« Je me demande ce qu’aurait pensé mon père de mes reprises », confie David Hallyday qui sort un album hommage à Johnny

« Je me demande ce qu’aurait pensé mon père de mes reprises », confie David Hallyday qui sort un album hommage à Johnny
« Je me demande ce qu’aurait pensé mon père de mes reprises », confie David Hallyday qui sort un album hommage à Johnny

David Hallyday a 57 ans. C’est-à-dire, à quelques mois près, l’âge de son père lorsqu’ils travaillèrent ensemble sur Sang pour sang, sorti en 1999 et le plus grand succès commercial de Johnny. Ce vendredi, l’artiste livre Requiem pour un imbécile, un album concept composé de nouvelles versions, aux orchestrations entièrement repensées, de chansons de leurs deux répertoires. “Ça m’a amusé, j’y ai vu un défi musical qui m’a permis de continuer à raconter l’histoire que nous avons commencé à raconter ensemble”, explique David Hallyday à 20 minutes. L’idée de ce projet lui est venue en 2002. « En écrivant mon autobiographie, Meilleur album, publié l’année dernière, m’a ramené à des souvenirs d’écriture avec lui. J’ai recommencé à écouter des chansons et je me suis dit que ça pourrait être intéressant de reprendre le thème de Sang pour sang, en transmission, et de le mélanger avec les chansons de mon père que j’écoutais étant enfant ainsi qu’avec mes propres chansons. » Le choix s’est fait avec « l’émotion » comme premier critère. Dix-neuf chansons ont été sélectionnées, qui seront au menu d’une tournée de plus d’une centaine de dates, annoncée comme spectaculaire, dans laquelle David Hallyday se lancera le 2 novembre. 20 minutes lui a demandé de parler en détail d’une poignée de ces titres.

Requiem pour un imbécile

Ce titre est sorti en 1976. J’avais 10 ans. Je me souviens l’avoir entendu répéter à travers les murs. C’est une des chansons qui fait partie de mon ADN. La beauté et la puissance de cette chanson m’ont toujours fait quelque chose. Je pensais que c’était la bonne carte de visite pour l’album et la tournée. Le visuel que j’ai choisi pour l’enregistrement me rappelle un de mes films préférés, Le Fantôme du Paradis [réalisé par Brian De Palma et sorti en 1974]. Cela m’a choqué quand je l’ai découvert. Je n’avais pas le droit de le voir et j’ai enfreint les règles en faisant jouer la VHS de mon père. J’ai été marqué à vie par le côté théâtral, le fait de vendre son âme au diable, ce genre de torture que subit le protagoniste en musique. C’est terriblement cruel. Je n’étais pas prête à cet âge-là à ranger toutes ces choses, ça me bouleversait. Requiem pour un imbécile ça me rappelle un peu ça.

Le texte de cette chanson, dans laquelle un homme justifie le féminicide qu’il vient de commettre en affirmant avoir agi parce qu’il était « fou amoureux », est régulièrement pointé du doigt, d’autant plus que l’opinion publique a été sensibilisée à la question du genre. violences basées sur la violence sexuelle…

Je comprends tout à fait cela. Pour moi qui ai vécu toute ma vie avec cette chanson, je ne la perçois pas comme ça. Je connais très bien mon père. C’est une chanson d’amour extrêmement violente qu’on pouvait raconter dans les années 1970 et qu’on ne raconte plus aujourd’hui car, avec la société hyperviolente qu’on a bâtie, on ne parle plus de la même chose. Les fans de mon père adorent cette chanson et la voient, je pense, comme un film et non comme une réalité.

Mirador

Quand mon père a entendu ma chanson D’avoir et de tenir, qui figurait sur mon premier album, en anglais, sorti en 1990, il m’a dit qu’il aimerait l’adapter en français. Etienne Roda-Gil a écrit le texte et il est devenu Mirador. Sur Requiem pour un imbécileJe voulais le faire en anglais et en français.

Était-ce évident pour vous que votre père ait repris votre chanson ?

J’étais jeune et je trouvais ça cool, en fait. J’ai été honoré. Mais il ne m’était jamais venu à l’esprit qu’un jour il me demanderait de composer pour lui. Je vivais à l’époque aux Etats-Unis, c’est là que j’ai appris la musique et commencé ma carrière. J’avais une autre vie, je tournais avec mon groupe de rock. Je n’ai jamais été du genre à planifier les choses, je prends toujours les choses comme elles viennent.

Sang pour sang

C’est la chanson qui a demandé le plus de travail pour ce projet. Nous l’avons tellement chanté ensemble que je me suis dit « Pourquoi ne pas proposer une version en duo ? » J’avais commencé à revisiter le titre seul. Il y avait une certaine émotion, mais ce n’était pas comme si nous jouions ensemble. On ne s’appuie pas sur les mêmes choses. Quand j’ai mis la voix de mon père sur la production avec ma voix que j’avais enregistrée seule, il y avait quelque chose qui n’allait pas. Tout le monde autour de moi trouvait ça génial, mais quelque chose me dérangeait et je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Le problème venait de mon interprétation. Il fallait que je le chante dans des conditions « réelles ». C’est à dire que j’ai refait mes parties de chant avec lui dans mes écouteurs. Je suis content de l’avoir fait parce que ce n’est pas du tout la même chose et cela m’a ramené au moment où nous l’avons chanté ensemble.

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« Sang pour sang », c’est aussi le titre de l’album que vous avez écrit et composé pour votre père et qui fut son plus grand succès. Aviez-vous pensé à une telle boîte ?

Je n’ai pas travaillé sur cet album en pensant que ça allait forcément marcher. Après, je ne suis pas fou, j’espérais que ça serait un succès et je savais que quand mon père sortait un disque, ça marchait en général. Lors de l’écriture et de la composition, je ne me suis pas posé trop de questions, je me suis dit que c’était génial de mener ce projet avec mon père. Il y avait aussi tout ce qui tournait autour de la musique, c’est-à-dire les moments d’intimité vécus avec lui. Nous n’avons jamais passé autant de temps ensemble que durant cette période. Je suis très fier d’avoir pu mettre mon grain de sel dans ce qui a été l’album le plus vendu de sa carrière.

Avez-vous par la suite envisagé de refaire un album ensemble ?

Oui. Il m’a assez vite demandé de refaire un album et, dans ce que j’appelle un acte d’enthousiasme, j’ai dit oui, alors j’ai commencé à composer des chansons. J’en ai fait cinq et j’ai arrêté parce que je pensais que c’était exagéré, je n’étais pas sûr. On avait vraiment réalisé quelque chose de très fort, pourquoi refaire la même chose ? Je voulais qu’il n’y ait qu’une seule référence de mon travail pour lui, sous la forme d’un album complet. Je lui ai dit que j’étais prêt à écrire plus de chansons, mais pas un disque complet. C’était mon choix à l’époque, je ne le regrette pas. Non pas que je pense que nous n’aurions pas pu faire quelque chose de bien, mais il valait mieux s’en tenir à une seule grande chose. Parfois dans la vie, nous vivons un moment de grâce et nous ne le percevons pas sur le moment. On ne sait pas pourquoi les planètes s’alignent, c’est la magie de la vie et c’est bien qu’on ne puisse pas reproduire ça tout le temps.

Qu’est-il arrivé aux cinq chansons que vous avez créées ?

Je les ai retrouvés il y a deux ans sur un disque dur perdu dans un carton de studio. Parmi eux se trouvaient notamment Le plus heureux des hommes que j’ai sorti en single, car il méritait de voir le jour. C’est un thème que j’aurais aimé aborder sur ce projet d’album abandonné. Sang pour sang on parlait beaucoup de transmission, de relation père-fils. Alors pour le reste, j’aurais aimé qu’il parle d’autre chose, en l’occurrence, il s’agit d’un homme qui perd confiance en l’amour, en lui-même, en la vie. Quelque chose qui lui est arrivé et qui nous arrive probablement à tous à un moment donné.

Tu ne m’as pas laissé le temps

A l’époque où mon père avait du succès avec Sang pour sang, ma chanson Tu ne m’as pas laissé le temps a également été un succès. C’est une chose folle, merveilleuse à vivre. Ce furent trois ou quatre années folles. Ensuite, j’ai évolué et mon père aussi. Pour le projet Requiem pour un imbécile, j’ai fait trois ou quatre versions de cette chanson, très différentes. Deux d’entre eux étaient intéressants en termes de réalisation mais on a perdu en émotion. C’est compliqué de retravailler un titre pendant des jours et des jours, d’arriver à quelque chose et de se rendre compte que ça ne suffit pas. Je préfère donc repartir de zéro. Alors je l’ai fait trois ou quatre fois, peu avant de terminer l’album. Je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas mettre Tu ne m’as pas laissé le temps. Ce qui s’est passé avec ce titre est une exception : en général, en réécoutant les morceaux, j’avais une idée très précise de ce que je voulais faire, les choses résonnaient en les réécoutant.

Laura

Quand nous sommes nés, nous avions tous droit à notre chanson. Celui-ci est magnifique. C’est énorme de travailler dessus. Pour ma soeur [l’actrice Laura Smet], c’est quelque chose de très important, qui la touche énormément, donc c’est aussi important pour moi. Je voulais particulièrement remporter ce titre, la rendre fière. Je lui ai joué une version qui n’était pas encore terminée…

Comment votre sœur Laura perçoit-elle votre travail ?

Je ne sais pas. Nous n’en avons jamais discuté. On ne parle jamais vraiment de nos métiers respectifs. On peut parler de séries, de films, de disques, se demander si on a vu ou écouté telle ou telle chose, mais c’est tout. Quand vous faites de la musique 24 heures sur 24, vous aimez aussi parler d’autres choses. Elle aussi, c’est pareil avec le cinéma. Alors on parle de la vie en général, on rigole. Je ne sais donc pas comment répondre à cette question.

A-t-elle aimé votre version de « Laura » ?

Elle avait une petite larme à l’œil, alors j’ose imaginer que ça lui a plu. Elle a réalisé un des plus beaux extraits d’une de mes chansons, Ma dernière lettre. C’était un moment très compliqué pour nous deux. [il s’agit d’un titre hommage à leur père]. On a collaboré sur des projets, elle a chanté avec moi On a peur [en 2010] qui fonctionnait très bien à l’époque. Nous n’avons pas encore joué ensemble mais qui sait, il est encore temps.

Oh ! Ma jolie Sarah

A la base, je suis batteur et j’ai toujours aimé le rythme de cette chanson. Quand j’étais enfant, je jouais à Led Zep et…Ma jolie Sarah. Je l’ai d’ailleurs joué de nombreuses fois en concert avec lui, donc c’était important pour moi de le refaire sur ce projet. Je me demande beaucoup ce qu’aurait pensé mon père de mes nouvelles versions. C’est un sentiment qui me trotte dans la tête depuis que j’ai démarré le projet. Ce n’était pas un obstacle mais un énorme stimulant.

 
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