La guerre en Ukraine se prolonge. Cependant, l’accélération du soutien de l’administration Biden avant l’arrivée au pouvoir de Trump et l’épuisement relatif des belligérants soulèvent des questions sur l’avenir du conflit. Sur le terrain, les conséquences humaines et matérielles sont désastreuses et durables. Quelle est la situation militaire actuelle ? Comment les systèmes politiques russe et ukrainien s’adaptent-ils à la guerre ? Quelles sont les positions russes et ukrainiennes concernant l’ouverture d’éventuelles négociations de paix ?
L’autorisation américaine, un tournant dans le conflit ?
L’historien Guillaume Lasconjarias souligne que l’autorisation américaine, annoncée dimanche 17 novembre, d’utiliser ses missiles ATAKMS contre des cibles sur le territoire russe marque un tournant stratégique pour l’Ukraine : «Ces systèmes ont une portée plus longue et peuvent frapper profondément en territoire russe, permettant ainsi des frappes de précision à longue portée.« Il semble toutefois nécessaire d’atténuer l’impact immédiat de cette décision. En effet, la Russie s’est en partie adaptée à ce type de menace, même si, symboliquement, cela montre que l’Ukraine n’est plus dans une position exclusivement défensive, notamment après son incursion sur le territoire de la région de Koursk. Malgré les avertissements russes et les conséquences potentielles du montant de l’aide des pays européens et nord-américains, Guillaume Lasconjarias souligne qu’il s’agit de représailles, Moscou n’a pour l’instant pas dépassé l’ordre de la menace : »Au cours des mille derniers jours, chaque nouvelle aide militaire occidentale a fait craindre une réponse brutale de la Russie, mais ces menaces restent largement rhétoriques.“
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Les belligérants font face à une guerre de longue durée
En 2014, lors de l’annexion de la Crimée et de l’invasion plus ou moins déguisée du Donbass, la Russie s’est appuyée sur la possibilité d’un abandon par l’Occident, au profit d’une approche purement symbolique et diplomatique. En 2022, Moscou a planifié sa stratégie d’effondrement rapide de l’Ukraine pour mettre ses partisans, dont la France, devant le fait accompli. Cette guerre longue et difficile est expliquée par Anna Colin-Lebedev, qui décrit l’épuisement des ressources russes : «Cette guerre a un coût très élevé pour l’armée russe et pour ceux au pouvoir. Le nombre de victimes augmente, ce qui limite la capacité d’intervention. On estime que entre 150 000 et 200 000 Russes ont perdu la vie au combat, contre 60 000 Ukrainiens.« La présence nord-coréenne, représentée par un corps expéditionnaire de plus de 10 000 hommes, est commentée par Guillaume Lasconjarias : »On sait que les soldats nord-coréens sont au nombre d’environ quinze mille, mais leur capacité militaire réelle reste incertaine. La Corée du Nord n’est plus en conflit depuis 1953. Qui sera aux commandes ? Les officiers coréens russophones sont rares, et ceux du côté russe le sont encore moins.“
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Quelles demandes de paix pour les Ukrainiens ?
L’élection de Donald Trump, qui a promis de mettre fin au conflit « d’ici quelques jours », et sa possible collusion avec la Russie suscitent des inquiétudes quant à l’issue du conflit et aux conditions de paix qui pourraient être négociées. Dans ce contexte, la chercheuse Anna Colin-Lebedev résume les attentes de la société ukrainienne : «Toute discussion doit garantir la souveraineté de l’Ukraine et satisfaire les intérêts ukrainiens. Pour les Ukrainiens, il est absolument inacceptable de laisser des territoires comme Zaporizhia et Kherson sous une occupation violente et meurtrière.« La démilitarisation, qui pourrait être nécessaire, est fermement rejetée : »Pour les Ukrainiens, la démilitarisation de l’Ukraine représenterait clairement une autorisation explicite donnée à la Russie d’occuper le territoire.“Enfin, pour le chercheur, le point chaud des négociations pourrait aussi concerner la question de la Crimée :”Ce territoire fut russifié pendant dix ans, mais les Ukrainiens développèrent une politique de chômage des institutions remodelées par Moscou.“
En Ukraine, la société civile mobilisée mais épuisée
Si la résistance de l’Ukraine à l’invasion russe de janvier 2022 est due à son armée, une résistance à long terme est possible grâce à l’aide financière et militaire de ses alliés et à la mobilisation de la société civile ukrainienne. Ce dernier phénomène est décrit par Anna Colin-Lebedev : «Les Ukrainiens organisent largement leur défense de base, collectant des fonds, construisant des drones et entraînant des civils et des soldats.« Cette dynamique reflète cependant un problème entre les besoins militaires et les attentes des citoyens : »L’armée ukrainienne se trouve aujourd’hui en tension entre la nécessité d’avoir plus d’hommes au front et la demande d’une armée plus respectueuse des droits des citoyens.« Guillaume Lasconjarias met cela en perspective avec les systèmes politiques et leur réaction face à une situation de guerre : »C’est ainsi qu’une démocratie fait la guerre à une autocratie.“
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