« Eau, réglementation incendie, recours… Construire est un parcours du combattant, mais on ne résoudra pas le problème du logement sans construire », prévient Arnaud Dunoyé, vice-président de la Fédération des promoteurs du bâtiment. Construire la ville au-dessus de la ville, c’est bien, mais encore faut-il que la population soit d’accord. Sans acceptation de leur part, les projets peuvent être bloqués pendant des mois, voire des années. »
Jean-René Etchegaray confirme cette tendance. Et le président de l’Agglomération Pays Basque d’ajouter que « cela devient tout aussi difficile pour la politique » : « Densifier ne suffira pas. Nous devons bâtir sur de nouveaux espaces. » Et l’édile dresse ce constat terrifiant pour le dynamisme économique local : « 80 % de la production de logements sur notre territoire ne s’adresse pas aux habitants du Pays Basque. »
C’est pourquoi le maire de Bayonne n’entend pas hésiter à décevoir s’il faut anticiper, voire exproprier pour construire la ville de demain : « C’est la condition pour créer des logements sociaux. » Reste à trouver des repreneurs, car « à une crise d’offre », il y a aujourd’hui « une crise de demande liée notamment aux taux bancaires », estime Arnaud Dunoyé. Et qui dit crise dit cercle vicieux : « Chez Bouygues Immobilier par exemple (dont il est directeur du secteur Côte Basque – Landes, NDLR), il y a eu un plan de départs volontaires. »
Divers outils
« C’est toute la chaîne qui en souffre », insiste-t-il. Architectes, constructeurs, artisans, bureaux d’études, etc. » Il faut dire que les nouvelles constructions ont été « réduites de plus de moitié » sur le territoire. “Il est important que cette crise ne dure pas trop longtemps”, espère Cyril Cury, le directeur institutionnel de la banque Arkea. En attendant, il soutient qu’il faut « s’adapter au marché et à ses évolutions ». Arkea a notamment financé dix opérations de location réelle et conjointe (1) au cours des cinq dernières années.
Du BRS à l’encadrement des loyers (effectif au Pays basque à partir du 25 novembre, à titre expérimental), en passant par le prêt à taux zéro, la loi Echaniz-Le Meur ou la réglementation locale d’indemnisation (2), Jean-René Etchegaray pense que le l’ajout d’outils est essentiel : « La politique du logement ne peut pas faire de pause. » Et le maire de Bayonne a savouré les premiers effets de l’indemnisation.
«Revenu sur le marché»
« De 2016 à 2020, nous avons enregistré une augmentation de 160 % des meublés de tourisme. Notre règlement d’indemnisation, jugé trop drastique, a mis un terme à cette hémorragie. Nous en verrons tous les effets au 1er mars 2026. Mais déjà, 250 à 300 logements ont été remis sur le marché, selon le mode du bail mixte (3). »
Jean-René Etchegaray rappelle que la part du revenu moyen consacrée au logement atteint généralement 30 à 32 %, « alors qu’ici elle est de près de 40 % ».
(1) Le BRS dissocie les murs et le sol. Le terrain est loué à un organisme foncier solidaire par l’acquéreur, à bas prix et sur une longue durée. Seul le coût du bâtiment est pris en charge, afin de réduire l’investissement.
(2) Il consiste à « compenser » les meublés de tourisme en transformant des locaux non destinés à un usage d’habitation en logements (bureau, commerce).
(3) Neuf mois de location aux étudiants, trois mois aux touristes.