L’endroit est calme. Une végétation luxuriante entoure les écuries. Des espaces lounge ont été aménagés. Partout, de petits objets, un cœur en bois, des bougies dans un vase, un vieux poste à transistors, insufflent un sentiment d’intimité qui inciterait au bien-être, sans ce détail surprenant : une fausse plaque de rue, « boulevard PTSD » (trouble de stress post-traumatique, « troubles dus au stress post-traumatiques »), postés entre les boxes à chevaux.
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Depuis des mois, le « ranch de Danny », à trente kilomètres au sud de Tel-Aviv, à Sitria, accueille des centaines de soldats israéliens revenant de Gaza, traumatisés par la guerre, la plus longue et la plus sanglante jamais menée par Israël en représailles au massacre du 7 octobre 2023. commis par les commandos du Hamas en territoire juif.
Plusieurs fois par semaine, ces soldats suivent ici des séances de thérapie, collectives et individuelles, pour tenter de se libérer des images cauchemardesques qui les hantent. Certains viennent seuls, mais beaucoup sont de plus en plus envoyés par leurs supérieurs. Mi-octobre, le général Eyal Zamir, directeur général du ministère de la Défense, qui finance en partie les programmes de réhabilitation, est venu visiter les lieux. Les chevaux font partie du processus de traitement. Ils rassurent.
Ce jour-là, aux abords de l’arène extérieure, une demi-douzaine d’hommes discutent autour d’une grande table ronde sur laquelle trône un fusil d’assaut. L’un porte un uniforme militaire, un autre, portant un t-shirt blanc et une casquette rabattue sur la tête, était l’un des soldats qui ont identifié le corps de Yahya Sinouar, le chef du Hamas, tué par une patrouille israélienne dans le sud de le pays. Bande de Gaza, 17 octobre.
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Comme la plupart de ses pairs, il a choisi de s’enfuir. Adi reste. A la condition expresse de ne pas prononcer son nom de famille, il accepte de se confier à lui-même. « Nous sommes des monstres pour vous, n’est-ce pas ? Également dans de nombreux autres pays, entre autres…”commence, avant de s’arrêter. Cherchez ses mots.
« Une cage sous le feu »
A 43 ans, ce réserviste – en Israël tout soldat est affecté dans une unité de réserve à la fin de son service militaire jusqu’à 51 ans, pour des périodes plus ou moins longues – a été envoyé à Gaza dans les heures qui ont suivi le 7 octobre. « Je commandais une unité chargée, en première ligne, d’ouvrir les routes avec des bulldozers et d’aider les chars, c’était comme être dans une cage sous le feu… » Nouvelle pause. «Ils [les Palestiniens] nous n’avons pas d’uniformes, nous ne savons pas qui est l’ennemi, la tension était très forte, nous ne nous sommes pas reposés, nous n’avons pas mangé”continue avec difficulté. En décembre 2023, à Chadjaya, un quartier de la ville de Gaza rasé par les forces israéliennes au prix de centaines de morts, Adi a été blessé par un tir de roquette. Deux semaines plus tard, il est renvoyé à Khan Younes, au sud de l’enclave, où l’armée vient d’entrer.
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