Grégory Testa30 ans, résident de Lacroix-Saint-Ouendoit répondre d’une série de trois faits distinctscontre son partenaire. Elle l’accuse d’avoir suivi en voiture sur une trentaine de kilomètres, samedi 9 novembre. Elle dénonce également un gifler le 8 mai et une menace avec une arme à feu le 29 octobre.
Il devait comparaître devant le tribunal avec un aveu préalable de culpabilité, mais il est présenté en comparution immédiate Jeudi 14 novembre, suite aux faits présumés de harcèlement.
A la barre, il conteste « certains faits ».
“J’ai pris une gifle, je lui ai rendu”
Le 8 mai 2024, son épouse se présente au commissariat. Elle l’accuse d’une gifle alors qu’elle voulait aller au restaurant. « Nous sommes séparés, mais il vit toujours avec moi », explique-t-elle. Nous avons un enfant de cinq ans. Il a quitté la maison, puis il est revenu… Mais il n’y a plus rien entre nous. Elle veut qu’il quitte la maison.
Il y a bien eu une dispute, dit-il : « C’était à cause de cette sortie imprévue. Et je voulais qu’elle me parle différemment. Il la repoussa avec deux doigts sur la bouche, pour l’encourager à se taire. « J’ai évité une gifle puis j’en ai pris une. Je le lui ai rendu. Elle a heurté le mur.
“Je n’ai aucun problème à garder ma fille”, explique-t-il à la barre. L’argument est dû au manque de respect. Je souhaite être informé de ses sorties. De cette façon, je peux anticiper. Et les doigts sur la bouche ? « Si nous vous le faisons, le prendrez-vous bien ? » demande le président. « Non » répond-il.
« Vous auriez le droit de porter plainte lorsque la dame vous frappe », intervient le procureur. «C’est la mère de ma fille», répond-il.
“Ma femme fait tout pour me faire tomber”, a-t-il déclaré à la police. Je ne veux pas me séparer. Ce logement est proche de mon travail. Je ne veux pas perdre cette situation stable.
“Je ne l’ai jamais menacée avec cette fausse arme”
Le 29 octobre, le partenaire s’était déjà rendu à la gendarmerie. « Mon mari a une arme à la maison. Il le met sous les escaliers. Il m’a pointé du doigt avec. Mais je n’ai pas peur de lui. A la barre, il répond : « Il n’y a jamais eu de violence avec cette arme. C’est une fausse arme.
Le président intervient : « Madame est censée vous le dire quand elle sort au restaurant, mais vous ne lui dites pas quand vous rapportez une fausse arme… » « Je voulais mettre ça dans un cadre », dit-il. J’ai toujours eu des armes en Guadeloupe. Mais là, avec ma fille, j’ai préféré le cacher. Et je n’avais aucune envie d’effrayer ma femme.
“Tu veux me tuer?”
Sous contrôle judiciaire suite à cet épisode, il a dû quitter le domicile et s’est vu interdire de la contacter. Le 10 novembre, sa femme s’est rendue au commissariat pour dire qu’il l’avait appelée quatre fois en appels cachés et qu’il l’avait ensuite suivie en voiture. Elle parle d’une course-poursuite.
« Ce soir-là, j’étais avec un ami dans la voiture. Je ne voulais pas rentrer chez moi tant que mon voisin pouvait me voir en présence d’un autre, sachant qu’il est ami avec son mari. Alors qu’elle se gare dans un parking Auchan, elle aperçoit son mari arriver en voiture. Elle démarre mais il la suit. “Tu veux me tuer?” lui a-t-elle dit au téléphone. «Je veux juste savoir qui est dans la voiture avec toi», répond-il.
«Je suis allé chercher de l’essence chez Leclerc et j’ai vu qu’elle était avec quelqu’un», explique-t-il à la barre. Je voulais prouver qu’elle avait porté plainte parce qu’elle avait quelqu’un d’autre. C’était pour me mettre dehors.
“Je voulais prouver qu’elle voyait quelqu’un”
Il reconnaît l’avoir mise en danger lors de cette soirée dont il retrace. « J’étais avec mes voisins (on ne m’interdisait pas de venir à Lacroix). Nous regardions le match au café. Je leur ai demandé de faire passer le message que je voulais voir ma fille… »
« Et quand tu l’as vue sur le parking, pourquoi n’es-tu pas parti ? le tribunal le blâme. Nous vous avons dit de ne pas l’approcher. “Je me sentais bête, je voulais prendre une photo…” explique-t-il. « La course continue longtemps ! Trente kilomètres ! », rappelle le procureur.
Il a ensuite regagné son hôtel du Compiégnois, même s’il avait assuré à la justice qu’il vivrait en région parisienne.
«J’aimerais savoir qui est cet homme…»
Le tribunal évoque le couple en difficulté. « Elle te parle d’une pause. C’est définitivement une séparation pour elle. « C’est ce qu’elle vous dit », corrige-t-il. En tout cas, aujourd’hui j’ai compris que c’était fini. Et c’est aussi ma volonté. Son avocat affirme qu’il entamera une procédure de divorce et quittera son domicile.
La personne qui se trouvait dans la voiture a témoigné de manière anonyme. « Elle aurait peur de vous », lui a dit le juge. Pour quelles raisons ? «Je ne sais pas si cette personne a peur», poursuit le prévenu. Je ne sais pas qui c’est. C’est peut-être quelqu’un que je connais. J’aimerais savoir qui c’est… »
Il travaille comme conducteur de poids lourds. Son patron lui maintient sa confiance. Le dossier du prévenu est vierge.
“Cette course-poursuite m’étonne” dit le procureur
Le procureur décrit un couple au passé chaotique. « Ce geste du doigt à la bouche est pour le moins humiliant. Elle est soumise à la présence chez elle d’un homme, qui possède une arme. Et il y a cette course-poursuite qui m’étonne. C’est qualifié de harcèlement mais c’est incroyablement violent. Madame a du caractère mais elle a dû avoir peur.
Quant à la gifle, « ce n’est pas de la légitime défense ».
Elle nécessite dix-huit mois, dont douze mois avec sursis de deux ans.
« Les propos de Madame sont les seuls éléments du dossier contre mon client »
Maître Sabine Thoma-Brunières défend Grégory Testu : « Les propos de Madame sont les seuls éléments que vous possédez dans ce dossier. Elle est absente à l’audience et elle a refusé toute confrontation, même si elle n’a jamais eu peur de monsieur. Elle a même dit à la police de ne pas émettre d’ordre d’interdiction de contact lorsqu’elle venait signaler l’arme. Oui, ils n’ont pas la même vision des choses. Madame parle de séparation depuis 2018, alors même que c’est l’année du mariage. Il a été reporté à 2021. »
L’avocat mentionne le bail aux deux noms. « Madame dit qu’il doit sortir de la maison. Il existe une procédure simple, le divorce. Elle n’a rien fait de sa part.
“Elle n’arrête pas de dire qu’elle n’a pas peur de lui.”
Concernant la claque. « Il dit : ‘Je suis insulté, insulté. J’ai mis deux doigts sur sa bouche pour la faire arrêter. Il a raison de l’empêcher de lui parler ainsi. D’autant qu’on lui reproche aussi d’accepter l’inacceptable. Madame peut partir en vacances plusieurs jours et après, il faudrait s’organiser sans rien dire. Elle dit : « il m’a approché mais je ne le laisserai pas faire ». Je ne comprends pas la violence qu’elle dénonce. Dans sa déclaration, elle dit de lui qu’il « est gentil, que c’est une crème »… Je vais vous raconter le contexte dans lequel s’est déroulée cette gifle, la seule. Il a subi des violences ce jour-là.
Elle plaide pour la libération pour la menace avec la fausse arme. “C’est la parole d’une personne contre l’autre.”
Pour la chasse : « Nous le poursuivons pour harcèlement, mais nous n’avons rien. Il faudrait que les conditions de vie de l’épouse soient dégradées. Cependant, elle ne cesse de répéter qu’elle n’a pas peur de lui. Il l’a croisée par hasard alors qu’il allait faire le plein d’essence. Dans son esprit, il s’agissait de prendre une photo pour prouver qu’elle n’est pas honnête.
Relâché pour arme, il a été reconnu coupable de mise en danger d’un conducteur de véhicule et de gifles. Il a été condamné à dix mois de prison avec sursis. Il lui est interdit de contacter la victime et de se présenter à son domicile pendant dix-huit mois.