Ce samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé vouloir mettre fin à la guerre dans son pays en 2025. Dans le même temps, les États-Unis donnaient leur feu vert à Kiev pour frapper la Russie avec ses missiles ATACMS à longue portée. Pendant ce temps, les troupes russes poursuivent leur avancée dans l’est de l’Ukraine et Donald Trump va revenir à la Maison Blanche. La guerre est-elle désormais proche de son épilogue ? Éléments de réponse.
Volodymyr Zelenskyj change de ton. Après avoir longtemps insisté sur le retrait russe du territoire comme condition sine qua non à une éventuelle négociation, il semble désormais abandonner et affirme que son pays « fera tout ce qui est en son pouvoir » pour mettre fin à la guerre par la voie diplomatique l’année prochaine. Un message à l’attention de ses citoyens, de ses alliés mais aussi de Donald Trump, estime l’expert Frans Osinga. « Non seulement Zelensky ne ferme aucune porte et s’épargne ainsi les critiques de son peuple et de ses alliés, mais il envoie en même temps un message à Donald Trump : l’Ukraine ne peut pas être tenue à l’écart des négociations », souligne-t-il. Lors de l’entretien téléphonique avec le futur président des États-Unis, Zelensky a également fait preuve d’un certain optimisme : il n’a perçu aucune intention hostile envers les ambitions ukrainiennes dans le discours du républicain.
« Trump devra faire le travail »
A quelques semaines de la fin de son mandat, Joe Biden aurait pris une grande décision et aurait enfin autorisé les troupes ukrainiennes à utiliser des missiles américains longue portée ATACMS pour frapper le territoire russe, dans la région de Koursk. Un feu vert inattendu, pas encore officialisé, alors que Kiev perd du terrain sur le champ de bataille. Une manière de changer la donne sur le front mais aussi de rééquilibrer les forces en vue d’éventuelles négociations, dans l’espoir de pouvoir contester les prétentions de Moscou dans les zones occupées. Quoi qu’il en soit, l’Ukraine ne veut pas traiter « seule » avec la Russie pour mettre fin à la guerre. Une telle position ne servirait probablement à rien. Jeudi dernier, la chaîne américaine Fox News annonçait que Donald Trump nommerait « bientôt » un représentant spécial pour les négociations russo-ukrainiennes. A ce stade, les États-Unis apparaissent comme la seule puissance capable d’apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine. « Trump devra donc faire son travail », commente Frans Osinga.
Les ressources russes s’épuisent
Si l’Ukraine obtient des avancées majeures sur la Russie, l’expert, ancien commandant de l’armée de l’air, souligne qu’un cessez-le-feu sera également bénéfique pour la Russie. En effet, l’armée perd de nombreux soldats pour chaque kilomètre gagné, ainsi que du matériel militaire et des véhicules blindés. «La Russie risque d’être confrontée à de graves problèmes si elle persiste à poursuivre les combats avec la même intensité et si, dans le même temps, l’Occident continue de soutenir l’Ukraine. Poutine a donc probablement lancé l’offensive dans le Donbass (est de l’Ukraine, ndlr) dans le but de conquérir le plus de territoire possible et d’accumuler les arguments avant de s’asseoir à la table des négociations pour tenter de parvenir à une trêve”, ajoute Frans Osinga. En revanche, Zelenskyj doit faire face à l’impopularité croissante de la guerre sur ses terres : la population est désormais légèrement favorable (55%) à une cession d’une partie du territoire si la concession parvient à mettre fin au conflit. , selon les données officielles du KIIS, l’institut ukrainien de référence.
« Nouvelle réalité politique »
« Volodymyr Zelenskyj est confronté à une nouvelle réalité politique : le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. À première vue, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Ukraine, en raison de sa volonté de mettre fin rapidement à la guerre, mais Donald Trump a encore de nombreux avantages », commente l’expert russe Hans van Koningsbrugge. Elle pourrait en effet décider de fournir davantage d’armes à l’Ukraine et de continuer à la soutenir financièrement, tout en augmentant la production pétrolière américaine pour maintenir la pression sur Vladimir Poutine. «On ne sait toutefois pas exactement dans quelle mesure Kiev et Moscou sont disposés à coopérer. L’issue du processus diplomatique reste donc imprévisible », conclut-il.
Source : https://www.7sur7.be/