal a tiré sa révérence mardi, en larmes après un dernier match de Coupe Davis perdu, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Jean-Claude KNAEBEL : Personnellement, devant ma télé, j’étais très ému. On ne le reverra plus et ça fait quelque chose… Son corps est meurtri après tant d’années, on a vu qu’il était plus lent dans ses courses latérales, son lasso de coup droit, il a dû en faire cinq ou six… Et comme ci-contre, il y avait un bon joueur (Botic Van de Zandschulp), ça y est, c’est fini.
Quels souvenirs garde-t-il du petit garçon qu’il était à Tarbes ?
Rafa, chez Petits As, est notre préféré. Nous avons tout de suite croisé un gamin très attachant, très bien élevé, toujours avec le sourire et une combativité sur le court. Chez nous, il fait partie de la légende. Il a gagné en 2000 et l’année précédente, il avait perdu contre Richard Gasquet en quarts de finale. Un match qui reste pour la postérité car c’est la seule fois où Rafa a été battu par Richard (18-0 en faveur de l’Espagnol sur le circuit pro, NDLR).
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Je me souviens qu’à l’époque, Rafael était venu avec son oncle Toni, qui était déjà quelqu’un dans le monde du tennis. Physiquement, Rafael était plus grand, plus développé que Gasquet. Mais de là à savoir qu’il allait faire une telle carrière… Avec Michael Chang et Martina Hingis, il fait partie de ceux qui ont contribué à la notoriété de notre tournoi.
En 2006 Rafael Nadal revient à Tarbes, comment avez-vous réussi à le convaincre ?
On avait réussi un coup terrible (sourire). Il remporte son premier Roland-Garros en 2005, et en janvier 2006, alors qu’il est numéro 2 mondial (et forfait pour l’Open d’Australie en raison d’une blessure au pied, NDLR), il vient disputer un match d’exhibition contre Fabrice Santoro. Le Parc des Expositions de Tarbes était plein à craquer ! C’est grâce à un agent que je connaissais bien, Régis Brunet, que nous avons pu réaliser l’opération. Il m’a dit : « ne t’inquiète pas, je vais voir ce que je peux faire ». On aurait aimé que Rafa puisse revenir une autre fois, mais après, ça a pris une telle ampleur qu’on ne pouvait plus se le permettre économiquement. En 2006, on jouait sur la corde sensible, sur le souvenir de ses deux participations, il connaissait le tournoi, il n’était « qu’ » à un Roland, donc c’était accessible.
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Dans quel contexte l’avez-vous revu depuis ?
Nous l’avons rencontré deux fois porte d’Auteuil, mais en plein tournoi, nous avons échangé quelques mots. Et nous ne voulions pas le déranger de toute façon. Mais l’année dernière, en mai, nous étions en vacances à Majorque avec ma femme Claudine et un couple d’amis bénévoles aux Petits As. Nous voulions lui rendre visite à Manacor, mais vraiment sans chercher à le contacter personnellement. en amont. Nous sommes allés à Manacor, chez lui, à son académie de tennis en nous disant : “dommage, si on ne le voit pas, au pire, on visitera son académie et son musée”. nous a dit que ça ne devrait pas tarder.
A son arrivée, Rafa a tout de suite baissé la vitre de sa voiture, il nous a reconnu avec notre petite brochure Petits As 2000. Nous avions porté un petit quelque chose pour son fils, une combinaison brodée du logo « Petits As ». », et je lui ai dit : « Rafa, tenemos un regalo (nous avons un cadeau) ». Il sourit en répondant : « Para mi ? Mais c’était bien sûr pour Rafa Jr. Nous avons pu assister à son entraînement sur son terrain personnel, puis nous nous sommes éclipsés pour le laisser tranquille au bout de 30 minutes. Ça a frappé très fort, mais ça ne servait plus à rien à cause de sa blessure à la hanche. Ensuite nous avons visité son musée. Il y a eu les 14 trophées de Roland-Garros et tous ses autres Grands Chelems bien sûr, mais ce qui nous a rendu extrêmement fiers, c’est de voir qu’il y avait avant tout sa coupe des Petits As. Nous avons été émus de voir que cela aurait pu compter pour lui aussi.
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Comment voyez-vous l’avenir pour lui ?
Au-delà de son immense talent, c’est un type bien, un homme extraordinaire. Je ne sais pas ce que lui réserve son avenir, mais il a des qualités humaines indéniables pour prendre des responsabilités, pourquoi pas au sein de la fédération espagnole… Ça fait vraiment quelque chose de le voir arrêter. Je ne pense pas aller trop loin en disant que gagner 14 Roland-Garros, personne ne pourra plus jamais recommencer.